La reine Margot. Alexandre Dumas
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Название: La reine Margot

Автор: Alexandre Dumas

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      – Chut! dit Marguerite en se relevant et en saisissant la main de la duchesse, celui qui voulait tuer mon huguenot, qui l’a poursuivi jusque dans ma chambre, qui l’a frappé jusque dans mes bras! Oh! Henriette, quel bonheur qu’il ne m’ait pas aperçue!

      – Eh bien, alors! puisque tu l’as vu à l’œuvre, n’est-ce pas qu’il était beau?

      – Je ne sais, dit Marguerite, car je regardais celui qu’il poursuivait.

      – Et celui qu’il poursuivait s’appelle?

      – Tu ne prononceras pas son nom devant lui?

      – Non, je te le promets.

      – Lerac de la Mole.

      – Et comment le trouves-tu maintenant?

      – M. de La Mole?

      – Non, M. de Coconnas.

      – Ma foi, dit Marguerite, j’avoue que je lui trouve… Elle s’arrêta.

      – Allons, allons, dit la duchesse, je vois que tu lui en veux de la blessure qu’il a faite à ton huguenot.

      – Mais il me semble, dit Marguerite en riant, que mon huguenot ne lui doit rien, et que la balafre avec laquelle il lui a souligné l’œil…

      – Ils sont quittes, alors, et nous pouvons les raccommoder. Envoie-moi ton blessé.

      – Non, pas encore; plus tard.

      – Quand cela?

      – Quand tu auras prêté au tien une autre chambre.

      – Laquelle donc?

      Marguerite regarda son amie, qui, après un moment de silence, la regarda aussi et se mit à rire.

      – Eh bien, soit! dit la duchesse. Ainsi donc, alliance plus que jamais?

      – Amitié sincère toujours, répondit la reine.

      – Et le mot d’ordre, le signe de reconnaissance, si nous avons besoin l’une de l’autre?

      – Le triple nom de ton triple dieu: Éros-Cupido-Amor. Et les deux femmes se quittèrent après s’être embrassées pour la seconde fois et s’être serré la main pour la vingtième fois.

      XIII. Comme il y a des clefs qui ouvrent les portes auxquelles elles ne sont pas destinées

      La reine de Navarre, en rentrant au Louvre, trouva Gillonne dans une grande émotion. Madame de Sauve était venue en son absence. Elle avait apporté une clef que lui avait fait passer la reine mère. Cette clef était celle de la chambre où était renfermé Henri. Il était évident que la reine mère avait besoin, pour un dessein quelconque, que le Béarnais passât cette nuit chez madame de Sauve.

      Marguerite prit la clef, la tourna et la retourna entre ses mains. Elle se fit rendre compte des moindres paroles de madame de Sauve, les pesa lettre par lettre dans son esprit, et crut avoir compris le projet de Catherine.

      Elle prit une plume, de l’encre et écrivit sur son papier:

      «Au lieu d’aller ce soir chez madame de Sauve, venez chez la reine de Navarre. MARGUERITE.»

      Puis elle roula le papier, l’introduisit dans le trou de la clef et ordonna à Gillonne, dès que la nuit serait venue, d’aller glisser cette clef sous la porte du prisonnier.

      Ce premier soin accompli, Marguerite pensa au pauvre blessé; elle ferma toutes les portes, entra dans le cabinet, et, à son grand étonnement, elle trouva La Mole revêtu de ses habits encore tout déchirés et tout tachés de sang.

      En la voyant, il essaya de se lever; mais, chancelant encore, il ne put se tenir debout et retomba sur le canapé dont on avait fait un lit.

      – Mais qu’arrive-t-il donc, monsieur? demanda Marguerite, et pourquoi suivez-vous si mal les ordonnances de votre médecin? Je vous avais recommandé le repos, et voilà qu’au lieu de m’obéir vous faites tout le contraire de ce que j’ai ordonné!

      – Oh! madame, dit Gillonne, ce n’est point ma faute. J’ai prié, supplié monsieur le comte de ne point faire cette folie, mais il m’a déclaré que rien ne le retiendrait plus longtemps au Louvre.

      – Quitter le Louvre! dit Marguerite en regardant avec étonnement le jeune homme, qui baissait les yeux; mais c’est impossible. Vous ne pouvez pas marcher; vous êtes pâle et sans force, on voit trembler vos genoux. Ce matin, votre blessure de l’épaule a saigné encore.

      – Madame, répondit le jeune homme, autant j’ai rendu grâce à Votre Majesté de m’avoir donné asile hier au soir, autant je la supplie de vouloir bien me permettre de partir aujourd’hui.

      – Mais, dit Marguerite étonnée, je ne sais comment qualifier une si folle résolution: c’est pire que de l’ingratitude.

      – Oh! madame! s’écria La Mole en joignant les mains, croyez que, loin d’être ingrat, il y a dans mon cœur un sentiment de reconnaissance qui durera toute ma vie.

      – Il ne durera pas longtemps, alors! dit Marguerite émue à cet accent, qui ne laissait pas de doute sur la sincérité des paroles; car, ou vos blessures se rouvriront et vous mourrez de la perte du sang, ou l’on vous reconnaîtra comme huguenot et vous ne ferez pas cent pas dans la rue sans qu’on vous achève.

      – Il faut pourtant que je quitte le Louvre, murmura La Mole.

      – Il faut! dit Marguerite en le regardant de son regard limpide et profond; puis pâlissant légèrement: Oh, oui! je comprends! dit-elle, pardon, monsieur! Il y a sans doute, hors du Louvre, une personne à qui votre absence donne de cruelles inquiétudes. C’est juste, monsieur de la Mole, c’est naturel, et je comprends cela. Que ne l’avez-vous dit tout de suite, ou plutôt comment n’y ai-je pas songé moi-même! C’est un devoir, quand on exerce l’hospitalité, de protéger les affections de son hôte comme on panse des blessures, et de soigner l’âme comme on soigne le corps.

      – Hélas! madame, répondit La Mole, vous vous trompez étrangement. Je suis presque seul au monde et tout à fait seul à Paris, où personne ne me connaît. Mon assassin est le premier homme à qui j’aie parlé dans cette ville, et Votre Majesté est la première femme qui m’y ait adressé la parole.

      – Alors, dit Marguerite surprise, pourquoi voulez-vous donc vous en aller?

      – Parce que, dit La Mole, la nuit passée, Votre Majesté n’a pris aucun repos, et que cette nuit… Marguerite rougit.

      – Gillonne, dit-elle, voici la nuit venue, je crois qu’il est temps que tu ailles porter la clef. Gillonne sourit et se retira.

      – Mais, continua Marguerite, si vous êtes seul à Paris, sans amis, comment ferez-vous?

      – Madame, j’en aurai beaucoup; car, tandis que j’étais poursuivi, j’ai pensé à ma mère, qui était catholique; il m’a semblé que je la voyais glisser devant moi sur le chemin du Louvre, une croix à la main, et j’ai fait vœu, si Dieu me conservait la vie, d’embrasser la religion de ma mère. Dieu a fait plus que de me conserver la vie, СКАЧАТЬ