Histoire Anecdotique de l'Ancien Théâtre en France, Tome Second. Du Casse Albert
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СКАЧАТЬ je suis tout couvert de ton déluge infect, etc., etc.

      Or, Jodelet et Don Japhet sont les deux meilleurs produits littéraires et dramatiques du poëte Scarron, et on peut ajouter que ces comédies sont aussi pitoyables par le fond que par la forme. Empruntées à la mauvaise école espagnole, elles eurent cependant, nous devons le dire, jusqu'à la venue de Molière, un grand succès non-seulement près des bons habitants de la ville de Paris, mais auprès du Grand Roi et de sa cour. Nous avouerons même encore qu'en 1763, on les reprit et que Don Japhet fut très-suivi; l'auteur des Mémoires secrets en fait le plus grand éloge, il le préfère à beaucoup des pièces de cette époque qui sont cependant, à notre avis, infiniment plus supportables.

      Avant de parler du père véritable de la bonne et saine comédie en France, de l'immortel Molière, qu'on nous permette une anecdote à propos du Menteur de Corneille. Cette charmante pièce, représentée en 1642, était restée classique à la scène, et beaucoup de vers qu'on y trouvait avaient passé en proverbe. Un grand seigneur contait un jour à table des anecdotes peu véridiques. Un homme d'esprit, se tournant vers le laquais de ce personnage et l'apostrophant du nom du laquais du Menteur: – «Clisson, lui dit-il, donnez à boire à votre maître.»

      XIV

      MOLIÈRE

      Molière, de 1620 à 1673. – Son voyage dans le Midi (1641). – Son entrée dans la troupe de la Béjart (1652). —La comédie de l'Étourdi.– Son succès. – L'Illustre Théâtre, débuts de la troupe à Paris (24 octobre 1658). – La troupe de Monsieur. – Ouverture de la salle du Petit-Bourbon (3 novembre 1658). – Rivalité avec la troupe de l'hôtel de Bourgogne. —Le Dépit amoureux (1658). —Les Précieuses ridicules (1659). – Anecdotes. – L'hôtel Rambouillet. – Bon mot de Ménage. – Influence de la comédie des Précieuses sur les mœurs de l'époque. —Le Cocu imaginaire.– Anecdotes. – La troupe de Molière au Palais-Royal (4 novembre 1660). —Don Garcie de Navarre (1661). – Chute de cette comédie héroïque. —L'École des maris (1661). —Les Fâcheux (1661). – Anecdotes. —Le Fâcheux Chasseur.L'École des femmes (1662). —La Critique de l'École des femmes (1663). – Anecdotes. – Citations. – Tarte à la crème du duc de la Feuillade. —Le Portrait du peintre, de Boursault, et l'Impromptu de Versailles, de Molière. – Double utilité de cette dernière comédie. – Déchaînement des ennemis de Molière contre le grand auteur. – Louis XIV le venge par ses bienfaits. —La Princesse d'Élide (1664). – Les trois premiers actes du Tartuffe aux fêtes de Versailles. —Psyché.Le Festin de pierre ou la Statue du Commandeur (1665). – Anecdote. —L'Amour médecin (1665). —Le Misanthrope (1666). – Anecdote. – La comédie du Misanthrope devant les acteurs du Théâtre-Français. – La troupe de Molière troupe du Roi (août 1665). – Le Tartuffe (1667). – Anecdotes. – Plaisanterie de l'acteur Armand. —Le Sicilien (1667). —Amphitryon (1668). —Georges Dandin (1668). —L'Avare (1668). – Dernières pièces de Molière, de 1668 à 1673. – Anecdotes. – Anecdotes relatives à l'Avare. —Monsieur de Pourceaugnac (1669). —Le Bourgeois gentilhomme (1670). —Les Femmes savantes (1672). —Le Malade imaginaire (1673). – Lully en Pourceaugnac. – Anecdote relative à la comédie de la Comtesse d'Escarbagnas. – Jugement sur Molière.

      Jean-Baptiste Poquelin, qui prit plus tard le nom illustre de Molière, naquit à Paris en 1620 et y mourut en 1673. Tout le monde sait que cet homme célèbre, fils et petit-fils de valet de chambre, tapissier du Roi, montra dès son enfance une véritable passion pour l'étude et une grande vocation pour le théâtre; que son grand-père l'encourageait dans ses instincts naturels, et que son père, au contraire, le retenait; que le jeune enfant n'obtint qu'avec peine de faire quelques études à Paris au collége de Clermont1, où il se lia avec plusieurs hommes qui acquirent par la suite un nom dans les lettres. Nous ne nous arrêterons donc pas à Poquelin enfant, tapissier du roi par charge héréditaire, studieux élève des Jésuites, non moins studieux élève de Gassendi, dans les leçons duquel il puisa les principes de justesse et les préceptes de philosophie qui lui servirent de guide dans ses ouvrages. Nous prendrons Molière fait homme, quoique bien jeune encore, et forcé, en 1641, de remplacer dans sa charge de tapissier son père tombé malade; nous le prendrons contraint de suivre le roi Louis XIII à Narbonne, interrompant ainsi des études qui faisaient toute sa joie pour se livrer à des fonctions diamétralement opposées à ses goûts.

      Ce voyage en Languedoc ne fut cependant pas inutile au jeune Poquelin. Lorsqu'on veut étudier, on le peut toujours, surtout si la nature est le sujet de l'étude, car la nature se trouve partout. Or, dès cette époque, l'objet des méditations de Molière, c'était la nature humaine. Certes, il avait autour de lui, à la cour de Louis XIII, assez d'originaux à observer, assez de types à graver dans son esprit, assez de passions à critiquer, pour trouver un aliment à sa naissante philosophie. Que de portraits ne devait pas puiser dans l'entourage du prince un aussi grand peintre de mœurs?

      A son retour à Paris, en 1652, l'apprenti tapissier ne put résister plus longtemps à la voix secrète qui le poussait au théâtre. A cette époque, et depuis que le Cardinal de Richelieu avait régné de fait sur la France, le goût des spectacles s'était généralisé dans le royaume. Plusieurs troupes de comédiens ou sociétés donnaient des représentations, couraient même la province. Le jeune Poquelin se fit recevoir dans l'une d'elles au grand désespoir de sa famille, et changea son nom en celui de Molière.

      La troupe dans laquelle il fut affilié, était exploitée par une comédienne, la Béjart, qui ne tarda pas à comprendre tout le parti qu'elle pouvait tirer pour elle de son association avec un jeune homme aussi intelligent que paraissait l'être sa nouvelle recrue. On était en 1645; les comédiens de la Béjart n'ayant pas eu de succès à Paris sur les tréteaux aux fossés de la porte de Nesle (aujourd'hui rue Mazarine) ni au port Saint-Paul, s'établirent au jeu de paume de la Croix-Blanche (faubourg Saint-Germain). Là ils réussirent quelque temps, et fiers de voir la foule se presser chez eux, ils baptisèrent leur théâtre du nom un peu ambitieux d'Illustre Théâtre.

      Pendant quelque temps, tout parut assez bien marcher; mais la politique ne tarda pas à se jeter à la traverse de leur entreprise. La régence d'Anne d'Autriche était devenue orageuse. La guerre civile, les troubles de la Fronde tournaient les esprits vers des sujets tout autres que les spectacles; la salle de la Béjart devint déserte. Molière proposa alors à ses compagnons de tenter le sort en province. Ils se rendirent à Bordeaux où le fameux duc d'Épernon, gouverneur de la Guyenne, leur fit bon accueil. Molière, qui se sentait non-seulement le talent nécessaire pour représenter, mais encore celui de composer de bonnes pièces, essaya de donner une tragédie de sa façon, la Thébaïde. Cette pièce ayant été froidement écoutée, l'auteur en conclut que le genre tragique pouvait bien n'être pas son fait. Alors il tenta d'écrire l'Étourdi, qui commença réellement sa réputation.

      La troupe de l'Illustre Théâtre quitta Bordeaux pour se rendre à Lyon où elle donna cette pièce, l'Étourdi, première comédie régulière du tapissier devenu auteur dramatique. La troupe et la pièce eurent un immense succès. Le prince de Conti, qui tenait alors avec faste à Béziers les États de la province du Languedoc, qui avait connu Poquelin chez les Jésuites au collége de Clermont, et s'était, depuis, souvent intéressé aux représentations des comédiens de la Béjart, manda Molière et sa troupe, voulant qu'ils servissent à l'ornement de ses fêtes. L'Étourdi parut à Béziers avec un nouvel éclat, fut suivi du Dépit amoureux et de quelques petites pièces ou farces, le Docteur amoureux, les Trois docteurs rivaux, disparus depuis du répertoire.

      Le СКАЧАТЬ



<p>1</p>

Aujourd'hui lycée Louis-le-Grand.