Название: Quentin Durward
Автор: Вальтер Скотт
Издательство: Public Domain
Жанр: Историческая фантастика
isbn:
isbn:
André répondit par un signe de tête affirmatif.
– Mais prends bien garde, continua le Balafré, qu'aucun de ces chaînons ne trouve le chemin d'un cabaret avant que le moine y ait touché; car si cela t'arrive j'userai sur ton dos tant de sangles et de courroies qu'il ne te restera pas plus de peau qu'à saint Barthélémy. Attends, je vois que tu couves des yeux ce flacon de vin, eh bien! tu ne partiras pas sans y avoir goûté.
À ces mots il lui en versa une rasade, et le coutelier, après avoir bu, partit pour exécuter ses ordres.
– Et maintenant, mon neveu; dites-moi ce que vous devîntes dans cette fâcheuse affaire.
– Je combattis avec ceux qui étaient plus âgés et plus vigoureux que moi, jusqu'à ce qu'ils eussent tous succombé, et je reçus une cruelle blessure.
– Pas pire que celle que je reçus il y a dix ans, à ce qu'il me semble. Regardez cette cicatrice. Jamais la lame d'un Ogilvie n'a creusé un sillon si profond.
– Ceux qu'ils creusèrent en cette occasion ne l'étaient que trop, répondît Durward douloureusement; mais ils finirent par se lasser du carnage, et quand on remarqua qu'il me restait un souffle de vie, ma mère obtint, à force de prières, qu'on ne me le ravirait pas. Un savant moine d'Aberbrothock[33] qui était par hasard au château lors de l'attaque, et qui pensa périr lui-même dans la mêlée, obtint la permission de bander ma blessure, et de me faire transporter en lieu de sûreté; mais ce ne fut que sur la parole que ma mère et lui donnèrent que je me ferais moine.
– Moine! s'écria son oncle, par saint André! c'est ce qui ne m'est jamais arrivé. Personne, depuis mon enfance jusqu'à ce jour, n'a seulement rêvé de me faire moine. Et cependant j'en suis surpris quand j'y pense; car excepté la lecture et l'écriture, que je n'ai jamais pu apprendre; la psalmodie, qui m'a toujours été insupportable; le costume, qui rend les bons pères semblables à des fous et à des mendians, Notre-Dame me pardonne! (ici il fit un signe de croix) et leurs jeûnes, qui ne conviennent pas à mon appétit, je ne vois pas ce qui m'aurait manqué pour faire un aussi bon moine que mon petit compère de Saint-Martin. Mais, je ne sais pas pourquoi, personne ne me l'a jamais proposé. Ainsi donc, beau neveu, vous deviez être moine! Et pourquoi, s'il vous plaît?
– Pour que la maison de mon père s'éteignît dans le cloître ou dans la tombe.
– Je vois, je comprends; rusés coquins! oui, très-rusés! Ils auraient pu se tromper dans leurs calculs pourtant; car, voyez-vous, beau neveu, je me souviens du chanoine Robersart, qui avait prononcé ses vœux, et qui sortit ensuite du cloître et devint capitaine de troupes franches. Il avait une maîtresse, la plus jolie fille que j'aie jamais vue, et trois enfans charmans. Il ne faut pas se fier aux moines, beau neveu; il ne faut pas s'y fier. Ils peuvent devenir soldats et pères quand vous vous y attendez le moins. Mais continuez votre histoire.
– J'ai peu de choses à y ajouter, si ce n'est que, regardant ma pauvre mère comme en quelque sorte responsable pour moi, je pris l'habit de novice, je me soumis aux règles du cloître, et j'appris même à lire et à écrire.
– À lire et à écrire! s'écria-t-il; je ne puis le croire; – jamais un Durward, que je sache, ne put écrire son nom, et un Lesly pas davantage. C'est du moins ce que je puis garantir pour un de ces derniers; je ne suis pas plus en état d'écrire que de voler dans les airs. Mais au nom de saint Louis, comment vous ont-ils appris tout cela?
– Ce qui me paraissait d'abord difficile, est devenu plus aisé avec le temps. Ma blessure et la grande perte de sang qui en avait été la suite m'avaient affaibli; je désirais faire plaisir à mon libérateur, le père Pierre, de sorte que je m'appliquai de bon cœur à ma tâche; mais après avoir langui plusieurs mois, ma bonne mère mourut; et comme ma santé était alors parfaitement rétablie, je communiquai à mon bienfaiteur, qui était le sous-prieur du couvent, ma répugnance à prononcer les vœux, il fut alors décidé entre nous que, puisque ma vocation ne m'appelait pas au cloître, j'irais chercher fortune dans le monde; mais que, pour mettre le sous-prieur à l'abri du courroux des Ogilvies, mon départ aurait l'air d'une fuite: pour y donner plus de vraisemblance, j'emportai avec moi un faucon de l'abbé; mais je reçus une permission régulière de départ, écrite et signée par lui, comme je puis en justifier.
– Voilà qui est bien! parfaitement bien. Notre roi s'inquiétera fort peu que tu aies volé un faucon; mais il a en horreur tout ce qui ressemble à un moine qui a jeté le froc aux orties. Et je présume que le trésor que tu portes avec toi ne te gêne pas pour marcher?
– Seulement quelques pièces d'argent, bel oncle; car je dois être franc avec vous.
– Diable! c'est là le pire! Mais, quoique je ne fasse jamais de grandes épargnes sur ma paie, parce que, dans ces temps dangereux, ce serait être mal avisé de garder beaucoup d'argent sur soi, j'ai toujours quelque bijou en or que je porte pour l'ornement de ma personne, une chaîne, par exemple, parce qu'au besoin on peut en détacher quelques chaînons. Mais vous me demanderez, beau neveu, comment je puis me procurer des babioles de cette espèce, ajouta le Balafré en secouant sa chaîne d'un air de triomphe; on ne les trouve pas suspendues à tous les buissons; elles ne croissent pas dans les champs comme ces graines de narcisse avec lesquelles les enfans font des colliers; mais vous pouvez en gagner de semblables de la même manière que j'ai gagné celle-ci, au service du bon roi de France, où il y a toujours une fortune à trouver, pourvu qu'on ait l'esprit de la chercher. Il ne s'agit pour cela que de risquer sa vie ou ses membres.
– J'ai entendu dire, répondit Quentin, qui voulait éviter de prendre une détermination avant d'être mieux instruit, que le duc de Bourgogne tient un plus grand état de maison que le roi de France, et qu'il y a plus d'honneur à gagner sous ses bannières; qu'on y frappe d'estoc et de taille, et qu'on y voit de hauts faits d'armes; tandis que le roi très-chrétien n'emploie pour gagner ses victoires que la langue de ses ambassadeurs.
– Vous parlez comme un jeune insensé, beau neveu; et pourtant je crois que lors de mon arrivée ici j'étais aussi simple que vous. Je ne pouvais me représenter un roi que comme un homme assis sous un dais magnifique, faisant bonne chère avec ses grands vassaux et ses paladins, se nourrissant de blanc-manger, avec une grande couronne d'or sur le front, ou chargeant à la tête de ses troupes, comme Charlemagne dans les romans, ou comme Robert Bruce et William Wallace dans notre histoire. Mais un mot à l'oreille, mon garçon. Ce n'est là que l'image de la lune dans un seau: c'est la politique, la politique qui fait tout. Notre roi a trouvé le secret de se battre avec les épées des autres, et de prendre dans leur bourse de quoi payer ses soldats. Ah! jamais prince plus sage n'endossa la pourpre. Et cependant il n'en use guère, car je le vois souvent plus simplement vêtu qu'il ne me conviendrait de l'être.
– Mais vous ne répondez pas à mon objection, bel oncle. Puisqu'il faut que je serve en pays étranger, je voudrais servir quelque part où une action d'éclat, si j'avais le bonheur d'en faire une, pût me faire distinguer.
– Je vous comprends, beau neveu, je vous comprends assez bien; mais vous n'êtes pas mûr pour cette sorte d'affaire. Le duc de Bourgogne est une tête chaude, un homme impétueux, un cœur doublé de fer: il charge à la tête de ses nobles et de ses chevaliers de l'Artois et du Hainault; pensez-vous que, si vous étiez là ou que j'y fusse moi-même, nous СКАЧАТЬ
33
La même abbaye est mentionnée dans