Название: Les chasseurs de chevelures
Автор: Майн Рид
Издательство: Bookwire
Жанр: Книги для детей: прочее
isbn: 4064066090173
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—Grace a Dieu! pensai-je, je n'aurai pas du moins a craindre d'etre ainsi mis en pieces!
Je fus bientot delivre de cet affreux spectacle. Mes yeux n'arrivaient plus au niveau de la berge. Le vert tapis de la prairie avait eu mon dernier regard. Je ne pouvais plus voir maintenant que les murs de terre qui encaissaient le ruisseau, et l'eau qui coulait insouciante autour de moi. Une fois encore je levai les yeux au ciel, et avec un coeur plein de prieres, je m'efforcai de me resigner a mon destin. En depit de mes efforts pour etre calme, les souvenirs des plaisirs terrestres, des amis, du logis, vinrent m'assaillir et provoquerent par intervalles de violents paroxysmes pendant lesquels je m'epuisais en efforts reiteres, mais toujours impuissants. J'entendis de nouveau le hennissement de mon cheval. Une idee soudaine frappa mon esprit, et me rendit un nouvel espoir: peut-etre mon cheval…. Je ne perdis pas un moment. J'elevai ma voix jusqu'a ses cordes les plus hautes, et appelai l'animal par son nom. Je l'avais attache, mais legerement. Les branches de cactus pouvaient se rompre. J'appelai encore, repetant les mots auxquels il etait habitue. Pendant un moment tout fut silence, puis j'entendis les sons precipites de ses sabots, indiquant que l'animal faisait des efforts pour se degager; ensuite je pus reconnaitre le bruit cadence d'un galop regulier et mesure. Les sons devenaient plus proches encore et plus distincts, jusqu'a ce que l'excellente bete se montrat sur la rive au-dessus de moi. La, Moro s'arreta, secouant la tete, et poussa un bruyant hennissement. Il paraissait etonne, et regardait de tous cotes, renaclant avec force. Je savais qu'une fois qu'il m'aurait apercu, il ne s'arreterait pas jusqu'a ce qu'il eut pu frotter son nez contre ma joue, car c'etait sa coutume habituelle. Je tendis mes mains vers lui et repetai encore les mots magiques. Alors, regardant en bas, il m'apercut, et, s'elancant aussitot, il sauta dans le canal. Un instant apres, je le tenais par la bride.
Il n'y avait pas de temps a perdre; l'eau m'atteignait presque jusqu'aux aisselles. Je saisis la longe, et, la passant sous la sangle de la selle, je la nouai fortement, puis je m'entourai le corps avec l'autre bout. J'avais laisse assez de corde entre moi et la sangle pour pouvoir exciter et guider le cheval dans le cas ou il faudrait un grand effort pour me tirer d'ou j'etais. Pendant tous ces preparatifs, l'animal muet semblait comprendre ce que je faisais. Il connaissait aussi la nature du terrain sur lequel il se trouvait, car, durant toute l'operation, il levait ses pieds l'un apres l'autre pour eviter d'etre pris. Mes dispositions furent enfin terminees, et avec un sentiment d'anxiete terrible, je donnai a mon cheval le signal de partir. Au lieu de s'elancer, l'intelligent animal s'eloigna doucement comme s'il avait compris ma situation. La longe se tendit, je sentis que mon corps se deplacait, et, un instant apres, j'eprouvai une de ces jouissances profondes impossibles a decrire, en me trouvant degage de mon tombeau de sable. Un cri de joie s'echappa de ma poitrine. Je m'elancai vers mon cheval, je lui jetai mes deux bras autour du cou; je l'embrassai avec autant de delices que s'il eut ete une charmante jeune fille. Il repondit a mes embrassements par un petit cri plaintif qui me prouva qu'il m'avait compris. Je me mis en quete de mon rifle. Heureusement qu'il n'etait pas tres-enfonce, et je pus le ravoir. Mes bottes etaient restees dans le sable; mais je ne m'arretai point a les chercher. La place ou je les avais perdues m'inspirait un sentiment de profonde terreur.
Sans plus attendre, je quittai les bords de l'arroyo, et, montant a cheval je me dirigeai au galop vers la route. Le soleil etait couche quand j'arrivai au camp, ou je fus accueilli par les questions de mes compagnons etonnes:
—Avez-vous trouve beaucoup de chevres? Ou sont donc vos bottes?—Est-ce a la chasse ou a la peche que vous avez ete?
Je repondis a toutes ces questions en racontant mon aventure, et cette nuit-la encore je fus le heros du bivouac.
V
SANTA-FE.
Apres avoir employe une semaine a gravir les montagnes rocheuses, nous descendimes dans la vallee du Del-Norte, et nous atteignimes la capitale du Nouveau-Mexique, la celebre ville de Santa-Fe. Le lendemain, la caravane elle-meme arriva, car nous avions perdu du temps en prenant la route du sud, et les wagons, en traversant la passe de Raton, avaient suivi la voie la plus rapide. Nous n'eumes aucune difficulte relativement a l'entree de notre convoi, moyennant une taxe de cinq cents dollars d'alcavala pour chaque wagon. C'etait une extorsion qui depassait le tarif; mais les marchands etaient forces d'accepter cet impot. Santa-Fe est l'entrepot de la province, et le chef-lieu de son commerce. En l'atteignant, nous fimes halte et etablimes notre camp hors des murs.
Saint-Vrain, quelques autres proprietaires et moi nous nous installames a la fonda, ou nous cherchames dans le delicieux vin d'el Paso l'oubli des fatigues que nous avions endurees a travers les plaines. La nuit de notre arrivee se passa tout entiere en festins et en plaisirs. Le lendemain matin, je fus eveille par la voix de mons Gode, qui paraissait de joyeuse humeur et chantonnait quelques fragments d'une chanson de bateliers canadiens.
—Ah! monsieur, me cria-toi! en me voyant eveille, aujourd'hui, ce soir, il y a une grande funcion,—un bal—ce que les Mexicains appellent le fandago. C'est tres-beau, monsieur. Vous aurez bien sur un grand plaisir a voir un fandago mexicain.
—Non, Gode. Mes compatriotes ne sont pas aussi grands amateurs de la danse que les votres.
—C'est vrai, monsieur, mais un fandago! ca merite d'etre vu. Ca se compose de toutes sortes de pas: le bolero, la valse, la couna, et beaucoup d'autres; le tout melange de pouchero. Allez! monsieur, vous verrez plus d'une jolie fille aux yeux noirs et avec de tres-courts… Ah! diable!… de tres-courts… comment appelez-vous cela en americain?
—Je ne sais pas de quoi vous voulez parler.
—Cela! cela, monsieur.
Et il me montrait la jupe de sa blouse de chasse.
—Ah! pardieu, je le tiens!—Petticoes, de tres-courts petticoes. Ah! vraiment, vous verrez, vous verrez ce que c'est qu'un fandago mexicain.
Las ninas de Durango
Conmigo bailandas,
Al cielo saltandas
En el fan-dango—en el fan-dango.
Ah! voici M. de Saint-Vrain. Il n'a sans doute jamais vu un fandago. Sacristi! comme monsieur danse! comme un vrai maitre de ballets! Mais il est de sangre… de sang francais, vraiment. Voyez donc!
Al cielo saltandas
En el fan-dan-go—en el fan-dang…
—Eh! Gode?
—Monsieur.
—Cours a la cantine et demande, prends a credit, achete ou chippe une bouteille du meilleur Paso.
—Faut-il essayer de la chipper, monsieur Saint-Vrain? Demanda Gode avec une grimace significative.
—Non, vieux coquin de Canadien! paie-la, voila de l'argent. Du meilleur
Paso, tu entends? frais et brillant. Maintenant, vaya!
—Bonjour, mon brave dompteur de buffalos. Encore au lit, a ce que je vois.
—J'ai СКАЧАТЬ