Cités et ruines américaines: Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal. Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc
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Читать онлайн книгу Cités et ruines américaines: Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal - Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc страница 11

СКАЧАТЬ détail de l'angle nord-ouest de ce bâtiment, pl. XXXIX, explique plus clairement encore cette tradition de la construction de bois primitive. La grande échelle de cette vue de détail permet de constater le caractère des têtes humaines qui semblent accrochées au milieu des empilages; ce ne sont pas là les types des figures de Palenqué, mais bien plutôt ceux des figures des monuments assyriens. Sur la frise supérieure sont attachées des rosettes avec franges qui ont toute l'apparence d'un objet en passementerie, et cependant, à l'angle comme au centre du bâtiment, apparaissent ces têtes monstrueuses qui semblent n'avoir avec le reste de cette façade aucun rapport, ni comme style, ni comme ornementation.

      La façade nord intérieure du Palais des Nonnes, pl. XXXVI, présente encore un bien autre mélange de style et de traditions. La structure de bois est à peine observée, on n'en trouve plus que çà et là quelques vestiges. Les grosses têtes forment la principale décoration des dessus de portes; les treillis sont historiés, les encorbellements empilés supprimés. Ces amoncellements verticaux d'ornements rappellent certaines décorations des monuments de l'Inde septentrionale, tels que ceux, par exemple, de la pagode Noire à Kanaruc.

      Sous la dernière porte à gauche, pl. XXXVI, on distingue parfaitement l'un des linteaux de bois dur dont nous avons parlé et qui a fléchi sous la charge. Si l'on se retourne vers le bâtiment de l'entrée et que l'on regarde la façade intérieure, pl. XLII, on retrouve là encore la tradition des constructions primitives en rondins. Ce sont des travées entières de cylindres de pierre juxtaposés comme une palissade de troncs d'arbre. Le treillis et les grosses têtes complètent la décoration. À la porte principale, que l'on voit à droite, c'était bien le cas d'adopter le parti figuré des bois empilés en encorbellement; cependant l'architecte s'est contenté de deux parements de pierre inclinés, comme dans les constructions pélasgiques. Ce fait seul prouverait que les artistes qui ont construit ces édifices subissaient l'influence de traditions très-diverses et les appliquaient indifféremment sans se rendre compte de leurs origines; qu'ils venaient donc après des peuples ayant laissé des traces de toutes ces traditions sur le sol de l'Amérique centrale.

      Sans sortir de cette cour si riche, et regardant vers l'ouest, on aperçoit la façade, fort ruinée malheureusement, d'un bâtiment qui, dans sa décoration, présente une particularité curieuse, pl. XL. On connaît aujourd'hui cette façade sous le nom du Serpent, et, en effet, un serpent immense, formant des entrelacs, mais dont la tête et la queue ont été préservées de la ruine, fait avec les éternelles grosses têtes, tous les frais de la décoration de cette façade.

      Dans le Livre sacré de la nation quichée, les quatre sages ou héros primitifs des tribus sont Xmucané et Æpiyacoc, puis Tepeu (le Dominateur) et Gucumatz (le Serpent orné de plumes). Ces deux derniers, dit M. l'abbé Brasseur de Bourbourg, paraissent commander; les deux premiers agissent. L'état de ruine du bâtiment permet de voir en coupe deux des salles qu'il contient et dont les parois intérieures inclinées supportaient un étroit plafond de pierre.

      La pl. XLI donne le détail de la tête et de la queue du serpent. Un ornement, imité d'une sorte de pompon en passementerie terminé par une frange, se voit au-dessus de la queue du reptile. On découvre également dans la frise ces rosettes frangées comme celles signalées dans le bâtiment de l'est.

      La pl. XLIV présente une partie conservée des entrelacs formés par les anneaux du serpent, et, au milieu d'une grecque, composée de pierres juxtaposées, une figure humaine tenant un bâton ou une arme. Nous constaterons encore ici que le caractère de la tête de ce personnage ne rappelle point les traits des figures de Palenqué.

      La pl. XLVIII donne la vue extérieure du bâtiment dit des Tortues, posé sur l'angle nord-ouest de la plate-forme du palais du Gouverneur. La décoration du parement de cet édifice ne consiste qu'en une imitation de palissade formée de rondins de bois. Sur la frise supérieure, des tortues saillantes rompent seules les lignes horizontales. Au fond, sur la gauche, on aperçoit le bâtiment principal planté sur la plate-forme la plus élevée. Des linteaux de bois, brisés aujourd'hui, et visibles dans l'épreuve photographique, couronnaient la porte de la salle des Tortues.

      Les pl. XLV et XLVI donnent la façade principale du palais dit du Gouverneur. On remarquera le renfoncement terminé par une vaste construction en encorbellement, muré postérieurement mais faisant apparaître au dehors la section ordinaire des salles.

      La pl. XLVII montre l'entrée du bâtiment dit du Gouverneur. À travers ces grands méandres formés par l'appareil se montrent, ici encore, la tradition des constructions de bois par empilages, en encorbellement et le treillis. Cette construction est une des plus soignées parmi celles d'Uxmal; les parements sont dressés avec art et la décoration pleine de grandeur.

      Le palais du Nain ou du Sorcier est représenté sur la pl. XXXV. Ainsi que l'indique le plan général, ce temple (car c'est évidemment un temple) est bâti au sommet d'un téocalli très-élevé, à base elliptique, et entièrement composé d'un blocage de maçonnerie revêtu de gros moellons parementés. Dans la vue photographique, la porte s'ouvrant à la base de l'édifice est opposée à l'emmarchement qui permet de monter au temple. Cette porte, surmontée de la tête monstrueuse, était donc destinée à faire voir au peuple assemblé les sacrifices offerts à la divinité. C'était comme la montre du temple dont l'intérieur n'était ouvert qu'aux sacrificateurs. La base de la colline factice est revêtue d'un parement vertical avec une frise dans laquelle on retrouve l'imitation des rondins de bois, surmontés d'une sorte de balustrade presque entièrement détruite.

      La pl. XLIII donne l'extrémité d'un des bâtiments du palais des Nonnes.

      À ces vingt-cinq planches, si complètes d'ailleurs, se borne la collection des monuments du plateau de Yucatan recueillis par M. Charnay. Elles suffisent, et au delà, pour démontrer aux moins clairvoyants que ces monuments n'ont pu être élevés que par un peuple chez lequel la civilisation était arrivée à un développement considérable; que ce peuple avait dû subir des influences très-diverses, parmi lesquelles il est difficile de ne point reconnaître celles des races blanches du nord de l'Inde, soit que ces influences aient été produites par des émigrations venues du nord du Japon ou des contrées Scandinaves: mais nous reviendrons plus tard sur ces différentes origines, continuons la description des monuments.

      Aujourd'hui encore, la sierra qui borde le golfe est occupée par une population vivant isolée au milieu des bois; pas de villes; les habitants qui, de temps immémorial, se nourrissent d'un peu de maïs, ne se livrent ni au commerce ni à l'industrie, le point saillant de leur caractère moral est l'indépendance; ils ont les étrangers en aversion, et ne reconnaissent d'autre autorité que celle du prêtre local. La configuration du sol, couvert de montagnes amoncelées confusément, sans grandes vallées, sans plateaux, ne se prête pas d'ailleurs à l'établissement des villes.

      Les habitants de l'État de Chiapas n'entretiennent de relations qu'avec ceux de l'Yucatan, bien que ces derniers possèdent des villes, et aient comparativement une existence beaucoup plus voisine de celle des Européens. Or, les traditions les plus anciennes laissent supposer que cette contrée de Chiapas n'a jamais été qu'un centre religieux, le noyau des traditions théocratiques du Mexique et de l'Yucatan. Lors de la conquête des Espagnols, l'État de Chiapas était un désert couvert de forêts comme aujourd'hui, si bien que Fernand Cortès éprouva les plus grandes difficultés pour le traverser, et que sa petite armée faillit y périr de faim et de misère, à peu de distance de Palenqué.

      RUINES DE PALENQUÉ

      L'établissement le plus important de ce territoire, au point vue archéologique est Palenqué. Oubliés au milieu des forêts, les monuments de Palenqué ont échappé à la fureur de destruction des conquérants européens. СКАЧАТЬ