Une femme d'argent. Hector Malot
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Название: Une femme d'argent

Автор: Hector Malot

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066088194

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СКАЧАТЬ XV; dans celles des enfants, dans celles à donner, dans les boudoirs, les cabinets de toilette, la salle de billard, enfin partout c'était le même entassement de beaux meubles et de belles étoffes: tenture, rideaux, lambrequins, tapis, consoles, tables, vitrines pleines d'objets précieux, sièges, porcelaines, faïence, lustres, lampadaires.

      Comment avait-on pu se procurer tout cela?

      C'était la question que se posaient ceux qui visitaient ce curieux musée.

      Comment la femme d'un employé de banque, si gros que fussent les appointements de cet employé, avait-elle pu acheter ces richesses artistiques?

      C'était une autre question que se posaient ceux qui connaissaient la situation et les ressources de Fourcy.

      Mais pour Fourcy lui-même, il ne se posait ni celle-ci ni celle-là: sa femme avait autant de chance que d'habileté, voilà tout; et ce tout était aussi simple que naturel: n'y a-t-il pas des gens qui ne font que de bonnes affaires quand d'autres n'en font que de mauvaises? Il voyait cela chaque jour autour de lui; sa femme était au nombre de ceux qui n'en font que de bonnes; pour qu'il s'étonnât il eût fallu que c'eût été le contraire qui se fût produit, et dans ce cas il ne l'eût très probablement pas cru: sa femme ne pas faire mieux que les autres en toutes choses, allons donc! c'était impossible.

      Pour ceux qui ne partageaient pas cette confiance maritale, la question était restée posée et bien souvent elle avait été agitée sans qu'on arrivât jamais à se mettre d'accord sur une réponse satisfaisante.

      —Fourcy n'a pas de fortune, n'est-ce pas?

      —Il a ses appointements.

      —Qu'il gagne trente mille francs, quarante mille francs si vous voulez, ce n'est pas avec cela qu'il peut faire face à ses dépenses: deux maisons, une à Paris, l'autre à la campagne; les toilettes de madame qui sans être ruineuses sont toujours élégantes et fraîches, l'éducation et l'entretien des enfants, la vie de tous les jours qui sans être follement dispendieuse chez eux est large cependant, tout cela prélevé que reste-il pour l'achat de ce mobilier?

      —On m'a dit que le tapis du salon qui est tout usé…

      —Celui qui a des armoiries aux quatre coins?

      —Justement, on m'a dit qu'il valait plus de vingt mille francs.

      —Valait… c'est un mot; mais ce qu'il a coûté, c'est une autre affaire.

      —En tous cas, c'est une idée singulière, vous en conviendrez, d'avoir sur un meuble qui vous appartient des armoiries qui ne sont pas à soi.

      —Les Fourcy n'ont pas d'armoiries, que je sache.

      —Alors, pourquoi achètent-ils des tapis armoriés?

      —Et la tapisserie des Gobelins?

      —Et la tenture en cuir de la salle à manger?

      —Et les statues en bois de l'escalier, celles qui tiennent un candélabre?

      —On m'a dit qu'il y en avait du même genre chez un marchand de la rue

       Bonaparte qui valent dix mille francs.

      —Pourquoi madame Fourcy ne veut-elle jamais indiquer ses marchands?

      —Elle a peur qu'on lui souffle ses occasions.

      —Croyez-vous à ces occasions?

      —Et vous?

      —J'ai entendu les mettre en doute.

      —Eh bien, alors?

      —Alors elles seraient encore meilleures que madame Fourcy ne le dit: ce qu'on ne paye pas du tout, coûtant encore moins cher que ce qu'on paye bon marché.

      —Est-ce possible?

      —Je n'en sais rien; c'est ce que j'ai entendu dire par des gens qui, ne pouvant pas s'expliquer autrement cette acquisition de meubles de grand prix, supposent qu'il n'y a pas acquisition, mais donation.

      —C'est invraisemblable.

      —Elle est assez belle encore pour qu'on fasse des folies pour elle.

      —Ce n'est pas cela que je veux dire, je proteste seulement contre la supposition qu'une femme comme madame Fourcy, une honnête femme, qui a le meilleur des maris, qui aime ses enfants, peut faire le métier d'une cocotte.

      —Protestez, c'est très bien, mais alors expliquez.

      —Quel serait cet amant généreux?

      —Il y en aurait plusieurs.

      —Qui?

      —On nomme le père Ladret.

      —Allons, un bonhomme de soixante-douze ans, un phoque, aussi laid que grossier.

      —Tout ce que vous voudrez, mais assez riche pour se passer toutes ses fantaisies et ne pas compter.

      —Eh bien, pour moi je n'admettrai jamais cela; je crois madame Fourcy une honnête femme, je crois qu'elle aime son mari qui l'adore, et je crois qu'elle a le respect de ses enfants.

      —Alors comment expliquez-vous ses dépenses?

      —Par des spéculations heureuses; puisqu'on cherche des raisons coupables pour expliquer sa liaison avec le vieux Ladret, pourquoi n'en cherche-t-on pas d'honnêtes pour expliquer son intimité avec La Parisière qui est à la Bourse et qui peut tout aussi bien faire les affaires de madame Fourcy qu'il fait celles d'autres personnes?

      —S'il en est ainsi, pourquoi ne le dit-elle pas?

      —Parce que Fourcy ne lui permettra certes pas de jouer à la Bourse.

      —C'est une explication, j'en conviens, mais Ladret aussi en est une; laquelle est bonne? la question reste posée.

      —Pas pour moi.

       Table des matières

      Fourcy aurait voulu aussitôt après le départ de M. Charlemont, courir à Nogent, car il n'y avait de joie complète pour lui que celle qu'il partageait avec sa femme; comme elle allait être heureuse! comme elle allait être fière de lui! ce n'était pas seulement leur fortune qui était assurée, c'était encore celle de leurs enfants. Lucien serait un jour l'associé de Robert; et si le marquis Collio avait pu hésiter à épouser la fille d'un employé, il n'hésiterait certes plus, maintenant que cet employé était l'associé de la maison Charlemont, le successeur officiel du grand Charlemont; c'était aussi une noblesse, celle-là.

      Mais précisément parce qu'il ne devait pas venir le lendemain à son bureau, il avait des affaires importantes à préparer ou à régler qui le retinrent à Paris, et il ne put partir que par le train de cinq heures et demie, ce qui ne lui faisait qu'une heure d'avance sur son arrivée de СКАЧАТЬ