Double-Blanc. Fortuné du Boisgobey
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Название: Double-Blanc

Автор: Fortuné du Boisgobey

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ – ne donnait pas son adresse. Rien n’obligeait Hervé à donner la sienne, en écrivant poste restante, comme elle l’y invitait. Elle aussi avait sans doute des précautions à prendre, puisqu’elle n’avait voulu dire ni où elle demeurait, ni comment elle s’appelait. Un rendez-vous aux Tuileries ou au parc Monceau ne compromettrait personne.

      Après, on verrait.

      Ce fut le parti auquel s’arrêta le futur mari de Mlle de Bernage. La prudence n’était pas sa qualité dominante, mais il ne manquait pas de jugement et il sentait bien que, dans le cas présent, la sagesse est obligatoire.

      Il crut avoir trouvé le moyen de tout concilier et il se promit d’envoyer, le lendemain matin, la réponse demandée.

      La nuit porte conseil et il la rédigerait mieux quand il aurait dormi.

      Rien ne fatigue comme une longue station au bal de l’Opéra, et il éprouvait le besoin de se reposer.

      Il se mit donc en devoir de se dévêtir, avant de procéder à sa toilette de nuit, et il commença naturellement par ôter son pardessus qu’il n’avait pas pris le temps d’enlever en arrivant, puis son habit noir qu’il avait endossé à sept heures du soir pour aller dîner à son cercle.

      On a beau être accoutumé à porter le harnais mondain, il arrive un moment où on n’est pas fâché de s’en débarrasser.

      Hervé jeta le sien sur un fauteuil. Il n’était pas de ceux qui ne se déshabillent jamais sans plier avec soin les vêtements qu’ils quittent et, de plus, il avait, cette nuit-là, d’autres soucis en tête. Mais il fut bien étonné de voir tomber de la poche de poitrine de cet habit un carnet en cuir de Russie.

      Hervé n’en avait jamais possédé un pareil.

      Il serrait ses billets de banque dans un portefeuille qu’il laissait le plus souvent au fond d’un des tiroirs de son secrétaire – surtout depuis qu’il avait renoncé au jeu – et il était sûr de n’avoir pris sur lui, la veille, qu’une vingtaine de louis dans le gousset de son gilet.

      Ils y étaient encore, presque au complet, car il n’en avait dépensé que deux ou trois, y compris celui dont il avait fait cadeau à son compatriote Alain.

      On ne l’avait pas volé au bal, mais d’où lui était venu ce carnet qui se trouvait dans sa poche?

      Il n’y était pas tombé du ciel.

      Qui l’y avait mis?

      Et comment avait-on pu l’y mettre, sans qu’il s’en aperçût?

      Les filous à Paris sont d’une dextérité sans égale, mais ils emploient leur adresse à vider les poches et non pas à les emplir.

      Hervé s’épuisait à chercher l’explication de ce phénomène.

      Il alla jusqu’à se demander si ce n’était pas le domino blanc qui avait exécuté ce tour de passe-passe. Dans quel but? Il ne s’en doutait pas et il allait se décider à en finir avec les suppositions en ouvrant tout bonnement le carnet, lorsque le souvenir de la bousculade du corridor des troisièmes loges lui revint tout à coup à l’esprit.

      Ce fut un trait de lumière.

      Hervé se rappela que le voleur poursuivi s’était jeté sur lui en le prenant à bras le corps, et que l’étreinte avait duré quelques secondes.

      Il comprenait maintenant que cet homme avait profité de ce contact prémédité pour se défaire de l’objet qu’il venait d’escamoter dans la poche d’un monsieur.

      Le drôle, s’attendant à être pris, s’était débarrassé du corps du délit. Si on l’eût arrêté, il aurait nié et ceux qui l’auraient fouillé n’auraient rien trouvé sur lui.

      Le truc est connu, mais il peut réussir, surtout quand celui qui l’emploie n’a pas d’antécédents judiciaires.

      Et c’était peut-être le cas.

      – Parbleu! dit entre ses dents Hervé, voilà un habile coquin et encore plus hardi qu’habile, puisqu’il a eu l’audace de me guetter à la sortie du bal et de me suivre jusqu’à ma porte. Il avait résolu de me reprendre le butin dont il m’avait chargé, sans ma permission, et je commence à croire que si ce brave Alain n’était pas survenu j’aurais passé un mauvais quart d’heure.

      Mais tout est bien qui finit bien, et il ne me reste plus qu’à aller conter ma mésaventure au commissaire de police en lui remettant ce carnet en cuir de Russie… à moins que je n’y trouve l’adresse du propriétaire… Mais quel singulier portefeuille!… il n’est pas de taille à contenir beaucoup de billets de mille et, avec ses fermoirs d’argent, il a plutôt l’air d’un carnet de boursier… ou d’un simple agenda… je m’étonne qu’il ait tenté un voleur à la tire… Il est vrai que ces messieurs-là pêchent au hasard et prennent ce qu’ils trouvent… et puis, c’est peut-être un livret de chèques…

      Nous allons bien voir, conclut Hervé en décrochant les agrafes qui bouclaient cette espèce d’étui, relié comme un bouquin précieux.

      C’était bien un carnet, formé par une série de feuilles collées les unes aux autres et dorées sur tranche, entre deux pochettes de cuir.

      Cela ne ressemblait pas du tout à un livret de chèques et Hervé se dit: «Le voleur aurait été volé. Il croyait avoir mis la main sur une somme et il n’aurait trouvé que du papier blanc. J’imagine que le monsieur qu’il a dévalisé ne pleurera pas la perte de cet agenda… et me voilà dispensé de faire une visite au commissaire de police. L’objet ne vaut pas que je prenne la peine de me déranger… à moins que je n’y trouve l’adresse de son propriétaire… auquel cas, je le lui renverrai par la poste.»

      Et il se mit à feuilleter les pages.

      Sur quelques-unes étaient inscrits des chiffres alignés comme des lettres et séparés par des points ou par des signes, absolument comme dans les annonces qu’insèrent certains journaux et qui ne peuvent être comprises que par la personne qui possède la clef de cette cryptographie.

      – À coup sûr, pensa Hervé, ce n’est pas un homme d’affaires qui a pris ces notes. Ces gens-là ne perdent pas leur temps à combiner des écritures incompréhensibles. Mais je commence à croire que je ne découvrirai pas ce que je cherche.

      En continuant à tourner les pages, Hervé en trouva deux où on avait tracé des lignes qui avaient l’air de former des plans topographiques.

      Ces lignes s’entrecroisaient à angle droit comme les rues qu’elles figuraient sans doute, et elles étaient accompagnées de légendes écrites en caractères intelligibles, mais très incomplètes.

      Ainsi, sur l’un des plans, on lisait ces mots tronqués: Zach. – Huch, et sur l’autre: Bagn. Pl. -Eg.

      Sur un troisième et un quatrième feuillet, il y avait deux dessins au trait représentant, l’un l’intérieur d’une chambre, l’autre un jardin planté d’arbres.

      Une petite croix était marquée à la plume sur chacun des croquis, et certainement ces croix n’avaient pas été mises là pour rien. Hervé supposa qu’elles indiquaient des places où on avait caché quelque chose; mais quoi?… et où étaient situés cette chambre et ce jardin? Impossible de le deviner, et comme d’ailleurs СКАЧАТЬ