Les compagnons de Jéhu. Alexandre Dumas
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Название: Les compagnons de Jéhu

Автор: Alexandre Dumas

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066088774

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СКАЧАТЬ Ah çà! c'est donc toi qui as donné un coup d'épée à Valence? lui demanda-t-il. — Dame! général, répondit le nouveau capitaine et le futur aide de camp, vous étiez là quand je le lui ai promis: un soldat n'a que sa parole.

      Huit jours après, le capitaine Montrevel faisait le service d'officier d'ordonnance près du général en chef qui avait remplacé son prénom de Louis, malsonnant à cette époque, par le pseudonyme de Roland.

      Et le jeune homme s'était consolé de ne plus descendre de saint

       Louis en devenant le neveu de Charlemagne.

      Roland — nul ne se serait avisé d'appeler le capitaine Montrevel

       Louis, du moment où Bonaparte lavait baptisé Roland — Roland fit

       avec le général en chef la campagne d'Italie, et revint avec lui à

       Paris, après la paix de Campo-Formio.

      Lorsque lexpédition d'Égypte fut décidée, Roland, que la mort du général de brigade de Montrevel, tué sur le Rhin tandis que son fils combattait sur l'Adige et le Mincio, avait rappelé près de sa mère, Roland fut désigné un des premiers par le général en chef pour prendre rang dans l'inutile mais poétique croisade qu'il entreprenait.

      Il laissa sa mère, sa soeur Amélie et son jeune frère Édouard à Bourg, ville natale du général de Montrevel; ils habitaient à trois quarts de lieue de la ville, c'est-à-dire aux Noires- Fontaines, une charmante maison à laquelle on donnait le nom de château, et qui, avec une ferme et quelques centaines d'arpents de terre situés aux environs, formait toute la fortune du général, six ou huit mille livres de rente à peu près.

      Ce fut une grande douleur au coeur de la pauvre veuve que le départ de Roland pour cette aventureuse expédition; la mort du père semblait présager celle du fils, et madame de Montrevel, douce et tendre créole, était loin d'avoir les âpres vertus d'une mère de Sparte ou de Lacédémone.

      Bonaparte, qui aimait de tout son coeur son ancien camarade de l'École militaire, avait permis à celui-ci de le rejoindre au dernier moment à Toulon.

      Mais la peur d'arriver trop tard empêcha Roland de profiter de la permission dans toute son étendue. Il quitta sa mère en lui promettant une chose qu'il n'avait garde de tenir: c'était de ne s'exposer que dans les cas d'une absolue nécessité, et arriva à Marseille huit jours avant que la flotte ne mît à la voile.

      Notre intention n'est pas plus de faire une relation de la campagne d'Égypte que nous n'en avons fait une de la campagne d'Italie. Nous n'en dirons que ce qui sera absolument nécessaire à l'intelligence de cette histoire et au développement du caractère de Roland.

      Le 19 mai 1798, Bonaparte et tout son état-major mettaient à la voile pour l'Orient; le 15 juin, les chevaliers de Malte lui rendaient les clefs de la citadelle. Le 2 juillet, l'armée débarquait au Marabout; le même jour, elle prenait Alexandrie; le 25, Bonaparte entrait au Caire après avoir battu les mameluks à Chébreïss et aux Pyramides.

      Pendant cette suite de marches et de combats, Roland avait été l'officier que nous connaissons, gai, courageux, spirituel, bravant la chaleur dévorante des jours, la rosée glaciale des nuits, se jetant en héros ou en fou au milieu des sabres turcs ou des balles bédouines.

      En outre, pendant les quarante jours de traversée, il n'avait point quitté l'interprète Ventura; de sorte qu'avec sa facilité admirable, il était arrivé, non point à parler couramment l'arabe, mais à se faire entendre dans cette langue.

      Aussi arrivait-il souvent que, quand le général en chef ne voulait point avoir recours à linterprète juré, c'était Roland qu'il chargeait de faire certaines communications aux muftis, aux ulémas et aux cheiks.

      Pendant la nuit du 20 au 21 octobre, le Caire se révolta; à cinq heures du matin, on apprit la mort du général Dupuy, tué d'un coup de lance; à huit heures du matin, au moment où l'on croyait être maître de linsurrection, un aide de camp du général mort accourut, annonçant que les Bédouins de la campagne menaçaient Bab-el-Nasr ou la porte de la Victoire.

      Bonaparte déjeunait avec son aide de camp Sulkowsky, grièvement blessé à Salahieh, et qui se levait à grand-peine de son lit de douleur.

      Bonaparte, dans sa préoccupation, oublia l'état dans lequel était le jeune Polonais.

      — Sulkowsky, dit-il, prenez quinze guides, et allez voir ce que nous veut cette canaille.

      Sulkowsky se leva.

      — Général, dit Roland, chargez-moi de la commission; vous voyez bien que mon camarade peut à peine se tenir debout.

      — C'est juste, dit Bonaparte; va.

      Roland sortit, prit quinze guides et partit.

      Mais l'ordre avait été donné à Sulkowsky, et Sulkowsky tenait à l'exécuter.

      Il partit de son côté avec cinq ou six hommes qu'il trouva prêts.

      Soit hasard, soit qu'il connût mieux que Roland les rues du Caire, il arriva quelques. secondes avant lui à la porte de la Victoire.

      En arrivant à son tour, Roland vit un officier que les Arabes emmenaient; ses cinq ou six hommes étaient déjà tués. Quelquefois les Arabes, qui massacraient impitoyablement les soldats, épargnaient les officiers dans l'espoir d'une rançon.

      Roland reconnut Sulkowsky; il le montra de la pointe de son sabre à ses quinze hommes, et chargea au galop.

      Une demi-heure après, un guide rentrait seul au quartier général, annonçant la mort de Sulkowsky, de Roland et de ses vingt et un compagnons. Bonaparte, nous l'avons dit, aimait Roland comme un frère, comme un fils, comme il aimait Eugène; il voulut connaître la catastrophe dans tous ses détails et interrogea le guide.

      Le guide avait vu un Arabe trancher la tête de Sulkowsky et attacher cette tête à l'arçon de sa selle.

      Quant à Roland, son cheval avait été tué. Pour lui, il s'était dégagé des étriers et avait combattu un instant à pied; mais bientôt il avait disparu dans une fusillade presque à bout portant.

      Bonaparte poussa un soupir, versa une larme, murmura: «Encore un!» et sembla n'y plus penser.

      Seulement, il s'informa à quelle tribu appartenaient les Arabes bédouins qui venaient de lui tuer deux des hommes qu'il aimait le mieux.

      Il apprit que c'était une tribu d'Arabes insoumis dont le village était distant de dix lieues à peu près.

      Bonaparte leur laissa un mois, afin qu'ils crussent bien à leur impunité; puis, un mois écoulé, il ordonna à un de ses aides de camp, nommé Croisier, de cerner le village, de détruire les buttes, de faire couper la tête aux hommes, de mettre les têtes dans des sacs, et d'amener au Caire le reste de la population, c'est-à-dire les femmes et les enfants.

      Croisier exécuta ponctuellement l'ordre; on amena au Caire toute la population de femmes et d'enfants que l'on put prendre, et, parmi cette population, un Arabe vivant, lié et garrotté sur son cheval.

      — Pourquoi cet homme vivant? demanda Bonaparte; j'avais dit СКАЧАТЬ