La confession d'un abbé. Louis Ulbach
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Название: La confession d'un abbé

Автор: Louis Ulbach

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066086688

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СКАЧАТЬ par l'aiguillon du soleil. Elle étendit la main vers le manuscrit.

      —C'est pour moi? me dit-elle, avec une grâce simple et fière.

      Je balbutiai oui, et me levant à mon tour, je lui tendis mes vers.

      Elle hésita, baissa la tête, la releva.

      Que vit-elle en moi qui éteignit son beau sourire, qui dissipa la nuée lumineuse, qui rendit son visage froid, presque dur? Pouvait-elle se méprendre?

      —Je ne me connais pas en vers, reprit-elle d'un autre accent.

      Je voulais croire qu'elle disait cela par modestie. Les feuilles remuaient dans ma main. Son visage devint de marbre.

      —Je n'aime que la prose, ajouta-t-elle. Vous voilà prévenu. Ne perdez plus votre temps!

      Pourquoi cette dureté subite, cette méchanceté?

      Elle eut comme la conscience de cette cruauté inouïe; elle voulut l'adoucir.

      —Excusez-moi, monsieur d'Altenbourg. Je ne croyais pas vous surprendre, vous déranger dans un moment d'inspiration. Sans cela, je ne serais pas entrée. Continuez.

      Elle salua de la tête, s'éloigna. Elle allait sortir par la porte qui donnait sur l'escalier et par laquelle elle était entrée. Elle n'était donc pas montée, pour aller dans sa chambre.

      Craignit-elle que je fisse la remarque qu'elle était venue pour moi?

       Elle se retourna légèrement, mais soudainement, elle me dit:

      —Ces messieurs: proposaient de jouer ce soir une charade. Je venais vous demander de nous faire un petit scénario. Si j'avais su!… Voulez-vous venir en causer?… C'est mauvais de rester seul. Vous avez l'air de nous bouder.

      Elle sortit. La lumière qui emplissait la bibliothèque disparut avec elle.

      Je retombai dans le grand fauteuil de cuir que j'avais pris, rompu par une immense lassitude. Quelle créature compliquée, trop naïve ou trop corrompue pour moi, était-elle donc? Je faisais appel à mon courage, à ma psychologie, à mon amour? Lui seul me répondait et me forçait à l'aimer toujours, davantage encore, pour cette bizarrerie, pour cette énigme.

      Je ramassai mes vers, et, sans hésiter, je les déchirai en petits morceaux; puis comme j'étais embarrassé de ces débris que je ne pouvais laisser sur la table ou sur le parquet, je les jetai dans la grande cheminée vide, où rien n'était disposé pour faire du feu. Je les fis flamber avec une allumette de fumeur, et je les regardai brûler, en pensant assez singulièrement, par une vanité de poète qui essayait de panser mes déchirures d'amoureux:

      —Cela fera un peu de cendre qui s'éparpillera au moindre souffle dans la salle. Peut-être, en passant, verra-t-elle que je les ai brûlés, et aura-t-elle des remords!

      Je n'eus pas besoin de compter longtemps sur ce hasard.

      Le soir même, en sortant de table, pouvant me parier sans être entendue, dans un brouhaha universel, elle me dit, en se penchant à mon oreille:

      —J'ai voulu tantôt ménager votre amour-propre de calligraphe. Votre manuscrit me paraissait bien mal écrit. Je veux lire vos vers; vous me les copierez.

      —Je les ai brûlés.

      —Ils n'étaient pas bons?

      —Ils étaient inutiles.

      —Qu'en savez-vous?… Mais, vous vous les rappelez!

      —Non.

      —Alors vous m'en referez d'autres?

      Je m'inclinai, sans acquiescer à cette exigence capricieuse.

      —Vous ne voulez pas?

      —Quand j'écrirai pour vous, mademoiselle, ce sera en prose!

      La réponse qui prétendait à la finesse, à la dignité, était peut-être gauche, maladroite. Reine eut un faible sourire.

      —Après tout, reprit-elle, vous avez raison. La poésie est un mensonge.

       Les gens qui veulent dire nettement leur pensée, la disent en prose.

      Elle eut comme une rêverie rapide qui passa sur son beau front, et avec sentiment:

      —Cependant, s'il y avait en vous l'étoffe d'un grand poète, je ne me moquerais plus… mais je vous plaindrais.

      Elle s'était éloignée; elle revint à moi, en me tendant la main:

      —Sans rancune, n'est-ce pas?

      Je pris sa main, je la serrai doucement. C'était la première fois qu'elle me faisait l'honneur de cette familiarité de camarade.

      Si j'avais pu lui en vouloir, j'aurais été désarmé par cette étreinte amicale, et puis, je sentis à sa main une moiteur chaude qui me parut la révélation d'une petite fièvre dissimulée.

      Je n'avais pas besoin de lui jurer que je ne garderais aucune rancune.

       Elle le savait bien, et n'attendit pas de réponse.

      Deux ou trois fois dans la soirée, nos yeux se rencontrèrent: les siens étaient calmes, confiants. Je m'efforçais de ne laisser venir dans les miens aucune lueur de présomption, de contentement, d'indulgence.

      Quand il fut l'heure de se retirer, Gaston, le seul avant moi qui eût le privilège de serrer la main de mademoiselle de Chavanges, lui dit son bonsoir habituel accentué par un secouement du poignet, à l'anglaise, qui ne me rendait pas jaloux.

      En la saluant, j'essayai de constater, de confirmer le droit d'ami qu'elle m'avait donné; mais ses bras s'étaient croisés autour de sa taille, et, de la tête seulement, elle me donna un bonsoir quasi fraternel.

      Je passai la nuit entière à remuer en moi ces menus incidents de la journée. Au matin, j'étais bien las, et tout aussi incertain que la veille.

      Les deux journées que nous passâmes encore au château, n'eurent aucun épisode saillant. Reine parut me traiter comme tous ses hôtes; elle était forcée d'être aimable envers tout le monde; c'était un devoir dont sa grand'mère l'avait chargée. La seule marque de sympathie particulière que je m'attribuai, fut le sens que j'attachai à son adieu.

      —Nous repartirons pour Paris plus tôt que l'année dernière, me dit-elle. A bientôt!

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