Essais d'un dictionnaire universel. Fournier Edouard
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Essais d'un dictionnaire universel - Fournier Edouard страница 13

Название: Essais d'un dictionnaire universel

Автор: Fournier Edouard

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

Серия:

isbn:

isbn:

СКАЧАТЬ poussée davantage au feu.

      Les Peintres distinguent aussi les couleurs en legéres & en pesantes; sous le blanc on comprend toutes les couleurs légéres. L'outremer est mis au rang des couleurs légéres. Sous le noir on comprend toutes les couleurs pesantes & terrestres. Le brun-rouge, la terre d'ombre: le verd-brun & le bistre sont les couleurs les plus pesantes & les plus terrestres aprés le noir. Les Peintres appellent aussi couleurs rompuës, les couleurs trop vives qu'ils affoiblissent par le mêlange d'autres plus sombres. On dit que l'azur d'outremer est rompu de laque & d'ocre jaune, pour dire qu'il y entre un peu de ces couleurs. Les couleurs rompuës servent à l'union & à l'accord des couleurs, soit dans les tournans des corps, soit dans leurs ombres. On appelle couleurs noyées, celles qui s'affoiblissent insensiblement, comme sont celles que forment les nuances. Et on appelle un ton de couleur, un degré de couleur, par rapport au clair obscur. Les couleurs changeantes sont celles qui dépendent de la situation des objets à l'égard de la lumiére, comme celle des taffetas changeans, de la gorge des pigeons, &c. néanmoins quand on regarde attentivement avec un bon microscope les plumes de la gorge d'un pigeon, on voit que chaque petit fil de ses plumes est composé de plusieurs petits carrez alternativement rouges & verds, & ainsi ce sont des couleurs fixes. Le Pere Kircher dit que les couleurs changeantes qu'on void sur les plumes des pigeons & des paons viennent de ce que ces plumes sont diaphanes, & d'une figure semblable à celle des triangles de cristal, ou primes de verre, qui étant opposez à la lumiére font voir des iris. Les couleurs fixes & permanentes ne se font point par des réflexions comme les changeantes, mais par le passage de la lumiére à travers certains corps, soit en les traversant entiérement, soit en se reflêchissant sur quelques-unes de leurs parties internes, ou aprés avoir un peu pénétré leurs superficies. Il y a deux ordres differens dans les couleurs, pour passer du blanc au noir; l'un est le blanc, le jaune, le rouge, & le noir; l'autre est le blanc, le bleu, le violet & le noir; c'est la doctrine du Sieur Mariotte dans l'excellent Livre qu'il a fait des couleurs. Il y a des couleurs ou teintures fixes, comme la teinture jaune de l'or, ou la bleuë du lapis lazuli, que le feu ne diminuë point, & il est trés-difficile de les tirer par les dissolvans ordinaires.

      Couleur, se dit encore des corps solides, des drogues qui servent aux Peintres & aux Teinturiers pour faire paroître ces couleurs. Un Peintre prépare ses couleurs sur sa palette. On appelle de mauvais Peintres des broyeurs de couleurs; & quand on dit que l'air mange les couleurs, on entend que son intemperie détache de petits corps des sujets, sur lesquels elles avoient été attachées, lors de leur teinture.

      Couleur, est quelquefois opposée au noir, parce qu'en effet le noir n'est pas une couleur, à cause qu'il imbibe toute la lumiére, & qu'il n'en refléchit aucune partie. En ce sens on dit que les gens de guerre, & les Courtisans portent des habits de couleur, & que les gens de robbe, ou d'Eglise en portent de noirs.

      En approchant de ce sens on appelle couleur haute, couleur rude, couleur forte, gaye, couleur éclatante, couleur claire, celle qui refléchit à nos yeux plus de rayons de lumiére, comme la couleur de cerise, la couleur de feu, l'incarnat; & au contraire on appelle couleur douce, sombre, morne, triste, modeste, celle qui en refléchit le moins, comme le gris de lin, feüille-morte, couleur d'olive, couleur de pensée, &c.

      Couleur d'eau, c'est un certain brillant violet qu'acquiert le fer bien poli, quand il a passé au feu dans un certain degré de chaleur.

      On dit qu'on met une chose en couleur, quand on rafraîchit les peintures, quand on les décrasse, quand on y met du vernis, & autres drogues qui en font revivre, ou paroître les couleurs à demi effacées.

      Nuance de couleurs, est une certaine disposition de la même couleur, mêlangée & montant par degrez depuis le plus clair jusqu'au plus obscur: leurs noms seront expliquez à leur ordre.

      Couleur se dit aussi de la disposition du teint, du visage, & des chairs. Les gens qui se portent bien ont la couleur vermeille, sont hauts en couleur. Les Espagnols ont la couleur olivastre. Les filles qui ont leurs ordinaires ont la couleur plombée; celles qui sont trop amoureuses ont les pâles couleurs. Quand la cangrene paroît, elle rend la chair de couleur livide.

      On le dit aussi des alterations qui se font au visage par les mouvemens interieurs de l'Ame. Un reproche veritable fait à un homme, le fait changer de couleur, il rougit de honte, & pâlit de colere. La couleur lui a monté au visage, pour dire il a rougi.

      Couleur, se dit encore des changemens qui arrivent aux corps par la differente cuisson & application du feu, & sur tout en Chymie. Ce pain, ce rost est cuit, mais il n'a pas encore assez de couleur. Les Chymistes admirent les changemens de couleurs qui se font dans les métaux, & cherchent sur tout le beau rouge, le beau citrin, qui sont les couleurs de la Benoiste.

      Couleur, en termes de Fleuriste, se dit d'une tulippe qui n'est que d'une couleur, dont la plus fantasque est la plus estimée: On a mis les panachées dans ces carreaux, & les couleurs sont dans les costieres.

      Couleur, en termes de blason, est une des principales désignations des piéces de l'Ecu: On n'en admet que cinq, gueule c'est le rouge, azur le bleu, sinople le verd, le sable le noir, le pourpre est mêlangé de gueules & d'azur: leurs significations seront expliquées à leur ordre, c'est une maxime qu'il ne faut point mettre couleur sur couleur, ni métail sur métail.

      COUPELLE. s. f. Petit vaisseau plat préparé pour essayer les métaux; il est fait de cendres de bois leger, comme aubier de chêne, & de cendres d'os sans moëlle, comme de pieds de mouton. Dans ce vaisseau on fait fondre l'or, ou l'argent qu'on veut éprouver, ou purger, sur un feu ardent de charbon, & on y mêle un peu de plomb, lequel s'imbibe dans ce creuset, ou s'évapore; & il emporte avec lui toute l'impureté du métail.

      On dit figurément qu'un homme a passé par la coupelle, quand il a subi un trés-severe examen, quand il a été bien seigné, & bien purgé, aprés une grande maladie, comme on examine & on purge les métaux par la coupelle.

      D

      DEGRÉ s. m. Terme d'Architecture, escalier, montée qui sert à monter & descendre du haut en bas d'un Bâtiment. Il y a un beau degré en rampe à la Chambre des Comptes. Un petit degré est fort commode pour dégager les appartemens.

      Degré. Est aussi chaque marche d'un escalier: Il lui a fait sauter les degrez quatre à quatre.

      Degré. Se dit figurément des choses qui servent de moyens pour parvenir à une plus haute, ainsi Corneille a dit d'Auguste dans le Cinna:

      Que de ses propres mains mon pere massacré

      Du Trône où je le voi fait le premier degré.

      En Morale on dit qu'il faut aller de degré en degré, venir au dernier degré de perfection, au plus haut degré d'honneur, de gloire, de vertu: Venir d'Avocat Conseiller, Maître des Requêtes, Président; de Soldat, Enseigne, Lieutenant, Capitaine, c'est monter par degrez: On le dit aussi en mauvaise part. Il est méchant, avare, orgueilleux au dernier, au souverain degré.

      Degré. Se dit aussi des marques, ou divisions de plusieurs choses, qui reçoivent du plus ou du moins, qui vont en descendant, ou successivement les unes aprés les autres: ainsi on dit en Théologie il y a plusieurs degrez de gloire dans le Paradis, plusieurs degrez de peine dans l'Enfer: les vertus Chrêtiennes sont autant de degrez СКАЧАТЬ