La reine Margot. Alexandre Dumas
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Название: La reine Margot

Автор: Alexandre Dumas

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      – Il faut cependant bien que je tue quelqu’un, s’écria Charles IX, livide comme un cadavre, et dont les yeux s’injectaient de sang.

      Et lâchant le coup, il abattit l’homme qui courait. Henri poussa un gémissement. Alors, animé par une effrayante ardeur, Charles chargea et tira sans relâche son arquebuse, poussant des cris de joie chaque fois que le coup avait porté.

      – C’est fait de moi, se dit le roi de Navarre; quand il ne trouvera plus personne à tuer, il me tuera.

      – Eh bien, dit tout à coup une voix derrière les princes, est-ce fait?

      C’était Catherine de Médicis, qui, pendant la dernière détonation de l’arme, venait d’entrer sans être entendue.

      – Non, mille tonnerres d’enfer! hurla Charles en jetant son arquebuse par la chambre… Non, l’entêté… il ne veut pas! …

      Catherine ne répondit point. Elle tourna lentement son regard vers la partie de la chambre où se tenait Henri, aussi immobile qu’une des figures de la tapisserie contre laquelle il était appuyé. Alors elle ramena sur Charles un œil qui voulait dire: Alors, pourquoi vit-il?

      – Il vit… il vit… murmura Charles IX, qui comprenait parfaitement ce regard et qui y répondait, comme on le voit, sans hésitation; il vit, parce qu’il… est mon parent.

      Catherine sourit. Henri vit ce sourire et reconnut que c’était Catherine surtout qu’il lui fallait combattre.

      – Madame, lui dit-il, tout vient de vous, je le vois bien, et rien de mon beau-frère Charles; c’est vous qui avez eu l’idée de m’attirer dans un piège; c’est vous qui avez pensé à faire de votre fille l’appât qui devait nous perdre tous; c’est vous qui m’avez séparé de ma femme, pour qu’elle n’eût pas l’ennui de me voir tuer sous ses yeux…

      – Oui, mais cela ne sera pas! s’écria une autre voix haletante et passionnée que Henri reconnut à l’instant et qui fit tressaillir Charles IX de surprise et Catherine de fureur.

      – Marguerite! s’écria Henri.

      – Margot! dit Charles IX.

      – Ma fille! murmura Catherine.

      – Monsieur, dit Marguerite à Henri, vos dernières paroles m’accusaient, et vous aviez à la fois tort et raison: raison, car en effet je suis bien l’instrument dont on s’est servi pour vous perdre tous; tort, car j’ignorais que vous marchiez à votre perte. Moi-même, monsieur, telle que vous me voyez, je dois la vie au hasard, à l’oubli de ma mère, peut-être; mais sitôt que j’ai appris votre danger, je me suis souvenue de mon devoir. Or, le devoir d’une femme est de partager la fortune de son mari. Vous exile-t-on, monsieur, je vous suis dans l’exil; vous emprisonne-t-on, je me fais captive; vous tue-t-on, je meurs.

      Et elle tendit à son mari une main que Henri saisit, sinon avec amour, du moins avec reconnaissance.

      – Ah! ma pauvre Margot, dit Charles IX, tu ferais bien mieux de lui dire de se faire catholique!

      – Sire, répondit Marguerite avec cette haute dignité qui lui était si naturelle, Sire, croyez-moi, pour vous-même ne demandez pas une lâcheté à un prince de votre maison.

      Catherine lança un regard significatif à Charles.

      – Mon frère, s’écria Marguerite, qui, aussi bien que Charles IX, comprenait la terrible pantomime de Catherine, mon frère, songez-y, vous avez fait de lui mon époux.

      Charles IX, pris entre le regard impératif de Catherine et le regard suppliant de Marguerite comme entre deux principes opposés, resta un instant indécis; enfin, Oromase l’emporta.

      – Au fait, madame, dit-il en se penchant à l’oreille de Catherine, Margot a raison et Henriot est mon beau-frère.

      – Oui, répondit Catherine en s’approchant à son tour de l’oreille de son fils, oui… mais s’il ne l’était pas?

      XI. L’aubépine du cimetière des Innocents

      Rentrée chez elle, Marguerite chercha vainement à deviner le mot que Catherine de Médicis avait dit tout bas à Charles IX, et qui avait arrêté court le terrible conseil de vie et de mort qui se tenait en ce moment.

      Une partie de la matinée fut employée par elle à soigner La Mole, l’autre à chercher l’énigme que son esprit se refusait à comprendre.

      Le roi de Navarre était resté prisonnier au Louvre. Les huguenots étaient plus que jamais poursuivis. À la nuit terrible avait succédé un jour de massacre plus hideux encore. Ce n’était plus le tocsin que les cloches sonnaient, c’étaient des Te Deum, et les accents de ce bronze joyeux retentissant au milieu du meurtre et des incendies, étaient peut-être plus tristes à la lumière du soleil que ne l’avait été pendant l’obscurité le glas de la nuit précédente. Ce n’était pas le tout: une chose étrange était arrivée; une aubépine, qui avait fleuri au printemps et qui, comme d’habitude, avait perdu son odorante parure au mois de juin, venait de refleurir pendant la nuit, et les catholiques, qui voyaient dans cet événement un miracle et qui, pour la popularisation de ce miracle, faisaient Dieu leur complice, allaient en procession, croix et bannière en tête, au cimetière des Innocents, où cette aubépine fleurissait. Cette espèce d’assentiment donné par le ciel au massacre qui s’exécutait avait redoublé l’ardeur des assassins. Et tandis que la ville continuait à offrir dans chaque rue, dans chaque carrefour, sur chaque place une scène de désolation, le Louvre avait déjà servi de tombeau commun à tous les protestants qui s’y étaient trouvés enfermés au moment du signal. Le roi de Navarre, le prince de Condé et La Mole y étaient seuls demeurés vivants.

      Rassurée sur La Mole, dont les plaies, comme elle l’avait dit la veille, étaient dangereuses, mais non mortelles, Marguerite n’était donc plus préoccupée que d’une chose: sauver la vie de son mari, qui continuait d’être menacée. Sans doute le premier sentiment qui s’était emparé de l’épouse était un sentiment de loyale pitié pour un homme auquel elle venait, comme l’avait dit lui-même le Béarnais, de jurer sinon amour, du moins alliance. Mais, à la suite de ce sentiment, un autre moins pur avait pénétré dans le cœur de la reine.

      Marguerite était ambitieuse, Marguerite avait vu presque une certitude de royauté dans son mariage avec Henri de Bourbon, La Navarre, tiraillée d’un côté par les rois de France, de l’autre par les rois d’Espagne, qui, lambeau à lambeau, avaient fini par emporter la moitié de son territoire, pouvait, si Henri de Bourbon réalisait les espérances de courage qu’il avait données dans les rares occasions qu’il avait eues de tirer l’épée, devenir un royaume réel, avec les huguenots de France pour sujets. Grâce à son esprit fin et si élevé, Marguerite avait entrevu et calculé tout cela. En perdant Henri, ce n’était donc pas seulement un mari qu’elle perdait, c’était un trône.

      Elle en était au plus intime de ces réflexions, lorsqu’elle entendit frapper à la porte du corridor secret; elle tressaillit, car trois personnes seulement venaient par cette porte: le roi, la reine mère et le duc d’Alençon. Elle entrouvrit la porte du cabinet, recommanda du doigt le silence à Gillonne et à La Mole, et alla ouvrir au visiteur.

      Ce visiteur était le duc d’Alençon.

      Le jeune homme avait disparu depuis la veille. Un instant Marguerite avait eu l’idée de réclamer son intercession en faveur СКАЧАТЬ