Œuvres complètes de lord Byron, Tome 7. George Gordon Byron
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СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      Pas plus celui-ci que les autres: tous sont les enfans de l'occasion. Mais, sortons: – allons à la recherche de l'esclave, ou préparons-nous à expier dans les tortures sa folle passion, et à subir, innocens, le supplice des criminels.

(Ils sortent. – Entrent Salemènes, soldats, etc.)SALEMÈNES

      Le triomphe est beau: ils sont repoussés loin du palais; et nous avons ouvert un facile accès aux troupes stationnées de l'autre côté de l'Euphrate, qui peut-être demeurent encore fidèles. Et puis elles doivent l'être, grâce à la nouvelle de notre victoire; mais le chef des vainqueurs, le roi, où est-il?

(Entre Sardanapale avec les siens, etc., et Mirrha.)SARDANAPALE

      Me voici, mon frère.

SALEMÈNES

      Sain et sauf, je l'espère.

SARDANAPALE

      Non, pas tout-à-fait; mais passons: nous avons nettoyé le palais-

SALEMÈNES

      Et la ville, je l'espère. Notre nombre s'accroît; et j'ai donné ordre à une nuée de Parthes réservés jusqu'à présent, tous impatiens et dispos, de les poursuivre dans leur retraite, qui bientôt sera une fuite.

SARDANAPALE

      Elle est déjà telle, du moins ils marchent plus rapidement que je ne pouvais les suivre, moi et mes Bactriens, qui cependant n'y mettaient pas de lenteur. Mais je suis fatigué: donnez-moi un siége.

SALEMÈNES

      Dans cette place est précisément le trône, sire.

SARDANAPALE

      Ce n'est pas un point de repos, pour l'esprit ni pour le corps: qu'on me procure une couche, un bloc de paysan, peu importe. (On lui présente un siége.) Bien: – maintenant, je respire plus librement.

SALEMÈNES

      Ce grand jour est devenu le plus beau et le plus glorieux de votre vie.

SARDANAPALE

      Ajoutez: et le plus fatigant. Où est mon échanson? qu'on m'apporte un peu d'eau.

SALEMÈNES, souriant

      C'est la première fois qu'il reçoit un pareil ordre: et moi-même, le plus austère de vos conseillers, je vous proposerais volontiers, en ce moment, une boisson plus vermeille.

SARDANAPALE

      Du sang, n'est-ce pas? mais il en est assez de répandu. Et quant au vin, j'ai appris, dans cette dernière circonstance, le prix d'une liqueur plus naturelle. Trois fois j'ai bu de l'eau, et trois fois j'ai renouvelé, avec une ardeur plus grande que ne m'en donna jamais le jus de la treille, ma poursuite sur les rebelles. Où est le soldat qui me présenta de l'eau dans son casque?

L'UN DES GARDES

      Tué, sire! Une flèche l'atteignit au front, tandis qu'après avoir égoutté son casque, il se disposait à le replacer sur sa tête.

SARDANAPALE

      Il est mort! sans récompense! et tué pour avoir satisfait ma soif: cela est pénible. Le pauvre esclave! s'il vivait seulement, je le gorgerais d'or; car tout l'or de la terre n'aurait pu payer le plaisir que me fit cette eau; j'étais desséché, comme en ce moment. (On lui apporte de l'eau: – il boit.) Je renais donc. – À l'avenir, le gobelet sera réservé aux heures de l'amour: à la guerre, je veux de l'eau.

SALEMÈNES

      Et quel est, sire, ce bandage autour de votre bras?

SARDANAPALE

      Une égratignure du brave Belèses.

MIRRHA

      Ô ciel! il est blessé!

SARDANAPALE

      C'est peu de chose que cela; cependant, maintenant que je suis refroidi, j'éprouve une sensation légèrement douloureuse.

MIRRHA

      Vous l'avez couverte avec-

SARDANAPALE

      Avec le bandeau de ma couronne: c'est la première fois que cet ornement, jusqu'alors une charge, m'a offert quelque utilité.

MIRRHA, aux serviteurs

      Avertissez promptement un médecin des plus habiles. Et vous, seigneur, rentrez, je vous prie: je découvrirai votre blessure; et je l'examinerai.

SARDANAPALE

      J'y consens: car, en ce moment, le sang me tourmente légèrement. Te connais-tu donc en blessures, Mirrha? – À quoi bon le demander? Mon frère, savez-vous où j'ai découvert cette aimable enfant?

SALEMÈNES

      Sans doute la tête cachée au milieu d'autres femmes, comme des gazelles effrayées.

SARDANAPALE

      Non: mais comme l'épouse du jeune lion animée d'une rage féminine (et féminine signifie furieuse, attendu que, dans leur excès, toutes les passions sont féminines) contre le chasseur qui s'enfuit avec sa famille. De la voix et du geste, de sa flottante chevelure et de ses yeux étincelans, elle pressait la fuite des guerriers ennemis!

SALEMÈNES

      En vérité!

SARDANAPALE

      Vous le voyez, je ne suis pas le seul guerrier que cette nuit ait enfanté. Mes yeux s'arrêtaient sur elle et sur ses joues enflammées; ses grands yeux noirs, dont le feu jaillissait à travers les longs cheveux dont elle était couverte; ses veines bleues soulevées le long de son front transparent; ses sourcils dont l'arc était légèrement dérangé; ses charmantes narines, gonflées par un souffle brûlant; sa voix traversant l'effroyable tumulte, ainsi qu'un luth perce le son retentissant des cimbales; ses bras étendus, et qui devaient plutôt leur éclat à leur naturelle blancheur qu'au fer dont sa main était armée, et qu'elle avait arraché aux doigts d'un soldat expirant: tout cela la faisait prendre, par les soldats, pour une prophétesse de victoire, ou pour la victoire elle-même venant saluer ses favoris.

SALEMÈNES, à part

      En voilà trop: l'amour reprend sur lui son premier empire, et tout est perdu si nous ne donnons le change à ses pensées. (Haut.) Mais, sire, de grâce, songez à votre blessure: – vous disiez qu'elle vous faisait souffrir.

SARDANAPALE

      En effet; – mais il n'y faut pas penser.

SALEMÈNES

      Je me suis occupé de tout ce qui pouvait être nécessaire; je vais voir comment on se dispose à exécuter mes ordres, puis je reviendrai connaître vos intentions.

SARDANAPALE

      Fort bien.

SALEMÈNES, en se retirant

      Mirrha!

MIRRHA

      Prince.

SALEMÈNES

      Vous avez montré cette nuit une ame qui, si le roi n'était pas l'époux de ma sœur; – mais je n'ai pas de tems à perdre: tu aimes le roi?

MIRRHA

      J'aime Sardanapale.

SALEMÈNES

      Mais, désires-tu aimer en lui un roi?

MIRRHA

      Je ne prétends rien aimer en lui d'inférieur à lui-même.

SALEMÈNES

      Eh bien donc, pour qu'il conserve sa couronne et vous autres, et tout ce qu'il peut et tout ce qu'il doit être, pour lui conserver la vie, ne le laissez pas abattre au milieu de lâches voluptés. Vous avez sur son esprit plus d'empire que n'en ont, dans ces murs, la sagesse; au dehors, la révolte furieuse: songez bien à l'empêcher de retomber.

MIRRHA

      La voix de Salemènes était inutile pour m'engager СКАЧАТЬ