Une Pupille Genante. Dombre Roger
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Название: Une Pupille Genante

Автор: Dombre Roger

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066085711

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      Nous savons que Gilberte était loin den raffoler; mais elle avait son petit plan tout dressé.

      Très perplexe, Lazare, qui avait un faible pour lorpheline, hésitait à la servir, craignant à la fois de faire de la peine à lenfant et dattirer sur elle lattention de son maître.

      Mais Gilberte trancha elle-même la question:

      Merci, Lazare, je nen veux point, dit-elle dun ton

       délibéré en regardant son oncle en face, très bravement.

      M. Simiès, qui sapprêtait à boire, posa son verre sur la table, sans le porter à ses lèvres.

      Vous dites?… fit-il étonné.

      Puis, sadressant au valet de chambre:

      Servez Mademoiselle, ajouta-t-il froidement.

      Je nen veux pas, reprit lenfant.

      Est-ce que, reprit Simiès, est-ce que par hasard, petite

       fille, cela aussi vous fera mal au cur?

      Je ne peux pas le savoir davance, riposta Gilberte

       toujours très animée, mais je nai pas envie dessayer.

      Vous en goûterez pourtant.

      Non, mon oncle.

      Si.

      Non.

      Au fond la fillette tremblait un peu et elle était pâle pour son premier coup dessai, mais elle était fine et voyait très bien que chez son tuteur la surprise était plus forte que le courroux.

      Néanmoins, Simiès, quoique cette petite scène lamusât en réalité, tenta davoir le dessus et servit lui-même lenfant révoltée.

      Alors, prompte comme léclair, Gilberte saisit son assiette et la jeta au loin sur le parquet, ayant soin seulement de ne pas atteindre Lazare qui la regardait agir, les yeux écarquillés, la bouche ouverte.

      Vous serez privée de dessert, petite sotte, sécria M.

       Simiès feignant une grande colère.

      Quest-ce que ça me fait? répondit Gilberte en dénouant elle-même sa serviette, heureuse déchapper à si bon marché aux terribles épinards.

      Elle quitta la salle à manger et, en passant, jeta un coup dil triomphant à Lazare et à son oncle. A travers la porte refermée derrière elle elle put entendre ce dernier sécrier en riant à gorge déployée:

      Mon brave Lazare, je crois, ma parole, quon ma changé ma pupille. Quel petit démon! Je ne la connaissais pas sous ce nouvel aspect. As-tu vu comme elle a lancé son assiette à terre? Ca ma rappelé mon jeune temps, lorsque je faisais de même avec ma soupe. Ah! ah! ah! et de quel air elle a déposé sa serviette sans réclamer son dessert! Voilà ce que jappelle montrer du caractère; au moins elle a du sang dans les veines et ainsi ne ressemble plus à son père, mon pauvre neveu, qui ne savait pas résister en face à qui que ce fût.

      "Cest bon, pensa Gilberte en séloignant, Lazare avait raison, cest comme cela quil faut prendre mon oncle."

      Et elle alla conter à Nora ses succès du jour.

      Le surlendemain seulement, car elle ne boulait pas se transformer trop promptement, pour amener son oncle peu à peu à trouver drôles ses sottises, elle fit un nouvel acte dindépendance: en attendant son entrée à la pension qui ne devait plus guère tarder, Gilberte recevait quelques leçons de son oncle, auquel le rôle dinstituteur ne plaisait quà demi.

      Ce matin-là il appela sa nièce pour sa leçon de calcul;

       Gilberte arriva boudeuse.

      Le calcul mennuie, dit-elle en sasseyant à califourchon

       sur sa chaise.

      Tant pis! répondit Simiès. Asseyez-vous donc

       convenablement, Gilberte.

      Je suis très bien comme cela, répondit la petite sans changer dattitude. Je naime pas larithmétique, répéta-t- elle.

      Ca mest tout à fait égal, riposta Simiès.

      A vous, certainement, mon oncle, mais pas à moi. Si nous ne calculions pas, ce matin?

      Tu es folle.

      Pas plus que bien dautres.

      Ah çà! ma nièce, sécria le vieil athée en se croisant les bras, est-ce que vous vous moquez de moi?

      Et quand cela serait? Vous avez dit lautre jour à table quil faut rire de tout et nagir quà sa guise, que cest le seul moyen de mener une vie agréable.

      Cette fois-là Simiès neut plus envie de plaisanter; il leva la main pour frapper lenfant, mais cette main retomba sans même avoir effleuré sa joue blanche: Gilberte se dressait devant lui, les yeux flamboyants et la lèvre dédaigneuse.

      Vous ne savez donc pas que cest lâche à un homme de

       toucher une femme, mon oncle? vous oseriez?

      Simiès stupéfié se rassit, contenant un immense accès dhilarité.

      "Sur ma foi! elle aurait vingt ans quelle ne parlerait pas mieux, pensa-t-il. Cette petite commence à mamuser, vraiment; et puis, elle est trop jolie, il ny a pas moyen de la gronder."

      Allons, dit-il tout haut, sois sage, fillette, et prends ton ardoise, je raccourcirai la leçon si tu es gentille.

      Mais, enhardie par son succès, lenfant résistait encore.

      Mon oncle, je vous le répète, le calcul mexcède. Vous dites que la vie est faite pour jouir, quil faut lui arracher le plus de satisfactions possibles… oui, ce sont bien vos propres paroles…

      Tu as trop de mémoire, enfant.

      On nen a jamais trop, mon oncle.

      Et puis tu me parais aimer furieusement la philosophie.

      Oh! oui, apprenez-moi cela! sécria Gilberte en bondissant.

      Hélas! elle ne savait pas ce quelle demandait à cet homme sans foi, déjà trop disposé à remplir sa petite âme de sophismes mauvais, de principes antireligieux!

      "La petite rusée! se disait Simiès en considérant cet adorable visage pur et ouvert; je ne la croyais pas si spirituelle; diable! elle comprend et entend tout, il faudra désormais que je veille sur mes paroles, autrement elle me battra avec mes propres armes."

      Un peu vite, Gilberte, ajouta-t-il en essayant de prendre un ton sévère, pas tant de raisonnements; écrivez: problème 77.

      Gilberte saisit la plume à contre-cur, et barbouillant quelques numéros:

      Vous nêtes СКАЧАТЬ