La reine Margot. Alexandre Dumas
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Название: La reine Margot

Автор: Alexandre Dumas

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ quand il sera guéri?

      – Rieuse! dit Marguerite. Non, je te jure que je ne prépare pas les choses de si loin. Seulement, si tu pouvais trouver un moyen de cacher le pauvre garçon; si tu pouvais lui conserver la vie que je lui ai sauvée; eh bien, je t’avoue que je t’en serais véritablement reconnaissante! Tu es libre à l’hôtel de Guise, tu n’as ni beau-frère, ni mari qui t’espionne ou qui te contraigne, et de plus derrière ta chambre, où personne, chère Henriette, n’a heureusement pour toi le droit d’entrer, un grand cabinet pareil au mien. Eh bien, prête-moi ce cabinet pour mon huguenot; quand il sera guéri tu lui ouvriras la cage et l’oiseau s’envolera.

      – Il n’y a qu’une difficulté, chère reine, c’est que la cage est occupée.

      – Comment! tu as donc aussi sauvé quelqu’un, toi?

      – C’est justement ce que j’ai répondu à ton frère.

      – Ah! je comprends; voilà pourquoi tu parlais si bas que je ne t’ai pas entendue.

      – Écoute, Marguerite, c’est une histoire admirable, non moins belle, non moins poétique que la tienne. Après t’avoir laissé six de mes gardes, j’étais montée avec les six autres à l’hôtel de Guise, et je regardais piller et brûler une maison qui n’est séparée de l’hôtel de mon frère que par la rue des Quatre-Fils, quand tout à coup j’entends crier des femmes et jurer des hommes. Je m’avance sur le balcon et je vois d’abord une épée dont le feu semblait éclairer toute la scène à elle seule. J’admire cette lame furieuse: j’aime les belles choses, moi! … puis je cherche naturellement à distinguer le bras qui la faisait mouvoir, et le corps auquel ce bras appartenait. Au milieu des coups, des cris, je distingue enfin l’homme, et je vois… un héros, un Ajax Télamon; j’entends une voix, une voix de stentor. Je m’enthousiasme, je demeure toute palpitante, tressaillant à chaque coup dont il était menacé, à chaque botte qu’il portait; ç’a été une émotion d’un quart d’heure, vois-tu, ma reine, comme je n’en avais jamais éprouvé, comme j’avais cru qu’il n’en existait pas. Aussi j’étais là, haletante, suspendue, muette, quand tout à coup mon héros a disparu.

      – Comment cela?

      – Sous une pierre que lui a jetée une vieille femme; alors, comme Cyrus, j’ai retrouvé la voix, j’ai crié: À l’aide, au secours! Nos gardes sont venus, l’ont pris, l’ont relevé, et enfin l’ont transporté dans la chambre que tu me demandes pour ton protégé.

      – Hélas! je comprends d’autant mieux cette histoire, chère Henriette, dit Marguerite, que cette histoire est presque la mienne.

      – Avec cette différence, ma reine, que servant mon roi et ma religion, je n’ai point besoin de renvoyer M. Annibal de Coconnas.

      – Il s’appelle Annibal de Coconnas? reprit Marguerite en éclatant de rire.

      – C’est un terrible nom, n’est-ce pas, dit Henriette. Eh bien, celui qui le porte en est digne. Quel champion, mordi! et que de sang il a fait couler! Mets ton masque, ma reine, nous voici à l’hôtel.

      – Pourquoi donc mettre mon masque?

      – Parce que je veux te montrer mon héros.

      – Il est beau?

      – Il m’a semblé magnifique pendant ses batailles. Il est vrai que c’était la nuit à la lueur des flammes. Ce matin, à la lumière du jour, il m’a paru perdre un peu, je l’avoue. Cependant je crois que tu en seras contente.

      – Alors, mon protégé est refusé à l’hôtel de Guise; j’en suis fâchée, car c’est le dernier endroit où l’on viendrait chercher un huguenot.

      – Pas le moins du monde, je le ferai apporter ici ce soir; l’un couchera dans le coin à droite, l’autre dans le coin à gauche.

      – Mais s’ils se reconnaissent l’un pour protestant, l’autre pour catholique, ils vont se dévorer.

      – Oh! il n’y a pas de danger. M. de Coconnas a reçu dans la figure un coup qui fait qu’il n’y voit presque pas clair; ton huguenot a reçu dans la poitrine un coup qui fait qu’il ne peut presque pas remuer… Et puis, d’ailleurs, tu lui recommanderas de garder le silence à l’endroit de la religion, et tout ira à merveille.

      – Allons, soit!

      – Entrons, c’est conclu.

      – Merci, dit Marguerite en serrant la main de son amie.

      – Ici, madame, vous redevenez Majesté, dit la duchesse de Nevers; permettez-moi donc de vous faire les honneurs de l’hôtel de Guise, comme ils doivent être faits à la reine de Navarre.

      Et la duchesse, descendant de sa litière, mit presque un genou en terre pour aider Marguerite à descendre à son tour; puis lui montrant de la main la porte de l’hôtel gardée par deux sentinelles, arquebuse à la main, elle suivit à quelques pas la reine, qui marcha majestueusement précédant la duchesse, qui garda son humble attitude tant qu’elle put être vue. Arrivée à sa chambre, la duchesse ferma sa porte; et appelant sa camériste, Sicilienne des plus alertes:

      – Mica, lui dit-elle en italien, comment va M. le comte?

      – Mais de mieux en mieux, répondit celle-ci.

      – Et que fait-il?

      – En ce moment, je crois, madame, qu’il prend quelque chose.

      – Bien! dit Marguerite, si l’appétit revient, c’est bon signe.

      – Ah! c’est vrai! j’oubliais que tu es une élève d’Ambroise Paré. Allez, Mica.

      – Tu la renvoies?

      – Oui, pour qu’elle veille sur nous. Mica sortit.

      – Maintenant, dit la duchesse, veux-tu entrer chez lui, veux-tu que je le fasse venir?

      – Ni l’un, ni l’autre; je voudrais le voir sans être vue.

      – Que t’importe, puisque tu as ton masque?

      – Il peut me reconnaître à mes cheveux, à mes mains, à un bijou.

      – Oh! comme elle est prudente depuis qu’elle est mariée, ma belle reine! Marguerite sourit.

      – Eh bien, mais je ne vois qu’un moyen, continua la duchesse.

      – Lequel?

      – C’est de le regarder par le trou de la serrure.

      – Soit! conduis-moi! La duchesse prit Marguerite par la main, la conduisit à une porte sur laquelle retombait une tapisserie, s’inclina sur un genou et approcha son œil de l’ouverture que laissait la clef absente.

      – Justement, dit-elle, il est à table et a le visage tourné de notre côté. Viens.

      La reine Marguerite prit la place de son amie et approcha à son tour son œil du trou de la serrure. Coconnas, comme l’avait dit la duchesse, était assis à une table admirablement servie, et à laquelle ses blessures ne l’empêchaient pas de faire honneur.

      – Ah! СКАЧАТЬ