Une femme d'argent. Hector Malot
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Название: Une femme d'argent

Автор: Hector Malot

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066088194

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СКАЧАТЬ la Marne; tu seras là à ta place; tu sais bien que si j'ai jamais souhaité la fortune, ça été pour toi, pour le faire une niche qui ne soit pas indigne de ma divinité.

      —Bon Jacques!

      —Est-ce qu'il y a une plus grande joie au monde que de travailler pour sa femme et ses enfants? Voilà une satisfaction dont les riches sont privés.

      —Ils en ont d'autres.

      —Sans doute, mais ils n'ont pas celle-là qui vaut bien les autres.

      —Enfin comment la payer cette maison; as-tu l'argent?

      —Je l'aurai.

      —Tu l'aurais bien mieux si, au lieu de travailler exclusivement pour ta banque, tu avais voulu comme je te l'ai demandé cent fois travailler un peu pour toi.

      —Je n'étais pas mon maître, je me devais à celui qui m'employait.

      —Tu m'as dit cela vingt fois.

      —Il faut bien que je te le dise encore puisque tu y reviens.

      —Je n'y reviens que parce que tu vas te trouver en présence d'embarras qui ne te gêneraient pas à cette heure si tu avais voulu.

      —Si j'avais pu; en faisant des affaires pour mon compte, j'aurais mal fait celles de la banque Charlemont.

      —Ne discutons pas cela; dis-moi seulement comment tu espères payer cette maison.

      —Si elle n'est pas vendue plus de cent mille francs, comme j'ai tout lieu de l'espérer, cela me sera facile, et même je pourrai faire faire les réparations sans lésiner; seulement nous serons pris de court pour l'ameublement; mais en nous tenant dans une sage réserve, surtout en allant lentement, nous arriverons, nous serons à la campagne, non à Paris; il y a de si jolies choses à bon marché.

      —Donne-moi le soin de l'ameublement, laisse-moi faire comme je voudrai, et, de mon côté, je te laisse toute liberté pour l'acquisition et les réparations: livre-moi la maison, je la meublerai sans beaucoup dépenser.

      —Comment?

      —Tu verras cela: le beau ne se trouve pas réuni au bon marché dans le neuf; pour l'avoir, il faut attendre des occasions, laisse-moi les chercher.

       Table des matières

      Elle les avait cherchées ces occasions. Elle les avait trouvées.

      A partir du jour où l'achat de la maison de Nogent avait été réalisé et où les réparations avaient commencé, madame Fourcy n'avait plus été chez elle.

      Où était-elle du matin au soir?

      A chercher les occasions qui devaient lui permettre de meubler sa maison de campagne avec goût et aussi avec économie.

      Il n'est pas difficile au riche de trouver de belles choses; dix magasins les lui offrent avant qu'il ait parlé: il n'a qu'à choisir et à payer; et encore paye-t-il plus souvent qu'il ne choisit.

      Mais quand l'argent ne répond ni aux suggestions du désir ou de la fantaisie, ni aux exigences du goût ou aux besoins du moment, c'est une tout autre affaire.

      Il faut chercher.

      Il faut remplacer l'argent par le flair et la peine.

      Fourcy n'avait donc pas été surpris des fréquentes absences de sa femme; elle était en quête de quelque curiosité, elle travaillait pour les siens comme il travaillait lui-même, cela était tout naturel à ses yeux.

      Il est vrai que, comme il n'avait jamais eu le goût de la curiosité ni du bibelot, il aurait mieux aimé qu'au lieu de se donner tant de peine elle se contentât de choses simples et ordinaires qu'on aurait trouvées ou commandées chez les marchands: en meubles chez les ébénistes du faubourg Saint-Antoine, en étoffes dans les magasins de nouveautés; mais il ne lui avait jamais fait d'observations à ce sujet; elle lui avait cédé en consentant à habiter Nogent; n'était-il pas juste qu'il cédât maintenant aux désirs qu'elle pouvait avoir. D'ailleurs pourquoi l'eût-il contrariée, alors surtout que cette question d'ameublement était pour lui de si peu d'importance? La maison, sa vue, sa situation, oui cela le touchait et beaucoup, mais un meuble, une étoile, cela lui était tout à fait indifférent, le plus souvent même il ne remarquait pas les nouvelles acquisitions de sa femme.

      Ce qui eût provoqué son attention, c'eût été le prix de ces acquisitions s'il avait été excessif, mais au contraire il avait toujours été d'une extrême modération et tel qu'on ne pouvait être qu'émerveillé de la chance avec laquelle elle avait ces bonnes occasions, et de l'habileté avec laquelle elle en avait profité; mais quoi d'étonnant à cela, ne réussissait-elle pas tout ce qu'elle entreprenait?

      Elle avait si bien réussi cette affaire de l'ameublement de leur maison de Nogent, qu'en moins de deux ans cette maison était devenue une sorte de musée de choses curieuses et même précieuses.

      Ainsi, dans l'entrée on trouvait une suite de tapisseries flamandes du dix-septième siècle à personnages mythologiques, encadrées de bordures à médaillons représentant des oiseaux, admirables de conservation,—des vases en porcelaine de Chine, de Saxe et de Sèvres;—des tables-consoles avec dessus en mosaïque;—des chaises portugaises, à fond de cuir.

      Si les tapisseries de l'entrée étaient superbes, celles du grand salon étaient dignes d'un palais: signées Audran et exécutées aux Gobelins, elles représentaient des scènes tirées d'Esther. On sait combien sont rares les tapisseries de ce genre. Mais plus rare encore était le tapis étendu sur le parquet; c'était un tapis d'Orient d'une haute antiquité sans qu'il fût possible de lui attribuer une date certaine, aux couleurs bien éteintes par conséquent, à la laine bien usée et tellement que par places on voyait la trame, mais ce qui en plus de cette vénérable antiquité en faisait le mérite et la curiosité, c'étaient des armoiries dessinées aux quatre angles Comment des armoiries d'un chef féodal se trouvaient-elles sur un tapis fabriqué en Orient, depuis cinq ou six siècles? C'était là une question que ne se posaient point la plupart de ceux qui regardaient ce vieux tapis, mais qui intéressait vivement ceux qui étaient en état de l'étudier.

      Dans la salle à manger, ce n'étaient point des tapisseries qui recouvraient les murs, mais des cuirs de Cordoue à fond d'argent et à feuillage d'or, qui formaient une noble décoration que complétaient bien un ancien lustre hollandais en cuivre et des portières en vieux velours de Gênes grenat sur fond bouton d'or. L'escalier qui montait droit au premier étage continuait dignement l'entrée: au bas deux Sirènes de grandeur naturelle, et qui semblaient avoir été sculptées et peintes d'après un modèle de Paul Véronèse, tenaient dans leurs bras des candélabres en verre de Venise: elles reposaient sur des socles en brèche africaine, tandis que des portières et des cantonnières en brocatelle les enveloppaient à demi; de place en place en montant, des fanaux en bois sculpté et doré provenant de quelque ancienne galère, et sur le palier une couple de grands vase Médicis en porcelaine de Sèvres.

      Mais cet ameublement n'était pas combiné pour la seule ostentation; dans les appartements où ne pénétraient que les intimes on retrouvait les même choses de choix, collectionnées et disposées avec le même goût СКАЧАТЬ