Название: Quentin Durward
Автор: Вальтер Скотт
Издательство: Public Domain
Жанр: Историческая фантастика
isbn:
isbn:
– Et comment le nommez-vous? Je vous le ferai chercher; car il ne serait pas prudent à vous de monter au château. On pourrait vous prendre pour un espion.
– Par la main de mon père! me prendre pour un espion! Celui qui oserait me donner un nom pareil sentirait le froid du fer que je porte. Quant au nom de mon oncle, je n'ai nulle raison pour le cacher. Il se nomme Lesly. C'est un nom noble et honorable.
– Je n'en doute nullement; mais il se trouve dans la garde écossaise trois personnes qui le portent.
– Mon oncle se nomme Ludovic Lesly.
– Mais parmi les trois Lesly, deux portent le nom de Ludovic.
– On surnommait mon parent Ludovic à la cicatrice; car nos noms de famille sont si communs en écosse, que, lorsqu'on n'a pas de terre dont on puisse prendre le nom pour se distinguer, on porte toujours un sobriquet.
– Un nom de guerre, vous voulez dire? Mais je vois que le Lesly dont vous parlez est celui que nous surnommons le Balafré, à cause de la cicatrice qu'il porte sur la figure. C'est un brave homme et un bon soldat. Je désire pouvoir vous faciliter une entrevue avec lui, car il appartient à un corps dont les devoirs sont stricts, et ceux qui le composent sortent rarement du château, à moins que ce ne soit pour escorter la personne du roi. Et maintenant, jeune homme, répondez à une question. Je parie que vous désirez entrer, comme votre oncle, dans la garde écossaise. Si tel est votre projet, il est un peu hardi, d'autant plus que vous êtes fort jeune, et que l'expérience de quelques années est nécessaire pour remplir les hautes fonctions auxquelles vous aspirez.
– Il est possible que j'aie eu quelque idée semblable, mais, si cela est, la fantaisie en est passée.
– Que voulez-vous dire, jeune homme? Parlez-vous avec ce ton de légèreté d'une garde dans laquelle les plus nobles de vos compatriotes sont jaloux d'être admis?
– Je leur en fais mon compliment. Pour parler franchement, j'aurais assez aimé à entrer au service du roi Louis; mais malgré les beaux habits et la bonne paie, je préfère le grand air à ces cages de fer qu'on voit là-haut; à ces nids d'hirondelles, comme vous appelez ces espèces de boîtes à poivre. D'ailleurs, je vous avouerai que je n'aime pas un château dans les environs dusquel on voit croître des chênes qui portent des glands semblables à celui que j'aperçois.
– Je devine ce que vous voulez dire, mais expliquez-vous plus clairement.
– Soit. Regardez ce gros chêne qui est à quelques portées de flèche du château: ne voyez-vous pas pendu à une branche de cet arbre un homme en jaquette grise pareille à la mienne?
– C'est ma foi vrai! Pâques-Dieu! voyez ce que c'est que d'avoir des yeux jeunes! J'apercevais bien quelque chose, mais je croyais que c'était un corbeau perché dans les branches. Au surplus, ce spectacle n'a rien de nouveau jeune homme: quand l'été fera place à l'automne, qu'il y aura de longs clairs de lune, et que les routes deviendront peu sûres, vous verrez accrochés à ce même chêne des groupes de dix et même de vingt glands semblables. Mais qu'importe? chacun d'eux sert d'épouvantail pour effrayer les coquins; et pour chaque drôle qui est suspendu de cette manière, l'honnête homme peut compter qu'il y a en France un brigand, un traître, un voleur de grand chemin, un pillard ou un oppresseur de moins. Vous devez y reconnaître, jeune homme, des preuves de la justice de notre souverain.
– Cela peut être; mais si j'étais le roi Louis, je les ferais pendre un peu plus loin de mon palais. Dans mon pays nous suspendons des corbeaux morts dans les endroits fréquentés par les corbeaux vivans, mais non pas dans nos jardins ou, dans nos pigeonniers. L'odeur de ce cadavre… Fi! je crois la sentir à la distance où nous en sommes.
– Si vous vivez assez pour devenir un honnête et loyal serviteur de notre prince, mon bon jeune homme, vous apprendrez qu'il n'y a pas de parfum qui vaille l'odeur d'un traître mort.
– Je ne désirerai jamais vivre assez long-temps pour perdre l'odorat et la vue. Montrez-moi un traître vivant, et voilà mon bras, et mon épée; quand il est mort, ma haine ne peut lui survivre. Mais je crois que nous arrivons au village; et j'espère vous y prouver que ni le bain que j'ai pris, ni le dégoût que j'ai éprouvé, ne m'ont ôté l'appétit pour déjeuner. Ainsi, mon bon ami, à l'hôtellerie et par le plus court chemin. – Cependant, un moment: avant de recevoir de vous l'hospitalité, dites-moi quel est votre nom?
– On me nomme maître Pierre. Je ne suis pas marchand de titres; je suis un homme tout uni, qui ai de quoi vivre de mon bien; voilà comment on m'appelle.
– Maître Pierre, soit! dit Quentin, – je suis charmé qu'un heureux hasard nous ai fait faire connaissance; car j'ai besoin de quelques mots de bon avis, et je sais en être reconnaissant.
Tandis qu'ils parlaient ainsi, la tour de l'église et un grand crucifix de bois qui s'élevait au-dessus des arbres leur annonçaient qu'ils étaient à l'entrée du village.
Mais maître Pierre se détournant un peu du chemin, qui venait d'aboutir à une grande route, lui dit que l'auberge où il avait dessein de le conduire était dans un endroit un peu écarté, et qu'on n'y recevait que des voyageurs de la meilleure espèce.
– Si vous désignez par-là ceux qui voyagent avec la bourse la mieux garnie, dit le jeune Écossais, je ne suis pas de ce nombre, et j'aime autant avoir affaire à vos escorcheurs de la grande route qu'à ceux de votre hôtellerie.
– Pâques-Dieu! comme vous êtes prudens, vous autres Écossais! Un Anglais se jette tout droit dans une taverne, boit et mange tout ce qu'il y trouve de mieux, et ne songe à l'écot que lorsqu'il a le ventre plein. Mais vous oubliez, maître Quentin, puisque Quentin est votre nom, vous oubliez que je vous dois un déjeuner pour le bain que ma méprise vous a valu; c'est la pénitence de mon tort a votre égard.
– En vérité, j'avais oublié le bain, le tort et la pénitence; car mes vêtemens se sont séchés sur moi, ou à peu près, en marchant. Cependant je ne refuserai pas votre offre obligeante; car j'ai dîné hier fort légèrement, et je n'ai pas soupé. Vous semblez être un vieux bourgeois respectable, et je ne vois pas pourquoi je n'accepterais pas votre courtoisie.
Le Français sourit à part lui; car il voyait clairement que son jeune compagnon, quoique presque mourant de faim selon toute apparence, avait quelque peine à se faire à l'idée de déjeuner aux dépens d'un étranger, et qu'il s'efforçait de réduire son orgueil au silence, par la réflexion, que, lorsqu'il s'agissait d'obligations si légères, celui qui consentait à en être redevable montrait autant de complaisance que celui qui faisait la politesse.
Cependant ils entrèrent dans une avenue étroite ombragée par de beaux ormes, au bout de laquelle une grande porte les conduisit dans la cour d'une auberge plus vaste qu'une auberge n'est ordinairement, et destinée au logement des nobles et des courtisans qui avaient quelque affaire au château voisin, où il était rare que Louis XI accordât un appartement à qui que ce fût de sa cour, excepté en cas de nécessité absolue. Un écusson portant les fleurs de lis ornait la principale porte d'un grand bâtiment irrégulier: mais, ni dans la cour, ni dans la maison, on ne remarquait cet air actif, empressé, par lequel les garçons et domestiques d'un semblable établissement annonçaient alors le nombre de leurs hôtes et la multitude de leurs occupations: il semblait que le caractère sombre et insociable du château royal situé dans le voisinage avait communiqué une partie du sérieux glacial et mélancolique qui y régnait, à une maison destinée à être le temple de la gaieté, du plaisir et de la bonne chère.
Maître СКАЧАТЬ