La corde au cou. Emile Gaboriau
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Название: La corde au cou

Автор: Emile Gaboriau

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ de fagots ou de l'effraction d'un poulailler. C'est que ses démarches désespérées pour obtenir un poste enévidence avaient toujourséchoué. Vainement, il avait mis tous ses amis en campagne. Inutilement, il s'était, en secret, mêlé de politique, disposé à servir le parti, quel qu'il fût, qui le servirait le mieux.

      Mais l'ambition de M. Galpin-Daveline n'était pas de celles qui se découragent, et en ces derniers temps, à la suite d'un voyage à Paris, il avait donné à entendre qu'un brillant mariage ne tarderait pas à lui assurer les protections qui, jusqu'alors, avaient manqué à ses mérites.

      Lorsqu'il rejoignit M. Séneschal et M. Daubigeon:

      – Eh bien! commença-t-il, voici une terrible affaire, et qui va certainement avoir un immense retentissement.

      Le maire voulait lui donner des détails.

      – Inutile, lui dit-il. Tout ce que vous savez, je le sais. J'ai rencontré et interrogé le paysan qui vous avaitété expédié. (Puis, se retournant vers le procureur de la République): Je pense, monsieur, poursuivit-il, que notre devoir est de nous transporter immédiatement sur le théâtre du crime.

      – J'allais vous le proposer, répondit M. Daubigeon.

      – Il faudrait avertir la gendarmerie…

      – Monsieur Séneschal vient de la faire prévenir. L'agitation du juge d'instructionétait grande, si grande qu'elle faisait en quelque sorteéclater sonécorce d'impassible froideur.

      – Il y a flagrant délit, reprit-il.

      – Évidemment.

      – De telle sorte que nous pouvons agir de concert, et parallèlement, chacun selon notre fonction, vous requérant, moi statuant sur vos réquisitions…

      Un ironique sourire glissait sur les lèvres du procureur de la République.

      – Vous devez assez me connaître, répondit-il, pour savoir qu'il n'y a jamais avec moi de conflit d'attributions; je ne suis plus qu'un vieux bonhomme, ami du repos et de l'étude. Sum piger et senior, Pieridumque cornes…

      – Alors, rien ne nous retient plus! s'écria M. Séneschal, qui bouillait d'impatience, ma voiture est attelée! Partons!

      2. De Sauveterre au Valpinson, par la traverse, on ne compte qu'une lieue…

      De Sauveterre au Valpinson, par la traverse, on ne compte qu'une lieue; seulement c'est une lieue de pays, elle a sept kilomètres.

      Mais M. Séneschal avait un bon cheval, le meilleur peut-être de l'arrondissement, affirmait-il, en montant en voiture, à M. Galpin-Daveline et à M. Daubigeon. Le fait est qu'en moins de dix minutes ils eurent rejoint les pompiers, partis bien avant eux.

      Ces braves gens, presque tous maîtres ouvriers de Sauveterre, maçons, charpentiers et couvreurs, se hâtaient cependant de toute leurénergie. Éclairés par une demi-douzaine de torches fumeuses, ils allaient, peinant et soufflant, le long du chemin raboteux, poussant leurs deux pompes et le chariot qui contenait le matériel de sauvetage.

      – Courage, mes amis! leur cria le maire en les dépassant. Bon courage!

      À trois minutes de là, galopant dans la nuit du train d'un cavalier de ballade, un paysan à cheval apparut sur la route.

      M. Daubigeon lui commanda de s'arrêter. Il obéit. C'était le même homme qui déjàétait venu à Sauveterre donner l'alarme.

      – Vous revenez du Valpinson? lui demanda M. Séneschal.

      – Oui, répondit le paysan.

      – Comment va le comte de Claudieuse?

      – Il a repris connaissance.

      – Qu'a dit le médecin?

      – Qu'il s'en tirera probablement. Et moi je cours chez le pharmacien chercher des remèdes.

      Pour mieux entendre, M. Galpin-Daveline, le juge d'instruction, se penchait hors de la voiture.

      – La rumeur publique accuse-t-elle quelqu'un? demanda-t-il.

      – Personne.

      – Et l'incendie?

      – On a de l'eau, répondit le paysan, mais pas de pompes, que voulez-vous qu'on fasse!… Et le vent qui redouble!… Ah! quel malheur, quel malheur!

      Et il piqua des deux, pendant que M. Séneschal rouait de coups son pauvre cheval, lequel, sous ce traitement extraordinaire, loin d'avancer plus vite, se cabrait et faisait des bonds de côté.

      C'est que l'excellent maireétait exaspéré. C'est que ce crime lui paraissait comme un défi à son adresse et la plus cruelle injure qu'on pût faire à son administration.

      – Car, enfin, répétait-il pour la dixième fois à ses compagnons de route, est-il naturel, je vous le demande, est-il logique qu'un malfaiteur soit allé s'adresser précisément au comte et à la comtesse de Claudieuse, à l'homme le plus considérable et le plus considéré de l'arrondissement, à une femme dont le nom est synonyme de vertu et de charité?

      Et intarissable, malgré les cahots de la voiture, M. Séneschal racontait tout ce qu'il savait de l'histoire des propriétaires du Valpinson.

      Le comte Trivulce de Claudieuseétait le dernier descendant d'une des plus vieilles familles du pays. À seize ans, vers 1832, il s'était embarqué en qualité d'enseigne de vaisseau, et pendant de longues années il n'avait fait à Sauveterre que de rares et de brèves apparitions. Ilétait capitaine de vaisseau en 1859, et désigné pour l'épaulette de contre-amiral, lorsque tout à coup il avait donné sa démission etétait venu s'installer au château de Valpinson, lequel ne gardait plus, de ses antiques splendeurs, que deux tourelles tombant en ruine au milieu d'énormes amas de pierres noircies et moussues. Deux années durant, il y avait vécu seul, se ré édifiant tant bien que mal un logis, et, des bribeséparses de la fortune de ses ancêtres, se reconstituant, à force de soin et d'activité, une modeste aisance.

      On pensait bien qu'il finirait ses jours ainsi, lorsque le bruit s'était répandu qu'il allait se marier. Et le bruit, chose rare, était vrai. M. de Claudieuse, un beau matin, était parti pour Paris, et par les lettres de faire-part quiétaient arrivées peu après, on avait appris qu'il venait d'épouser la fille d'un de ses anciens camarades de promotion, Mlle Geneviève de Tassar de Bruc.

      L'étonnement avaitété grand. Le comte avait tout à fait grand air etétait encore remarquablement bien de sa personne; mais il venait d'avoir quarante-sept ans, et Mlle de Tassar de Bruc en avait à peine vingt. Ah! si la nouvelle mariée eûtété pauvre, on eût compris et même approuvé le mariage. Il est si naturel qu'une fille sans dot sacrifie son cœur à la question du pain quotidien. Mais tel n'était pas le cas. Le marquis de Tassar de Bruc passait pour riche et avait, disait-on, compté à son gendre cinquante milleécus.

      Alors, on s'était imaginé que la jeune comtesse devaitêtre laide à faire peur, infirme ou contrefaite pour le moins, idiote peut-être ou d'un caractère impossible. Erreur. Elleétait apparue, et onétait demeuré saisi de sa noble et calme beauté. Elle avait parlé, et chacunétait resté sous le charme. Ce mariageétait-il donc, comme on dit à Sauveterre, un mariage d'inclination? On le crut. Ce qui n'empêcha pas quantité de vieilles dames de hocher la tête et de déclarer que vingt-sept ans, СКАЧАТЬ