Le canon du sommeil. Paul d'Ivoi
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Название: Le canon du sommeil

Автор: Paul d'Ivoi

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ cela ne tienne, mon cher confrère, nous nous battrons en dépit de votre «première force».

      – Vous ne me croyez pas.

      – Si, si, je suis convaincu que vous ne vous vantez pas. Cela étant, vous me blesserez certainement. Et alors, je vous permettrai de ne point me quitter… C’est un avenir de garde-malade que je vous assure… Eh! Eh! la profession d’infirmier est tout à fait bien vue de nos jours.

      Il m’interrompit pour prononcer d’une voix sourde, où je sentais vibrer le danger tout proche.

      – Et si je vous tue?

      Je n’avais plus envie de rire. Mais redevenir sérieux eût été avouer le petit frisson intérieur. Aussi j’exagérai la bonne humeur pour lui décocher négligemment:

      – En ce cas, vous serez l’ombre d’un mort, puisque le rôle d’ombre vous tient à cœur. De toute façon, vos désirs seront satisfaits dans une certaine mesure. Toutefois, je doute que mon envol vers les «félicités réservées» vous assurent un brillant succès de reportage. J’emporterai avec moi mon secret professionnel.

      À ma réelle surprise, Agathas ricana avec un mauvais sourire:

      – Qui sait! Votre mort me servira peut-être plus que votre vie.

      Puis, saluant correctement.

      – Je ne veux pas vous imposer la torture complémentaire de ma présence. À bord, vous ne sauriez m’échapper; je puis donc me relâcher un peu de ma surveillance.

      Ma foi, je le confesse, je ne trouvai pas un mot à répliquer. Mon interlocuteur s’éloigna d’un pas tranquille. On n’aurait jamais cru qu’il venait de me menacer de mort. Ah! pour un être flegmatique, Agathas Block était un être flegmatique. Il était impossible de dire le contraire.

      À ce moment précis, je reconnus qu’il me serait infiniment désagréable de trépasser sans avoir revu miss Tanagra.

      Pourquoi ce sentiment? C’était sans doute ma curiosité de reporter qui se prononçait ainsi… D’autre part, cela pouvait bien ne pas être cela du tout.

      IX. MISTRESS DILLYFLY M’ÉTONNE À SON TOUR

      Saprelotte, ma nouvelle campagne d’espionnage s’annonçait plus mal que la première.

      Certes, j’avais rencontré dans celle-ci, une foule de choses pas très claires, surtout au début; mais vraiment ma journée était trop féconde en incidents étranges.

      Mon itinéraire, modifié sans que je susse pourquoi, avait commencé la série.

      Puis la disparition de cette miss Ellen, sosie de la Tanagra, sosie rieur, oui, mais enfin rieuse ou mélancolique, les deux personnes avaient des traits identiques.

      Et pour brocher sur le tout, cet Agathas Block qui venait se jeter dans mes jambes, non pas hélas sans crier: gare; mais tout au contraire, en criant: gare, de façon inquiétante pour le succès de mon expédition.

      Dans quarante minutes, nous entrerions dans le port de Boulogne. Selon sa promesse, ce diable d’homme me demanderait ce à quoi j’étais décidé; et alors…

      Là-bas, en avant, j’apercevais le rayon tournant des feux qui marquent l’entrée du chenal. Ils m’avertissaient qu’auprès d’eux expirait pour moi la liberté de discuter. La décision s’imposerait. Satanée décision!

      Oui, j’entends bien les gens à solutions simples. Avec un revolver, on peut toujours se débarrasser d’un compagnon gluant. Sans doute, sans doute, mais cela constitue un assassinat. Or, un assassinat, indépendamment des tracasseries légales qu’il entraîne, exige un entraînement spécial, que dis-je, une «capacité» particulière de l’individu qui y recourt.

      À mon sens, on naît assassin, comme on naît roturier; on ne le devient pas.

      Et dame, ma naissance me paraît avoir laissé beaucoup à désirer à ce point de vue.

      J’en étais là de mon monologue intérieur, qui on le voit, n’était pas très avancé, quand une voix me rappela au sentiment que l’homme n’est point seul au monde.

      – Je demande le pardon, disait-elle, mais mes «canaris» aiment seulement le chocolat en pastilles… Le buffet ne tient pas les pastilles… et les pauvres petits souffrent. Alors je prends l’audace de demander à toutes les personnes: Vous n’auriez pas sur vous des pastilles de chocolat?

      Je regardai qui m’abordait ainsi… C’était mistress Dillyfly.

      Ma remuante compatriote avait conservé son cache-poussière, son voile bleu; seulement elle s’était augmentée d’une minuscule cage qu’elle élevait à hauteur de mes yeux, pour me permettre probablement de distinguer deux «canaris» qui voletaient ahuris, bien plus désireux en apparence de tranquillité, que de chocolat.

      J’esquissai un geste vague. Non, je n’avais pas en ma possession les pastilles réclamées. La dame le comprit, car elle prit une mine attristée.

      – Vous n’avez pas. Cela est tout à fait regrettable. Je présente le pardon. Chers petits oiseaux, sachez dire le good-bye au gentleman.

      Elle portait la cage maintenue par sa main gauche, tout près de mon visage; mais en même temps, sa dextre s’appuyait sur ma poitrine, à hauteur de la poche extérieure de mon pardessus, et d’une voix basse, rapide, qui me sembla ne pas appartenir à la même personne, elle prononça:

      – Dans la poche, un papier à lire avant Boulogne. Silence. La mort plane.

      Avant que je fusse revenu de ma stupéfaction, la bizarre lady s’était éloignée et elle sollicitait des pastilles de chocolat pour ses «aimés canaris» d’une autre passagère qui se promenait sur le pont.

      Je jetai un regard circulaire autour de moi. Aucune silhouette rappelant celle d’Agathas Block. Le faquin tenait parole. Il ne me surveillait pas jusqu’à l’arrivée en France.

      Néanmoins, impressionné par l’étrange avertissement de Mrs. Dillyfly, et surtout par le timbre, par l’accent de la voix que je me figurais avoir entendue déjà, je gagnai une de ces cabines, mises gratuitement par l’administration du «passage» à la disposition des voyageurs à l’estomac desquels la mer n’est point clémente… Dans ce réduit, où du moins je me trouvais à l’abri des regards, j’enflammai une allumette-bougie, je fouillai dans une poche où mes doigts rencontrèrent un papier, et ce papier déplié, je lus ces lignes tracées au crayon:

      «À l’arrivée à Boulogne, acceptez la société d’Agathas Block. On vous délivrera demain. Ayez soin de régler votre dépense au fur et à mesure à l’hôtel, d’avoir votre valise prête, afin de pouvoir partir au signal donné, sans perdre une seconde. La réussite tiendra à la rapidité de la manœuvre».

      Pas de signature; écriture inconnue. Au total: un mystère de plus.

      Qu’est-ce que c’est que cette Anglaise? Que signifient ces paroles: la mort plane, que l’on croirait empruntées au répertoire mélo dramatique du Strand, notre Ambigu-Comique à nous?

      Nous serons à Boulogne dans vingt minutes. Il faut que je lui aie parlé auparavant.

      Je veux bien que l’on me délivre d’Agathas СКАЧАТЬ