La reine Margot. Alexandre Dumas
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Название: La reine Margot

Автор: Alexandre Dumas

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ Ma Majesté; voyons, nous nous fâcherons, Henriette; as-tu donc oublié nos conventions?

      – Non, votre respectueuse servante devant le monde, ta folle confidente dans le tête-à-tête. N’est-ce pas cela, madame, n’est-ce pas cela, Marguerite?

      – Oui, oui! dit la reine en souriant.

      – Ni rivalités de maisons, ni perfidies d’amour; tout bien, tout bon, tout franc; une alliance enfin offensive et défensive, dans le seul but de rencontrer et de saisir au vol, si nous le rencontrons, cet éphémère qu’on nomme le bonheur.

      – Bien, ma duchesse! c’est cela; et pour renouveler le pacte, embrasse-moi.

      Et les deux charmantes têtes, l’une pâle et voilée de mélancolie, l’autre rosée, blonde et rieuse se rapprochèrent gracieusement et unirent leurs lèvres comme elles avaient uni leurs pensées.

      – Donc il y a du nouveau? demanda la duchesse en fixant sur Marguerite un regard avide et curieux.

      – Tout n’est-il pas nouveau depuis deux jours?

      – Oh! je parle d’amour et non de politique, moi. Quand nous aurons l’âge de dame Catherine, ta mère, nous en ferons, de la politique. Mais nous avons vingt ans, ma belle reine, parlons d’autre chose. Voyons, serais-tu mariée pour tout de bon?

      – À qui? dit Marguerite en riant.

      – Ah! tu me rassures, en vérité.

      – Eh bien, Henriette, ce qui te rassure m’épouvante. Duchesse, il faut que je sois mariée.

      – Quand cela?

      – Demain.

      – Ah! bah! vraiment! Pauvre amie! Et c’est nécessaire?

      – Absolument.

      – Mordi! comme dit quelqu’un de ma connaissance, voilà qui est fort triste.

      – Tu connais quelqu’un qui dit: Mordi? demanda en riant Marguerite.

      – Oui.

      – Et quel est ce quelqu’un?

      – Tu m’interroges toujours, quand c’est à toi de parler. Achève, et je commencerai.

      – En deux mots, voici: le roi de Navarre est amoureux et ne veut pas de moi. Je ne suis pas amoureuse; mais je ne veux pas de lui. Cependant il faudrait que nous changeassions d’idée l’un et l’autre, ou que nous eussions l’air d’en changer d’ici à demain.

      – Eh bien, change, toi! et tu peux être sûre qu’il changera, lui!

      – Justement, voilà l’impossible; car je suis moins disposée à changer que jamais.

      – À l’égard de ton mari seulement, j’espère!

      – Henriette, j’ai un scrupule.

      – Un scrupule de quoi?

      – De religion. Fais-tu une différence entre les huguenots et les catholiques?

      – En politique?

      – Oui.

      – Sans doute.

      – Mais en amour?

      – Ma chère amie, nous autres femmes, nous sommes tellement païennes, qu’en fait de sectes nous les admettons toutes, qu’en fait de dieux nous en reconnaissons plusieurs.

      – En un seul, n’est-ce pas?

      – Oui, dit la duchesse, avec un regard étincelant de paganisme; oui, celui qui s’appelle Éros, Cupido, Amor; oui, celui qui a un carquois, un bandeau et des ailes… Mordi! vive la dévotion!

      – Cependant tu as une manière de prier qui est exclusive; tu jettes des pierres sur la tête des huguenots.

      – Faisons bien et laissons dire… Ah! Marguerite, comme les meilleures idées, comme les plus belles actions se travestissent en passant par la bouche du vulgaire!

      – Le vulgaire! … Mais c’est mon frère Charles qui te félicitait, ce me semble?

      – Ton frère Charles, Marguerite, est un grand chasseur qui sonne du cor toute la journée, ce qui le rend fort maigre… Je récuse donc jusqu’à ses compliments. D’ailleurs, je lui ai répondu, à ton frère Charles… N’as-tu pas entendu ma réponse?

      – Non, tu parlais si bas!

      – Tant mieux, j’aurai plus de nouveau à t’apprendre. Çà! la fin de ta confidence, Marguerite?

      – C’est que… c’est que…

      – Eh bien?

      – C’est que, dit la reine en riant, si la pierre dont parlait mon frère Charles était historique, je m’abstiendrais.

      – Bon! s’écria Henriette, tu as choisi un huguenot. Eh bien, sois tranquille! pour rassurer ta conscience, je te promets d’en choisir un à la première occasion.

      – Ah! il paraît que cette fois tu as pris un catholique?

      – Mordi! reprit la duchesse.

      – Bien, bien! je comprends.

      – Et comment est-il notre huguenot?

      – Je ne l’ai pas choisi; ce jeune homme ne m’est rien, et ne me sera probablement jamais rien.

      – Mais enfin, comment est-il? cela ne t’empêche pas de me le dire, tu sais combien je suis curieuse.

      – Un pauvre jeune homme beau comme le Nisus de Benvenuto Cellini, et qui s’est venu réfugier dans mon appartement.

      – Oh! oh! … et tu ne l’avais pas un peu convoqué?

      – Pauvre garçon! ne ris donc pas ainsi, Henriette, car en ce moment il est encore entre la vie et la mort.

      – Il est donc malade?

      – Il est grièvement blessé.

      – Mais c’est très gênant, un huguenot blessé! surtout dans des jours comme ceux où nous nous trouvons; et qu’en fais-tu de ce huguenot blessé qui ne t’est rien et ne te sera jamais rien?

      – Il est dans mon cabinet; je le cache et je veux le sauver.

      – Il est beau, il est jeune, il est blessé. Tu le caches dans ton cabinet, tu veux le sauver; ce huguenot-là sera bien ingrat s’il n’est pas trop reconnaissant!

      – Il l’est déjà, j’en ai bien peur… plus que je ne le désirerais.

      – Et il t’intéresse… ce pauvre jeune homme?

      – Par humanité… seulement.

      – Ah! l’humanité, ma pauvre reine! c’est СКАЧАТЬ