Cités et ruines américaines: Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal. Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc
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Читать онлайн книгу Cités et ruines américaines: Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal - Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc страница 7

СКАЧАТЬ dans la partie orientale du Mexique, que ces premiers humains supérieurs trouvent leur nourriture et se fortifient. «Il y avait des aliments de toute sorte, aliments petits et grands; plantes petites et grandes, dont le chemin leur avait été montré par les barbares. Alors on commença à moudre le maïs jaune, le maïs blanc, et Xmucané en composa neuf boissons.... Aussitôt ils commencèrent à parler de faire (le Créateur et le Formateur), et de former notre première mère et notre premier père...» Les premiers hommes créés sont au nombre de quatre[30]. Ces êtres supérieurs, non engendrés par la femme, apparaissent tout à coup; leur intelligence embrasse tout, leur sagesse est infinie, leurs connaissances sans limites, ils mesurent et voient ce qui est aux quatre angles dans le ciel et sur la terre. L'Édificateur et le Formateur en furent effrayés: «Ce n'est pas bien ce que disent nos créatures. Elles savent toutes choses, grandes et petites... Elles seront autant de dieux... Troublons un peu notre œuvre, afin qu'il leur manque quelque chose... Voudraient-ils par hasard s'égaler à nous qui les avons faits, à nous dont la sagesse s'étend au loin et connaît tout?... Alors un nuage leur fut soufflé sur la prunelle des yeux par le Cœur du Ciel, et elle se voila comme la face d'un miroir qui se couvre de vapeur...; ils ne virent plus que ce qui était rapproché...—Ainsi fut détruite leur sagesse ainsi que toute la science des quatre hommes, son principe et son commencement. Ainsi furent formés nos premiers aïeux et pères par le Cœur du Ciel, le Cœur de la Terre...—Alors existèrent aussi leurs épouses, et leurs femmes furent faites...—Ceux-ci engendrèrent les hommes, les tribus petites et grandes[31], et ceux-ci furent notre souche à nous, la nation quichée: en grand nombre existèrent en même temps les sacrificateurs[32]; ils ne furent pas seulement quatre, mais quatre seulement furent nos mères à nous, la nation quichée...» Suit le dénombrement des tribus de sang noble ou plutôt de la caste supérieure, «qui vinrent ensemble d'Orient et qui se propagèrent dans les contrées où le soleil se lève. Ces tribus se multiplient «durant l'obscurité,» dit le texte. Alors ils ne se servaient pas encore et ne soutenaient point (les autels des dieux); seulement ils tournaient leur visage vers le ciel, et ils ne savaient pas ce qu'ils étaient venus faire de si loin.—Là vivaient dans la joie les hommes noirs et les hommes blancs; doux était l'aspect de ces gens, doux le langage de ces peuples, et ils étaient fort intelligents.» Mais voici ces tribus qui trouvent mauvais que des barbares parcourent les montagnes, ne possédant point de maisons; elles insultent ces peuples nomades.—«Ainsi parlaient ceux de là-bas qui voyaient lever le soleil. Or, tous n'avaient qu'une seule langue: ils n'invoquaient encore ni le bois ni la pierre; et ils ne se souvenaient que de la parole du Créateur et du Formateur, du Cœur du Ciel et du Cœur de la Terre.—Et ils parlaient en méditant sur ce qui cachait le lever du jour... Ils parlaient, invoquant le retour de la lumière, et dans l'attente du lever du soleil, ils contemplaient l'étoile du matin....» Ces premières tribus n'adoraient point des idoles de pierre ou de bois, et leur culte consistait en une attente du lever du soleil: elles étaient déjà nombreuses ces tribus d'Orient et on comptait parmi elles la nation des Yaqui, des sacrificateurs. Ce titre de Yaqui était donné primitivement aux populations parlant la langue nahuatl, aux Toltèques.

      Quatre personnages, Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam, veulent partir pour aller chercher ce qui leur manque; une arche pour renfermer leurs symboles, le feu qui doit brûler devant. Une ville seule les suit. Ils arrivent à la ville des Sept-Grottes, Sept-Ravins, Tulan-Zuiva. Là, les quatre personnages reçoivent un dieu principal Tohil, trois autres dieux et le feu. D'autres tribus les suivent et viennent à leur tour à Tulan réclamer les dieux et le feu. Mais bientôt Tohil, le dieu, réclame les sacrifices humains pour accorder le feu; une seule tribu résiste à la demande du dieu, toutes les autres fournissent des victimes, elles partent de Tulan et se dirigent vers l'ouest. Leur voyage est pénible, elles séjournent longtemps sur la montagne Chi Pixab portant leurs dieux avec elles. Les tribus se séparent sur le conseil de Tohil, elles vont dans le bois et placent leurs divinités sur des pyramides (mot à mot: à la cime d'une maison de feu) et fondent des villes autour. Enfin l'aurore paraît; le soleil se lève en Tohil, en Avilix, en Hacavitz[33]. L'auteur du Livre sacré[34][39] fait alors une description poétique de cette apparition de l'astre du jour. Ce chapitre, l'un des plus remarquables, est empreint d'une certaine grandeur. Les animaux eux-mêmes sortent des ravins, des eaux, s'élèvent sur les sommets et tournent leurs têtes du côté où s'avance le soleil; les sacrificateurs sont prosternés; les nations sont toutes dans l'attente. Mais voici un passage d'un grand intérêt: «Avant que le soleil se manifestât, fangeuse et humide était la surface de la terre, et c'était avant que parût le soleil; et alors seulement le soleil se leva semblable à un homme.—Mais sa chaleur n'avait point de force, et il ne fit que se montrer lorsqu'il se leva; il ne resta que comme (une image) dans un miroir, et ce n'est pas véritablement le même soleil qui paraît aujourd'hui, dit-on dans les histoires.—Aussitôt après cela (le lever du soleil), Tohil, Avilix et Hacavitz se pétrifièrent, ainsi que les dieux du Lion, du Tigre et de la Vipère, du Quanti, du Blanc Frotteur de Feu; leurs bras se cramponnèrent aux branches des arbres, au moment où se montrèrent le soleil, la lune et les étoiles; de toutes parts devint pierre...»

      D'où sont venues ces traditions qui semblent remonter aux époques antérieures à l'existence de l'homme? et ces dieux changés en pierre? Est-ce une figure indiquant, par le lever de l'aurore, le commencement d'une civilisation ou l'arrivée des tribus sous une latitude moins septentrionale, et, par la pétrification des divinités, l'origine d'un culte des idoles de pierre substituées à l'adoration d'êtres invisibles? Il ne faut pas, il est vrai, prendre le Livre sacré pour une œuvre des temps primitifs, mais pour une compilation de documents de différentes époques rassemblés sans ordre et sans critique; cependant ces documents ont avec les monuments qui nous occupent des affinités si intimes que l'on ne saurait les négliger. Tous ceux qui s'occupent d'histoire et d'archéologie savent combien les traditions sont respectables et combien elles doivent être consultées lorsqu'on cherche la vérité; or, le Popol-Vuh, le Livre national ou le Livre sacré, traduit avec tant de soin et de conscience par M. l'abbé Brasseur de Bourbourg, est sinon une œuvre originale, d'une antiquité incontestable, au moins un recueil de traditions précieuses. Certains passages de ce livre ont avec les histoires héroïques de l'Inde une singulière analogie.

      Ainsi dans l'origine, les Hindous ne bâtissaient pas en l'honneur de la divinité; aux yeux des castes supérieures primitives de l'Inde, toute réalité extérieure est mauvaise et périssable. Dans la plus haute expression de la sagesse, l'Hindou se replie au dedans de lui-même et reste abîmé dans la contemplation de l'esprit qui réside dans les plus secrets replis du cœur. Le brahmane orthodoxe n'a pas besoin, pour prier ou sacrifier, d'un lieu spécialement approprié au culte. Le vrai temple de la divinité, c'est la forêt silencieuse; le tabernacle, c'est le cœur de l'homme où Dieu lui-même est présent. Le sage reste absorbé en lui-même. Mais le peuple, qui ne saurait atteindre à la hauteur de cet idéalisme, a besoin de figures pour comprendre; il met à la place de Brahma une série de dieux créés qui sont les attributs divers du Dieu créateur.

      Nous trouvons, dans les traditions grossières du Popol-Vuh, ces esprits supérieurs, comprenant tout, n'ayant pas de culte et vivant dans la contemplation, l'attente de la lumière, le besoin d'un culte pour la foule, la révélation d'un Dieu supérieur et de dieux secondaires qui ne sont que des attributs de la puissance suprême, les arches ou tabernacles visibles de ces divinités. Les dieux sortent de la ville aux sept grottes, et les arches qui les renferment ou les symbolisent sont déposées au milieu des forêts solitaires. De même dans l'Inde, les grottes sont les sanctuaires ou plutôt les symboles de la divinité; elles sont éclairées par des torches allumées au feu sacré, extrait du bois qui le recèle et ravi de force par le frottement. Ces grottes sont un symbole du dieu obscur, nu et vide, dont les formes ne nous apparaissent dans la création, qui seule se révèle, qu'à la clarté fugitive du Maya. Il est impossible de ne point être frappé de l'analogie qui existe entre les idées brahmaniques sur la divinité et les passages du Popol-Vuh cités plus haut.

      Mais si nous consultons les traditions beaucoup СКАЧАТЬ