Le canon du sommeil. Paul d'Ivoi
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Название: Le canon du sommeil

Автор: Paul d'Ivoi

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ du port. Ici, les cabines roulantes, les costumes coquets, c’est la plage élégante.

      C’est elle que j’apercevais de ma fenêtre, le lendemain malin vers dix heures.

      À huit heures, j’étais habillé, prêt à partir. Mes objets de toilette réintégrés dans ma valise, celle-ci bouclée, afin qu’au signal annoncé par Mrs. Dillyfly-Tanagra, je n’eusse qu’à l’enlever, j’étais descendu au dining-room prendre le premier déjeuner.

      Naturellement, quand j’avais ouvert ma porte sur le couloir, la porte d’en face s’était ouverte aussitôt, et Agathas Block, aussi prêt que moi-même, s’était montré.

      Il s’était inquiété de ma santé avec une courtoisie horripilante.

      – Nous avons atteint l’hôtel à minuit et demie, cher confrère, dit-il… Je vous vois sur pied à huit; ne croyez-vous pas qu’un aussi court repos est antihygiénique.

      En dépit de mon irritation intérieure, je parvins à me maintenir au diapason.

      Nous gagnâmes ensemble le dining; nous déjeunâmes à la même table…

      Je soldai ma dépense.

      Agathas m’imita religieusement.

      – Est-ce que nous nous mettons en route, me demanda-t-il?

      Je haussai les épaules.

      – Non. J’obéis simplement à mon habitude. Un ordre du journal doit être exécuté instantanément. Toutes les petites causes de retard doivent être éliminées, la «note» est de ces causes… En payant à mesure que l’on consomme, il n’y a ni discussions, ni temps perdu.

      – Très juste, approuva mon gaillard d’un ton convaincu… Comme l’on s’instruit avec un maître tel que vous.

      Évidemment, il se moquait de moi. Je me rendais parfaitement compte que mon explication n’était pas un phénomène de dialectique. Il me montrait qu’il s’en apercevait également. Après tout, c’était de bonne guerre et j’aurais eu mauvaise grâce à m’en plaindre.

      – Alors que faisons-nous, reprit l’agaçant personnage, après un instant?

      – Je rentre chez moi, lui dis-je sans hésiter, car j’avais préparé ma réplique à l’avance. Je vais rêver aux moyens de vous assurer un brillant reportage, tout en conservant pour moi un quelque chose de plus.

      – Oh! inutile de chercher.

      – Pourquoi?

      – Parce que vous pouvez avoir confiance en moi. Je n’enverrai au Standard que ce que vous autoriserez.

      – Bigre! Si l’on apprenait au Standard votre proposition, je doute qu’elle fût goûtée par la direction et les actionnaires.

      Il se prit à rire avec abandon.

      – Ne vous inquiétez pas de cela. On sait bien que le Standard n’est pas le Times, Et puis, je crois que l’on me féliciterait de savoir jouer les Warwick.

      – Les Warwick?

      – Eh oui! Comme cet illustre personnage historique, je régente un roi, mon cher «roi du reportage».

      Ah! qu’il riait de façon énervante.

      Mais j’étais résolu à conserver mon calme quoi qu’il advînt. Aussi pris-je le ton de la plaisanterie:

      – Vous me dictez ma conduite. Je ne me soucie pas d’être à la merci de Warwick. Et je vais rêver à lui faire, non pas la part qu’il voudra, mais celle que je jugerai compatible avec les intérêts bien entendus du Times.

      Sur ce, je me levai, remontai à ma chambre et m’y enfermai.

      Au moins, je ne verrais plus l’Agathas Block et sa figure antipathique.

      Je m’installai confortablement près de la fenêtre, ainsi qu’un homme qui souhaite attendre sans impatience.

      Car à dater de cet instant, j’étais un reporter dans l’attente.

      Et comme, dès que l’on parle de X. 323, tout devient extraordinaire, j’attendais quelque chose que j’ignorais, avec cependant la certitude que cela se produirait.

      Oui, mais cela ne se produisit pas de suite.

      Il y avait une heure et demie, quatre-vingt-dix minutes que je me forçais à admirer la baignade matinale à la plage du Casino. Pour m’occuper, j’avais dénombré les jolies baigneuses, ce qui exige une certaine contention d’esprit, car elles sont un peu perdues parmi les autres.

      Après quoi, j’avais joué au bossu.

      C’est un jeu inepte, mais dans ma situation, je m’occupais comme il m’était possible. On cherche un bossu. Bien, en voici un. Il s’agit maintenant, dans un rayon de cinquante mètres, de trouver un cheval blanc. Si le quadrupède se présente, on a gagné; sinon, on a perdu.

      Cela n’est très drôle, ni pour le joueur, ni pour le bossu, ni pour le cheval; mais enfin cela fait passer le temps.

      J’en étais à mon dixième «personnage en bois courbé», selon l’expression irrévérencieuse de l’Américain Twain, et à mon septième cheval blanc, quand on frappa respectueusement à la porte.

      Vous avez remarqué, n’est-ce pas que l’on heurte une porte avec autorité, respect, courtoisie ou humilité.

      Dans le cas présent, le respect ne faisait pas doute. Et comme le respect est toujours agréable, j’allai ouvrir afin de connaître le visiteur si déférent.

      J’aurais dû le deviner, c’était le gérant en personne.

      Il me bombarda de trois saluts plongeants, puis en confidence:

      – Monsieur, me dit-il, depuis la séparation, les œuvres religieuses sont tenues de faire appel à la charité… Une sœur rédemptionniste de l’hôpital de Pont-de-Briques quête parmi les voyageurs. J’ai pris la liberté grande de l’accompagner, afin de montrer le bon vouloir des Boulonnais à l’égard d’une œuvre qui rend les plus grands services.

      Après quoi, il s’adressa à une personne invisible dans le couloir.

      – Entrez, ma sœur, entrez. Le gentleman consent à vous recevoir.

      La porte d’en face s’était entrebâillée, et dans l’ouverture je distinguais la face curieuse d’Agathas Block.

      Probablement l’habit religieux le rassura, car la porte se referma sans bruit.

      Au surplus, la religieuse pénétrait chez moi et accaparait mon attention.

      – Mon frère, dit-elle dans un murmure, je vous remercie de ce que vous pourrez soustraire de vos ressources au profit de nos pauvres malades. La plus légère obole sera la bienvenue.

      Étrange! étais-je halluciné? La voix qui frappait mes oreilles me rappelait celle de Mrs. Dillyfly… et cependant le visage que j’apercevais sous la cornette, ce visage empreint de cette pâleur maladive que les religieuses empruntent СКАЧАТЬ