Название: Quentin Durward
Автор: Вальтер Скотт
Издательство: Public Domain
Жанр: Историческая фантастика
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Comme on peut supposer que notre ami Quentin désirait en apprendre un peu plus sur sa belle voisine, la propriétaire du luth et du voile; comme on peut supposer du moins qu'il prenait quelque intérêt à savoir si ce n'était point par hasard cette même jeune personne qu'il avait vue servir maître Pierre avec tant d'humilité, on doit bien présumer qu'il ne se mit point la moitié du corps hors de la fenêtre, la bouche ouverte et les yeux pétillans de curiosité. Durward connaissait mieux l'art de prendre les oiseaux. Se cachant avec soin derrière la muraille, il avança la tête avec précaution, et se contenta de regarder à travers les barreaux d'une jalousie: ce fut à tous ces soins réunis que ses yeux durent le plaisir de voir un joli bras, blanc de lis et fait au tour, prendre l'instrument suspendu; et au bout de quelques momens ses oreilles partagèrent la récompense de son adroite manœuvre.
L'habitante de la petite tourelle, la propriétaire du luth et du voile, chanta précisément un petit air tel que ceux que nous supposons généralement que chantaient les grandes dames du temps de la chevalerie, tandis que les chevaliers et les troubadours les écoutaient en soupirant. Les paroles n'avaient pas assez de sentiment, d'esprit et d'imagination pour détourner l'attention de la musique, et la musique n'était pas assez savante pour empêcher, d'écouter les paroles. Le poète et le musicien semblaient si nécessaires l'un à l'autre, que si l'on avait lu la chanson sans accompagnement, ou qu'on eût joué l'air sur un instrument sans lui prêter le secours de la voix, les vers et les notes auraient perdu tout leur mérite. Peut-être avons-nous tort de conserver ici une chanson qui n'a été faite ni pour être lue ni pour être récitée, mais seulement pour être chantée. Ces lambeaux d'ancienne poésie ont toujours eu des attraits pour nous; et comme l'air est perdu pour toujours, à moins qu'il n'arrive que Bishop[30] en retrouve les notes, ou que quelque rossignol apprenne à Stephens[31] à les gazouiller, nous courons le risque de compromettre notre goût et celui de la dame au luth, en insérant ici des vers dans lesquels on ne trouve qu'une simplicité sans ornement.
Comte Guy, l'heure est arrivée:
L'astre du jour a quitté l'horizon.
Fleur d'oranger embaume le vallon;
Sur l'Océan la brise s'est levée;
à chanter son amour
L'alouette a passé le jour,
Et près de sa compagne en paix attend l'aurore:
L'oiseau, le vent, la fleur
Connaissent l'instant du bonheur,
Pourquoi donc, comte Guy, ne viens-tu pas encore?
La villageoise, sous l'ombrage,
De son amant écoute la leçon:
Le chevalier vient au pied d'un balcon
Chanter sa dame et son doux esclavage.
L'étoile du berger,
D'amour fidèle messager, éclipse tous les feux dont le ciel se décore:
On voit grands et petits à son influence soumis,
Pourquoi donc, comte Guy, ne viens-tu pas encore?
Quoi que le lecteur puisse penser de cette chanson si simple, elle produisit un effet puissant sur Quentin, lorsqu'il l'entendit chanter par une voix douce et mélodieuse dont les accens se mariaient aux soupirs d'un doux zéphyr qui apportait jusqu'à la fenêtre les parfums des fleurs du jardin. Le visage de celle qui chantait ne pouvait être reconnu qu'imparfaitement; ce qui jetait sur cette scène comme un charme mystérieux.
à la fin du second couplet, Durward ne put s'empêcher de se montrer un peu plus à découvert, en faisant une tentative pour mieux voir la sirène qui l'enchantait. La musique cessa à l'instant; la fenêtre se ferma, un rideau fut tiré, et l'on mit fin par-là aux observations du voisin de la seconde tourelle.
Quentin fut aussi mortifié que surpris des suites de sa précipitation; mais il se consola par l'espoir que la dame au luth n'abandonnerait pas si facilement un instrument dont elle jouait si bien, et qu'elle ne serait pas assez cruelle pour se priver de l'air pur et du plaisir d'ouvrir sa croisée, dans l'intention peu généreuse de jouir seule des doux sons de sa voix: peut-être même qu'un peu de vanité personnelle vint se mêler à ces réflexions consolantes. Si, comme il le soupçonnait, l'habitante de la tourelle voisine était une belle demoiselle à longs cheveux noirs, il ne pouvait s'empêcher de croire qu'un jeune cavalier, beau, bien fait, plein de feu et de vivacité, occupait la seconde; et les romans, ces sages instituteurs de la jeunesse, lui avaient appris que si les demoiselles étaient timides et réservées, elles étaient également assez curieuses de connaître les affaires de leurs voisins, et y prenaient quelquefois intérêt.
Tandis que Quentin faisait ces réflexions, un garçon de l'auberge vint l'informer qu'un cavalier demandait à lui parler.
CHAPITRE V.
L'Homme d'armes
«Barbu comme un chat-pard, jurant comme un démon,
«Et prêt à défier la bouche d'un canon
«Pour cette bulle d'air qu'on appelle la gloire»
LE cavalier qui attendait Quentin Durward dans l'appartement où il avait déjeuné, était un de ceux dont Louis XI avait dit depuis long-temps qu'ils tenaient entre leurs mains la fortune de la France, parce que c'était à eux qu'il avait confié la garde de sa personne royale.
Ce corps célèbre, qu'on nommait les archers de la garde écossaise, avait été formé par Charles VI, avec plus de raison qu'on ne peut en alléguer généralement pour entourer le trône d'une troupe de soldats mercenaires. Les dissensions qui avaient arraché à ce monarque plus de la moitié de son royaume, et la fidélité douteuse et chancelante de la noblesse qui défendait encore sa cause, rendaient imprudent et impolitique de confier à ses sujets le soin de sa sûreté personnelle. Les Écossais étaient les ennemis héréditaires de l'Angleterre, les anciens amis, et, à ce qu'il semblait, les alliés naturels de la France. Ils étaient pauvres, courageux et fidèles. La population surabondante de l'écosse, le pays de l'Europe qui voyait partir le plus grand nombre de hardis aventuriers, fournissait toujours de quoi ruter leurs rangs. Leurs prétentions à une antique noblesse leur donnaient en outre le droit d'approcher de la personne d'un monarque de plus près que toute autre troupe, tandis que leur petit nombre empêchait qu'ils ne pussent se mutiner, et s'ériger en maîtres là où ils devaient obéir.
D'une autre part, les monarques français s'étaient fait une politique de se concilier l'affection de ce corps d'élite, СКАЧАТЬ
30
Compositeur anglais,
31
Miss Stephens, cantatrice distinguée, que nous avons entendu louer par madame Pasta; elle est appelée le Rossignol de Covent-Garden dans le