Histoire fantastique du célèbre Pierrot. Assollant Alfred
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Название: Histoire fantastique du célèbre Pierrot

Автор: Assollant Alfred

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066087142

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СКАЧАТЬ mais modeste, aurait fait rire toute la cour. Pierrot ne reniait pas sa famille, mais il n'en parlait pas; c'était un commencement d'ingratitude.

      Quoi qu'il en soit, dès les premiers mots Pierrot fit merveille. La reine lui fit quelques questions et trouva ses réponses admirables. Le prince Horribilis lui dit des méchancetés qui furent repoussées avec fermeté par Pierrot, mais sans qu'il osât riposter à un si dangereux adversaire. La princesse Bandoline elle-même daigna détourner ses yeux de la glace où elle se contemplait elle-même, et après l'avoir considéré quelque temps au moyen d'un lorgnon à verre de vitre, elle se pencha vers sa mère et dit assez haut pour être entendue de Pierrot:

      —Il est assez bien de sa personne, ce petit.

      Ce fut le signal des compliments. Toute la cour se jeta sur Pierrot et voulut l'embrasser. Celui-ci ne savait comment se débarrasser de la foule d'amis qu'il avait acquis si subitement; il s'en tira pourtant avec assez de bonheur, grâce aux secours de la fée Aurore qui, sans se montrer, lui soufflait toutes ses réponses.

      Pour que la leçon fût complète, elle voulut aider elle-même à sa fortune.

      La voix de Vantripan fit cesser ce tumulte.

      —Pierrot, dit-il, tu me plais, et je t'attache à notre personne sacrée. Je te donne une compagnie dans mes gardes.

      —Il faut convenir, pensa Pierrot, que je suis né coiffé. Qui m'aurait dit cela dans la forêt des Ardennes?

      Il se précipita aux genoux du roi, baisa sa main royale et celles de la reine et de la belle Bandoline; quant au prince Horribilis, au moment où Pierrot s'avançait pour la même cérémonie, il lui appliqua sur le nez une croquignole si vive, que le malheureux page recula de trois pas.

      —Qu'est-ce? dit Vantripan.

      —C'est votre nouveau capitaine qui vient de se heurter le nez, dit sur-le-champ Horribilis.

      Pierrot n'osa le démentir.

      —A-t-il de l'esprit, mon bel Horribilis! dit la reine qui avait vu donner la croquignole.

      —Assez, répondit négligemment la belle Bandoline, qui lissait ses cheveux avec ses doigts blancs comme la neige.

      —Maintenant, dit Vantripan en se levant, nous avons assez travaillé aujourd'hui. Si nous faisions une petite collation?

      Tout le monde le suivit, même Pierrot, qui fit collation, et soupa avec messieurs les capitaines des gardes.

      Dès le lendemain il entra en fonction, fit l'exercice du cheval et du sabre, et montra des dispositions admirables.

      En peu de jours il l'emporta sur tous ses camarades, ce qui lui ôta le peu d'amis qu'aurait pu lui laisser sa rapide fortune. Si facile à réparer que fût cette perte, Pierrot s'y montra sensible: il n'était pas encore accoutumé au bel air de la cour et aux usages du monde.

      Un mois après l'arrivée de Pierrot, le bruit se répandit que le géant Pantafilando, empereur des îles Inconnues, sur la réputation de beauté de la princesse Bandoline, la faisait demander en mariage. Tout le monde sait que les îles Inconnues, semblables à l'île de Barataria du fameux Sancho Pança, sont situées en terre ferme à cinq cents lieues au nord des monts Altaï, et confinent au Kamtchatka. On sait aussi que ces îles sont appelées Inconnues à cause du grand éloignement où elles sont de la mer et des poissons, qui jamais n'en entendirent parler. L'occasion se présentera peut-être plus tard de donner sur cette géographie nouvelle quelques détails que j'emprunterai aux livres magiques du magicien Alcofribas. La description du magicien commence ainsi:

image

      Ce qui veut dire, dans la langue qu'emploient le diable et ses adeptes pour communiquer ensemble:

      Hrhadhaghâ, mhushkhokhinhgûm,

       Bhahrhatâ, Abbrakhadhabrâ.

      Et en français:

      Écoutez tous, petits et grands,

       Celui qui mange les petits enfants.

      Revenons à la demande en mariage du géant Pantafilando. Ce grand prince n'avait pas cru qu'elle pût être rejetée; aussi vint-il la faire lui-même à la tête de cent mille cavaliers qui entrèrent le sabre au poing dans la capitale de la Chine, et l'accompagnèrent à cheval jusqu'au grand escalier du palais du roi.

      Par hasard, Pierrot était de garde ce jour-là avec sa compagnie. Il fut un peu étonné de cet appareil, et descendit l'escalier pour tenir la bride du cheval, pendant que le géant mettait pied à terre avec toute sa suite. Pantafilando, remettant son cheval à un palefrenier nègre, monta les degrés côte à côte avec Pierrot.

      Au dernier, Pierrot se retourna et vit que les cent mille Tartares suivaient leur prince dans le palais. Il s'arrêta et dit au géant:

      —Sire, S.M. le roi de la Chine sera sans doute très-heureux de vous donner l'hospitalité dans son palais, mais il est bien difficile de loger tous ces braves cavaliers.

      —Eh bien, dit gaiement Pantafilando, ceux qui ne pourront pas entrer resteront dehors. D'ailleurs, mes soldats ne sont pas difficiles. N'est-ce pas, amis, que vous n'êtes pas difficiles?

      —Non, non, crièrent à la fois d'une voix de tonnerre les cent mille Tartares; nous ne sommes pas difficiles. Nous coucherons un peu partout.

      —Avez-vous la gale? cria Pantafilando.

      —Non.

      —Avez-vous la teigne?

      —Non.

      —Avez-vous la peste?

      —Non.

      —Entrez donc!

      Pierrot regarda autour de lui. La compagnie dont il avait le commandement était de cent hommes seulement, qui tremblaient de peur à la vue du seul Pantafilando. Engager le combat et faire respecter la consigne eût été folie. C'était mettre à feu et à sang la capitale de l'empire. Manquer à sa consigne, c'était se faire couper le cou, et Pierrot savait bien que le grand Vantripan n'y manquerait pas, ne fût-ce que pour se venger de la frayeur que lui inspirait l'empereur des îles Inconnues.

      —De quoi s'avise ce grand escogriffe, disait-il, de faire un pareil esclandre? S'il veut se marier, n'y a-t-il pas des filles dans son pays? Après tout, qu'est-ce qu'une femme? C'est un être plus petit que nous, plus bavard, plus médisant, plus paresseux, plus joli si l'on veut, qui porte plusieurs jupons et qui n'a pas de barbe. N'est-ce pas là de quoi massacrer des centaines de mille hommes et brûler tout un pays?

      A ce moment de ses réflexions, il sentit une douleur assez vive, comme si on lui tirait les oreilles. C'était la fée Aurore. Elle avait entendu ce beau monologue.

      —Pierrot, dit-elle, j'ai bien envie de te planter là, car tu n'es pas bon à grand'chose. Dis-moi, connais-tu ce beau vers de M. Legouvé?

      ...Parle mieux d'un sexe à qui tu dois ta mère.

      —Hélas! dit le pauvre capitaine, M. Legouvé s'est-il СКАЧАТЬ