La corde au cou. Emile Gaboriau
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Название: La corde au cou

Автор: Emile Gaboriau

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      – Donc, lui dit-il, l'assassinat est le fait principal que doit retenir la prévention; l'incendie n'est qu'une circonstance aggravante, le moyen imaginé par le coupable pour arriver plus sûrement à la perpétration du crime… (Après quoi, revenant au comte): Poursuivez, monsieur, dit le juge d'instruction.

      – Me sentant blessé, continua M. de Claudieuse, mon premier mouvement, mouvement tout instinctif, d'ailleurs, fut de me précipiter vers l'endroit d'où m'avait paru venir le coup de fusil. Je n'avais pas fait trois pas que je me sentis atteint de nouveau à l'épaule et au cou. Cette seconde blessureétait plus grave que la première, car le cœur me faillit, la tête me tourna, et je tombai…

      – Vous n'aviez pas même entrevu le meurtrier?

      – Pardonnez-moi. Au moment où je tombais, il m'a semblé voir… j'ai vu un homme s'élancer de derrière une pile de fagots, traverser la cour et disparaître dans la campagne.

      – Le reconnaîtriez-vous?

      – Non.

      – Mais vous avez vu comment ilétait vêtu, vous pouvez me donner à peu près son signalement?

      – Non plus. J'avais comme un nuage devant les yeux, et il a passé comme une ombre.

      Le juge d'instruction dissimula mal un mouvement de dépit.

      – N'importe, fit-il, nous le retrouverons… Mais continuez, monsieur.

      Le comte hocha la tête.

      – Je n'ai plus rien à vous apprendre, monsieur, répondit-il. J'étaisévanoui, et ce n'est que quelques heures plus tard que j'ai repris connaissance, ici, sur ce lit.

      Avec un soin extrême, M. Galpin-Daveline notait les réponses du comte. Lorsqu'il eut terminé:

      – Nous reviendrons, reprit-il, et minutieusement, sur les circonstances du meurtre. Pour le moment, monsieur le comte, il importe de savoir ce qui s'est passé après votre chute. Qui pourrait me l'apprendre?

      – Ma femme, monsieur.

      – Je le pensais. Madame la comtesse a dû se lever en même temps que vous?

      – Ma femme n'était pas couchée, monsieur.

      Vivement le juge se retourna vers la comtesse, et il lui suffit d'un coup d'œil pour reconnaître que le costume de la comtesse n'était pas celui d'une femmeéveillée en sursaut par l'incendie de sa maison.

      – En effet, murmura-t-il.

      – Berthe, poursuivit le comte, la plus jeune de nos filles, celle qui est là sur ce lit, enveloppée d'une couverture, est atteinte de la rougeole et sérieusement souffrante. Ma femmeétait restée près d'elle. Malheureusement, les fenêtres de nos filles donnent sur le jardin, du côté opposé à celui où le feu aété mis…

      – Comment donc madame la comtesse a-t-elleété avertie du désastre? demanda le juge d'instruction.

      Sans attendre une question plus directe, Mme de Claudieuse s'avança.

      – Ainsi que mon mari vient de vous le dire, monsieur, répondit-elle, j'avais tenu à veiller ma petite Berthe. Ayant déjà passé près d'elle la nuit précédente, j'étais un peu lasse, et j'avais fini par m'assoupir, lorsque je fus réveillée par une détonation… à ce qui m'a semblé. Je me demandais si ce n'était pas une illusion, quand un second coup retentit presque immédiatement. Plusétonnée qu'inquiète, je quittai la chambre de mes filles. Ah! monsieur, telleétait déjà la violence de l'incendie qu'il faisait clair, dans l'escalier, comme en plein jour. Je descendis en courant. La porte extérieureétait ouverte, je sortis… À cinq ou six pas, à la lueur des flammes, j'aperçus le corps de mon mari. Je me jetai sur lui, il ne m'entendait plus, son cœur avait cessé de battre, je le crus mort, j'appelai au secours d'une voix désespérée…

      M. Séneschal et M. Daubigeon frémissaient.

      – Bien! approuva d'un air satisfait M. Galpin-Daveline, très bien!

      – Vous savez, monsieur, continuait la comtesse, combien est profond le sommeil des gens de la campagne… Il me semble que je suis restée bien longtemps seule, agenouillée près de mon mari. À la longue, cependant, les clartés de l'incendieéveillaient nos métayers, les ouvriers de la ferme et nos domestiques. Ils se précipitaient dehors en criant: «Au feu!»M'apercevant, ils vinrent à moi et m'aidèrent à transporter mon mari loin du danger, qui grandissait de minute en minute. Attisé par un vent furieux, l'incendie se propageait avec une effrayante rapidité. Les granges n'étaient plus qu'une immense fournaise, la métairie brûlait, les chais remplis d'eau-de-vieétaient en feu, et la toiture de notre maison s'allumait de tous côtés. Et personne de sang-froid!… Ma têteétait à ce point perdue que j'oubliais mes enfants et que leur chambreétait déjà pleine de fumée, lorsqu'un honnête et courageux garçon est allé les arracher au plus horrible des périls… Pour me rappeler à moi-même, il m'a fallu l'arrivée du docteur Seignebos et ses paroles d'espoir… Cet incendie nous ruine peut-être; que m'importe, puisque mes enfants et mon mari sont sauvés!

      C'est d'un air d'impatience dédaigneuse que le docteur Seignebos assistait à ces préliminaires inévitables. Les autres, M. Séneschal, le procureur de la République, les deux servantes, même, avaient peine à maîtriser leurémotion. Lui haussait lesépaules et grommelait entre les dents:

      – Formalités! Subtilités! Puérilités!

      Après avoir retiré, essuyé et remis sur son nez ses lunettes d'or, il s'était assis devant la table boiteuse de la pauvre chambre, et il comptait et alignait, dans uneécuelle, les quinze ou vingt grains de plomb qu'il avait extraits des blessures du comte de Claudieuse.

      Mais, sur les derniers mots de la comtesse, il se leva et, d'un ton bref, s'adressant à M. Galpin-Daveline:

      – Maintenant, monsieur, dit-il, vous me rendez mon malade, sans doute?

      Offensé – on l'eûtété à moins —, le juge d'instruction fronça le sourcil, et froidement:

      – Je sais, monsieur, dit-il, l'importance de votre besogne, mais ma tâche n'est ni moins grave ni moins urgente.

      – Oh!…

      – Par conséquent, vous m'accorderez bien cinq minutes encore, monsieur le docteur…

      – Dix si vous l'exigez, monsieur le juge. Seulement, je vous déclare que chaque minute qui s'écoule désormais peut compromettre la vie du blessé.

      Ils s'étaient rapprochés et, la tête rejetée en arrière, ils se toisaient avec des yeux oùéclatait la plus violente animosité. Allaient-ils donc se prendre de querelle au chevet même de M. de Claudieuse?

      La comtesse dut le craindre, car, d'un accent de reproche:

      – Messieurs, prononça-t-elle, messieurs, de grâce…

      Peut-être son intervention n'eût-elle pas suffi, si M. Séneschal et M. Daubigeon ne se fussent entremis, chacun s'adressant en même temps à l'un des adversaires.

      Des deux, M. Galpin-Davelineétait encore le plus obstiné; car, en dépit de tout, reprenant la parole:

      – Je n'ai plus, monsieur, dit-ilà M. de Claudieuse, qu'une question à vous СКАЧАТЬ