Une femme d'argent. Hector Malot
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Название: Une femme d'argent

Автор: Hector Malot

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066088194

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СКАЧАТЬ de l'orpheline, mais Jacques n'avait pas voulut abandonner la petite Geneviève et il l'avait placée à ses frais dans une petite pension des environs de Paris, à Gonesse, où les prix étaient modérés et en rapport avec l'exiguïté de ses ressources. C'était par bonté, par devoir, qu'il s'était imposé cette charge, car alors il la connaissait à peine, n'ayant jamais eu de relations avec les parents de la petite, qui étaient d'assez mauvaises gens. Mais il avait été la voir quelquefois à son pensionnat, dans le commencement, toujours par devoir, pour qu'elle ne fût par trop malheureuse de son isolement, et peu à peu il s'était attaché à elle à mesure qu'elle avait grandi, qu'elle avait embelli et qu'il l'avait mieux connue, si bien que ses visites, plus fréquentes, n'avaient plus été inspirées par le simple devoir; mais par le plaisir, puis enfin par l'amour, et que, quand elle avait eu seize ans, il lui avait demandé si elle voulait devenir sa femme: il avait, lui trente-six ans, mais il venait d'être nommé caissier en chef de la maison Charlemont. Elle avait accepté.

       Table des matières

      Il y avait près d'un mois que M. Charlemont n'était venu à sa maison de banque, lorsqu'un matin on le vit descendre de son phaéton et tous les yeux qui pouvaient l'apercevoir se tournèrent d'un même mouvement vers la cour.

      Il arrivait d'Angleterre, où il avait été pour voir courir ses chevaux, disaient les uns, pour accompagner sa maîtresse la comédienne Céline Faravel, qui donnait des représentations à Londres, disaient les autres.

      Aussi s'éleva-t-il une rumeur dans les bureaux lorsque courut ce mot, répété de bouche en bouche: «Voilà le patron»; et plus d'un curieux se mit-il à la fenêtre.

      —Voyons donc s'il est changé.

      —Et pourquoi voulez-vous qu'il soit changé?

      —Dame, un mois de Céline Faravel!

      —Eh bien, après?

      —A son âge.

      —Il est plus jeune que vous qui avez trente ans; et puis ce n'est pas pour Céline Faravel qu'il a été à Londres, c'est pour ses chevaux.

      —Mettons que c'est pour ses chevaux et pour sa maîtresse.

      —Pour ses chevaux seulement, et il a joliment tiré profit de son voyage, il a vendu une part de son écurie de course à Naïma-Effendi pour cinq cent mille francs et il en garde la direction; si le Turc gagne quelque chose, je connais quelqu'un qui sera bien étonné.

      —Pas maladroit, le patron, quand il veut s'en donner la peine.

      —Le malheur est qu'il ne se donne de la peine que pour ce qui n'en vaut pas la peine; ah! s'il voulait employer son habileté au profit de la maison!

      —Enfin, le trouvez-vous changé?

      —Pas du tout; aussi vert, aussi fringant, aussi vainqueur que toujours, il ne changera jamais.

      Pendant ce temps, il avait monté l'escalier et, arrivé dans son cabinet, il avait tiré un cordon de sonnette, puis, quand il avait été installé dans un fauteuil en face de la fenêtre ouverte, il avait jeté sa jambe droite par dessus sa jambe gauche, et au domestique qui s'était empressé d'accourir, il avait adressé sa phrase habituelle:

      —Prévenez M. Fourcy que je suis arrivé.

      Pourcy s'était présenté presque aussitôt, suivi de son secrétaire chargé de papiers et M. Charlemont lui avait dit, comme d'ordinaire, sans se lever et en lui tendant la main:

      —Bonjour, Jacques, comment vas-tu?

      —C'est à vous, monsieur, qu'il faut adresser cette demande.

      —Bien, très bien, comme tu vois; quoi de nouveau?

      —Mes lettres, dit Fourcy, en s'asseyant au bureau, ont dû vous tenir au courant.

      —Elles ont dû, cela est vrai, seulement je t'avoue que je n'ai pas eu le temps de les lire toutes; j'ai été entraîné dans un tourbillon; c'était la fin de la saison, à peine ai-je trouvé le temps de faire ma toilette; sais-tu qu'à Londres, dans ce pays de la suie, il faut, pour être à peu près propre, changer de chemise trois ou quatre fois par jour; alors, tu comprends, n'est-ce pas?

      Fourcy comprit d'autant mieux qu'il était habitué à ces façons de son chef, l'homme de Paris assurément qui avait la plus vive répugnance pour la lecture manuscrite aussi bien qu'imprimée, et, tout de suite, sans perdre son temps en plaintes ou en remontrances vaines, il se mit à exposer, pièces en mains, ce qu'il avait déjà raconté par ses lettres, c'est-à-dire ce qui s'était passé pendant l'absence de M. Charlemont.

      Tout d'abord celui-ci écouta assez attentivement, décidant d'un mot les cas qui étaient soumis à son appréciation et qui exigeaient une solution; mais bientôt il donna des signes manifestes de fatigue et d'ennui; il s'agita sur son fauteuil, se pencha en avant, se rejeta en arrière, alluma un cigare, le lança dans le jardin après quelques bouffées; enfin, n'y tenant plus, il interrompit Fourcy:

      —Assez d'affaires pour aujourd'hui, dit-il, autre chose si tu veux bien.

      —Mais…

      —Autre chose que tu me pardonneras en ta qualité de père de famille, de bon père: donne-moi des nouvelles de Robert; rentré de cette nuit, je l'ai fait appeler ce matin, mais monsieur mon fils n'a pas couché chez lui; comment va-t-il?

      —Très bien et les nouvelles que je vous donne sont toutes fraîches, de ce matin même, car il a couché chez moi à Nogent; rassurez-vous donc.

      —Ce n'était pas de savoir où mon fils avait couché que j'étais préoccupé, mon brave Jacques, je ne suis pas un père bien sévère, d'ailleurs Robert a dix-neuf ans, et il est assez grand garçon pour coucher où bon lui semble; ces exigences sont bonnes pour un père tel que toi et non pour un père tel que moi, car si j'adressais cette question à mon fils: «Où as-tu couché?» il pourrait très bien me répondre: «Et toi?» ce qui serait quelquefois gênant.

      —Il ne se permettrait pas une pareille question.

      —Heu, heu; enfin je voulais tout simplement savoir comment il allait, car pendant cette absence, il ne m'a pas accablé de ses lettres…. Il est vrai que de mon côté je ne l'ai pas non plus accablé des miennes; pour tout dire, il me semble qu'il ne m'a pas écrit.

      —Dites que vous n'avez pas reçu ses lettres.

      —C'est possible; enfin, tu l'as vu pendant cette absence?

      —Très souvent, surtout en ces derniers temps, car je vous avoue que j'ai cherché à l'attirer à Nogent, et, grâce à sa camaraderie avec Lucien, j'ai réussi; depuis huit jours, il est à la maison et, comme j'ai donné un congé de quinze jours à Lucien, ils restent tous les deux à se promener aux environs, à pêcher, à faire du canotage.

      —Je suis enchanté de cela, Robert a tout à gagner avec Lucien, car ton fils est un brave garçon, il est digne de toi.

      La figure de Fourcy s'épanouit, non pour le compliment qui lui était adressé, СКАЧАТЬ