Les chasseurs de chevelures. Майн Рид
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Les chasseurs de chevelures - Майн Рид страница 8

Название: Les chasseurs de chevelures

Автор: Майн Рид

Издательство: Bookwire

Жанр: Книги для детей: прочее

Серия:

isbn: 4064066090173

isbn:

СКАЧАТЬ singulier accident de terrain, ce qu'on appelle dans ces contrees un couteau des prairies, d'une petite elevation, coupait la plaine de l'est a l'ouest; un fourre de cactus couvrait une partie de son sommet. Je me dirigeai vers ce fourre. Je mis pied a terre au bas de la pente, et, conduisant mon cheval au milieu des cactus je l'attachai a une des branches. Puis je gravis avec precaution, a travers les feuilles epineuses, vers le point ou je m'imaginais avoir vu l'animal. A ma grande joie, j'apercus, non pas une antilope, mais un couple de ces charmants animaux, qui broutaient tranquillement, malheureusement trop loin pour que ma balle put les atteindre. Ils etaient au moins a trois cents yards, sur une pente douce et herbeuse. Entre eux et moi pas le moindre buisson pour me cacher, dans le cas ou j'aurais voulu m'approcher. Quel parti prendre? Pendant quelques minutes, je repassai dans mon esprit les differentes ruses de chasse usitees pour prendre l'antilope. Imiterais-je leur cri? Valait-il mieux chercher a les attirer en elevant mon mouchoir? Elles etaient evidemment trop farouches; car, de minute en minute, je les voyais dresser leurs jolies petites tetes et jeter un regard inquiet autour d'elles. Je me rappelai que la couverture de ma selle etait rouge. En l'etendant sur les branches d'un buisson de cactus, je reussirais peut-etre a les attirer. Ne voyant pas d'autre moyen, j'etais sur le point de retourner prendre ma couverture, quand tout a coup mes yeux s'arreterent sur sur une ligne de terre nue qui traversait la prairie, entre moi et l'endroit ou les animaux paissaient. C'etait une brisure dans la surface de la plaine, une route de buffalo ou le lit d'un arroyo. Dans tout les cas, c'etait le couvert dont j'avais besoin, car les antilopes n'en etaient pas a plus de cent yards, et s'en rapprochaient tout en broutant. Je quittai les buissons et me dirigeai, en me laissant glisser le long de la pente, vers le point ou l'enfoncement me paraissait le plus marque. La, a ma grande surprise, je me trouvai au bord d'un large arroyo, dont l'eau, claire et peu profonde, coulait doucement sur un lit de sable et de gypse. Les bords ne s'elevaient pas a plus de trois pieds du niveau, de l'eau, excepte a l'endroit ou l'escarpement venait rencontrer le courant. La, il y avait une elevation assez forte; je longeai la base, j'entrai dans le canal et me mis en devoir de le remonter. J'arrivai bientot, comme j'en avais l'intention, a la place ou le courant, apres avoir suivi une ligne parallele a l'escarpement, le traversait en le coupant a pic. La, je m'arretai, et regardai avec toutes sortes de precautions par-dessus le bord. Les antilopes s'etaient rapprochees a moins d'une portee de fusil de l'arroyo; mais elles etaient encore loin de mon poste. Elles continuaient a brouter tranquillement, insouciantes du danger. Je redescendis, et repris ma marche dans l'eau.

      C'etait une rude besogne que de marcher dans cette voie. Le lit de la ravine etait forme d'une terre molle qui cedait sous le pied, et il me fallait eviter de faire le moindre bruit, sous peine d'effaroucher le gibier; mais j'etais soutenu dans mes efforts par la perspective d'avoir de la venaison fraiche pour mon souper. Apres avoir peniblement parcouru quelques cents yards, je me trouvai en face d'un petit buisson d'absinthe qui touchait a la rive.

      —Je suis assez pres, pensai-je, et ceci me servira de couvert.

      Tout doucement je me dressai jusqu'a ce que je pusse voir a travers les feuilles. La position etait excellente. J'epaulai mon fusil, et, visant au coeur du male, je lachai la detente. L'animal fit un bond et retomba sur le flanc, sans vie. J'etais sur le point de m'elancer pour m'assurer de ma proie, lorsque j'observai que la femelle, au lieu de s'enfuir comme je m'y attendais, s'approchait de son compagnon gisant, et flairait anxieusement toutes les parties de son corps. Elle n'etait pas a plus de vingt yards de moi, et je distinguais l'expression d'inquietude et d'etonnement dont son regard etait empreint. Tout a coup, elle parut comprendre la triste verite, et, rejetant sa tete en arriere, elle se mit a pousser des cris plaintifs et a courir en rond autour de son corps inanime. Mon premier mouvement avait ete de recharger et de tuer la femelle; mais je me sentais desarme par sa voix plaintive qui me remuait le coeur. En verite, si j'avais pu prevoir un aussi lamentable spectacle, je ne me serais point ecarte de la route. Mais la chose etait sans remede.

      —Je lui ai fait plus de mal que si je l'avais tuee elle-meme, pensai-je; le mieux que je puisse faire pour elle, maintenant, c'est de la tuer aussi.

      En vertu de ce principe d'humanite, qui devait lui etre fatal, je restai a mon poste; je rechargeai mon fusil; je visai de nouveau, et le coup partit. Quand la fumee fut dissipee, je vis la pauvre petite creature sanglante sur le gazon, la tete appuyee sur le corps de son male inanime. Je mis mon rifle sur l'epaule, et je me disposais a me porter en avant, lorsque, a ma grande surprise, je me sentis pris par les pieds. J'etais fortement retenu, comme si mes jambes eussent ete serrees dans un etau! Je fis un effort pour me degager, puis un second, plus violent, mais sans aucun succes: au troisieme, je perdis l'equilibre, et tombai a la renverse dans l'eau. A moitie suffoque, je parvins a me mettre debout, mais uniquement pour reconnaitre que j'etais retenu aussi fortement qu'auparavant. De nouveau je m'agitai pour degager mes jambes; mais je ne pouvais les ramener ni en avant, ni en arriere, ni a droite, ni a gauche; de plus, je m'apercus que j'enfoncais peu a peu. Alors l'effrayante verite se fit jour dans mon esprit: j'etais pris dans un sable mouvant!

      Un sentiment d'epouvante passa dans tout mon etre. Je renouvelai mes efforts avec toute l'energie du desespoir. Je me penchais d'un cote, puis de l'autre, tirant a me deboiter les genoux. Mes pieds etaient toujours emprisonnes; impossible de les bouger d'un pouce. Le sable elastique s'etait moule autour de mes bottes de peau de cheval, et collait le cuir au-dessus des chevilles, de telle sorte que je ne pouvais en degager mes jambes, et je sentais que j'enfoncais de plus en plus, peu a peu, mais irresistiblement, et d'un mouvement continu, comme si quelque monstre souterrain m'eut tout doucement tire a lui! Je frissonnai d'horreur, et je me mis a crier au secours! Mais qui pouvait m'entendre! il n'y avait personne dans un rayon de plusieurs milles, pas un etre vivant.

      Si pourtant: le hennissement de mon cheval me repondit du haut de la colline, semblant se railler de mon desespoir. Je me penchai en avant autant que ma position me le permettait, et, de mes doigts convulsifs, je commencai a creuser le sable. A peine pouvais-je en atteindre la surface, et le leger sillon que je tracais etait aussitot comble que forme. Une idee me vint. Mon fusil mis en travers pourrait me supporter. Je le cherchai autour de moi. On ne le voyait plus. Il etait enfonce dans le sable. Pouvais-je me coucher par terre pour eviter d'enfoncer davantage? Non il y avait deux pieds d'eau; je me serais noye. Ce dernier espoir m'echappa aussitot qu'il m'apparut. Je ne voyais plus aucun moyen de salut. J'etais incapable de faire un effort de plus. Une etrange stupeur s'emparait de moi. Ma pensee se paralysait. Je me sentais devenir fou. Pendant un moment, ma raison fut completement egaree.

      Apres un court intervalle, je recouvrai mes sens. Je fis un effort pour secouer la paralysie de mon esprit, afin du moins d'aborder comme un homme doit le faire, la mort, que je sentais inevitable. Je me dressai tout debout. Mes yeux atteignaient jusqu'au niveau de la prairie, et s'arreterent sur les victimes encore saignantes de ma cruaute. Le coeur me battit a cette vue. Ce qui m'arrivait etait-il une punition de Dieu? Avec un humble sentiment de repentir, je tournai mon visage vers le ciel, redoutant presque d'apercevoir quelque signe de la colere celeste…. Le soleil brillait du meme eclat qu'auparavant, et pas un nuage ne tachait la voute azuree. Je demeurai les yeux leves au ciel, et priai avec une ferveur que connaissent ceux-la seulement qui se sont trouves dans des situations perilleuses analogues a celle ou j'etais.

      Comme je continuais a regarder en l'air, quelque chose attira mon attention. Je distinguai sur le fond bleu du ciel la silhouette d'un grand oiseau. Je reconnus bientot l'immonde oiseau des plaines, le vautour noir. D'ou venait-il? Qui pouvait le savoir? A une distance infranchissable pour le regard de l'homme, il avait apercu ou senti les cadavres des antilopes, et maintenant sur ses larges ailes silencieuses il descendait vers le festin de la mort. Bientot un autre, puis encore un, puis une foule d'autres se detacherent sur les champs azures de la voute celeste, et, decrivant de larges courbes, s'abaisserent silencieusement vers la terre. Les premiers arrives se poserent sur le bord de la rive, et apres avoir jete un coup d'oeil autour d'eux, se dirigerent vers leurs proies. Quelques secondes apres, la prairie etait noire de ces oiseaux immondes qui grimpaient sur les cadavres des antilopes, et battaient de l'aile en enfoncant leurs becs fetides dans les yeux de leurs proies. Puis vinrent les loups decharnes, affames, sortant des fourres СКАЧАТЬ