François de Bienville: Scènes de la Vie Canadienne au XVII siècle. Joseph Marmette
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Название: François de Bienville: Scènes de la Vie Canadienne au XVII siècle

Автор: Joseph Marmette

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066082611

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СКАЧАТЬ plus belle encore.

      Ne sachant enfin que faire pour la rappeler à elle, il sort et crie sur le palier pour demander du secours, quand il se trouve en face de Louis d'Orsy.

      --Vous ici, monsieur Harthing? lui dit Louis en reconnaissant l'officier pour lui avoir donné des leçons d'escrime.

      L'Anglais lui montre de la main la scène de désolation que présente l'intérieur de la chambre.

      La réalité s'offre poignante aux regards de Louis, qui se jette sur le corps de son père avec des sanglots navrants.

      En ce moment accourent des voisines, qui s'empressent autour de Marie-Louise toujours évanouie. Harthing alors d'offrir ses consolations et ses services au jeune d'Orsy. Mais ce dernier le remercie d'un œil chargé de larmes, et qui dit à l'officier anglais combien sa présence est pénible en ce moment.

      Il ne restait plus à Harthing qu'à s'éloigner au plus tôt; ainsi fit-il, mais non sans avoir auparavant jeté un long regard vers Marie-Louise qui commençait à s'agiter sur son lit...

      Deux mois après cette perte douloureuse, les orphelins reçurent une lettre de France, leur annonçant la mort de leur tante, qui leur léguait le peu qu'elle avait. Cette lettre, écrite par l'ancien notaire de la famille, accompagnait le prix de vente du petit manoir, unique fortune de leur parente. Car, après avoir pris connaissance de la missive du feu baron, qui faisait connaître sa captivité et les nouveaux malheurs qui l'avaient assailli, le notaire avait pris sur lui d'aliéner le modeste domaine, pour en faire tenir la valeur aux infortunés prisonniers.

      Grâce à ce secours, Louis et sa sœur purent payer leur rançon et obtenir de passer au Canada.

      Cependant, le jour de leur départ pour la Nouvelle-France, l'officier anglais, Harthing, vint les voir. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois depuis le funeste soir où le malheur l'avait inopinément appelé sous le toit des jeunes gens.

      Que se passa-t-il durant cette dernière visite? C'est ce que nous dirons un jour au lecteur.

      Nous ne cacherons pourtant point que les commères du voisinage s'aperçurent que l'officier avait l'air à la fois honteux et furieux au sortir de la demeure des orphelins. On avait même entendu comme une altercation et vu, disaient toujours les voisines, le jeune d'Orsy ouvrir brusquement la porte au visiteur et la refermer de même.

      Pauvres enfants! ils ignoraient quelle passion dangereuse et quel souvenir haineux à la fois ils laissaient derrière eux en la personne du lieutenant Harthing. Ils étaient aussi bien loin de prévoir de quel poids l'amour et le ressentiment de cet homme devaient peser dans la balance de leur destinée.

      Ce fut dans les conflits qui avaient si souvent lieu dans ces temps difficiles, que d'Orsy fit la connaissance de François de Bienville; et, comme ils combattirent souvent l'un à côté de l'autre, une sincère amitié les unit bientôt; sans compter que les yeux bleus de Mlle d'Orsy avaient fasciné François, qui, chose assez naturelle en pareille occurrence, avait fait à Louis l'aveu de ses sentiments. On peut penser que celui-ci avait fort approuvé d'abord la naissance et bientôt le développement rapide des amours de sa sœur et de son meilleur ami, déjà fiancés à l'époque où nous allons entrer dans leur intimité.

      Maintenant, nos lecteurs ne seront pas surpris de voir le jeune Le Moyne se diriger si lestement vers la demeure qui abritait sa chère amie.

      A la vue d'un tout petit rayon de lumière qui filtrait fugitif par la fissure de l'un des volets, le jeune homme constata que l'on veillait encore à l'intérieur. Aussi frappa-t-il aussitôt à la porte, après avoir respiré bruyamment pour se remettre en haleine; car sa marche rapide l'avait essoufflé quelque peu. Des bruits de pas se firent entendre au dedans, puis une voix mâle demanda:

      --Qui va là?

      --Bienville.

      Quand ce dernier eut ainsi répondu, un bruit de verrous succéda à deux joyeuses exclamations, poussées dans la maison sur deux tons différents, et la porte s'ouvrit toute grande pour se refermer ensuite sur le visiteur.

      Si l'on me fait remarquer que notre gentilhomme commet une grave inconvenance en se permettant une visite à pareille heure, je répondrai qu'alors nos cérémonies froides et compassées d'aujourd'hui n'avaient pas encore été importées dans le pays. C'est qu'en ce bon vieux temps l'ami avait toujours une chaise qui l'attendait au coin du foyer de son hôte, tandis que la huche recélait toujours un morceau de pain que l'on offrait de bon cœur au voyageur, et cela, à toute heure qu'il arrivât. Je ne crains pas même d'avancer que le plus heureux de deux amis était invariablement celui qui recevait l'autre.

      Avant de tracer le portrait de mon héroïne, laissez-moi vous dire qu'elle s'était d'abord levée avec empressement à l'arrivée de Bienville, et portée à sa rencontre. Mais ce premier élan de son cœur, qui s'était traduit par ce premier mouvement, fut aussitôt comprimé par sa timidité instinctive de jeune fille: elle s'arrêta rougissante et presque confuse.

      --Mademoiselle, lui dit le nouveau venu en s'inclinant avec grâce, je viens un peu tard, n'est-ce pas?

      --Nullement, monsieur de Bienville, lui répondit-elle avec un charmant sourire où son âme semblait s'être portée, tandis que l'incarnat progressif de ses joues en était arrivé au ton le plus chaud. Les amis sont toujours attendus et ne viennent jamais trop tard, ajouta-t-elle en lui tendant la main.

      --Tu comprends, François, repartit Louis d'Orsy, qui serra la main de son hôte avec effusion; c'est bien dit, n'est-ce pas? et, ce qui est mieux, très sincère. Je m'en porte caution, acheva-t-il en regardant sa sœur qui, ne pouvant plus rougir, était devenue subitement pâle à force d'émotion.

      --Mais allons, allons, trève de cérémonies! Assieds-toi, et tu nous conteras ensuite les nouvelles que tu as pu recueillir sur ta route, de Montréal à Québec. Il est impossible de n'avoir rien à se dire entre bon ami et fiancée, surtout s'il survient à propos un petit gobelet de ce vin que tu sais être bon, et dont il me reste encore quelques flacons en cave. Mais tu n'as pas soupé?

      --Oh! oui, mon cher, et au château, avec M. de Frontenac encore. Mais tu ne sais pas ce qui m'attendait au dessert? Voyons, cherche un peu.

      --Dame! fit Louis qui se dirigeait déjà vers la cave, quand les paroles de son hôte le firent se retourner; dame! quelque rasade d'un vieux Xérès oublié depuis plusieurs années dans un recoin des celliers; car on m'a dit qu'il y a grand nombre de bouteilles de vins des meilleurs crus qui y dorment dans la poussière, en attendant que le maître d'hôtel fasse luire pour chacune d'elles le grand jour de la résurrection.

      --Ah! ah! épicurien bavard, que tu en es loin! Il est bien vrai que je me suis un peu senti enivré tout d'abord, mais je t'assure que le jus divin de la vigne n'était pour СКАЧАТЬ