Histoire Anecdotique de l'Ancien Théâtre en France, Tome Second. Du Casse Albert
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Histoire Anecdotique de l'Ancien Théâtre en France, Tome Second - Du Casse Albert страница 3

СКАЧАТЬ Comédie de la Comédie, critique plaisante de l'éloquence ampoulée et des hyperboles de Balzac. Elle était précédée d'un prologue rempli de ces inconvenances reçues alors par le public, et dont on aura une idée par la phrase suivante. – «J'envoie bien faire f… ces bonnes gens du temps passé, dit l'auteur, d'avoir pris tant de peine à ne rien faire qui vaille.»

      Le Fils supposé est un long quiproquo assez original et qui eut du succès. L'Amant libéral, traduction de Cervantès, a une intrigue qui donne une idée très-juste du théâtre espagnol; c'est un long tissu d'invraisemblances, d'incidents, avec des scènes qui ne manquent pas d'intérêt. Quant à l'Amour tyrannique, quoique fort médiocre sous tous les rapports, cette pièce réussit admirablement. On la considéra comme un chef-d'œuvre. Le cardinal de Richelieu, en sortant de la représentation, dit tout haut: «Cet ouvrage n'a pas besoin d'apologie, il se défend assez de lui-même.» De fait, il est incontestable qu'on eût pu tirer du sujet une belle tragédie ou un drame digne de la scène anglaise; mais Scudéry n'en fit qu'une mauvaise comédie en cinq actes et en vers. Nous ne dirons qu'un mot de deux des nombreuses tragi-comédies de cet auteur. Le Prince déguisé (1635) ressemble beaucoup à un ballet avec des chœurs, Axiane (1642), est un véritable drame historique en prose, en cinq actes. Cette innovation, dans une tragi-comédie, de remplacer les vers par la prose fut tentée par Scudéry, parce que longtemps il avait préconisé cette idée qu'il est possible d'écrire un bon ouvrage dramatique sans avoir recours à la poésie. Du reste, il est juste de dire qu'il s'est surpassé lui-même en traçant les caractères d'Axiane et d'Hermocrate.

      Les traits qui sont propres au talent de Scudéry seraient appelés aujourd'hui les écarts d'une imagination folle. A l'époque où il vivait, on les admirait. Chaque siècle a son goût dominant, auquel il faut bien que les écrivains sachent sacrifier. Lorsqu'on juge et critique, on ne doit pas perdre cela de vue, si l'on veut être juste.

      Voici maintenant un poëte plus célèbre par son amour pour le jus de la treille que par ses productions littéraires, Vion d'Alibrai, qui fit son propre portrait dans les vers suivants:

      Je me rendrai du moins fameux au cabaret;

      On parlera de moi comme on fait de Faret.

      Qu'importe-t-il, ami, d'où nous vienne la gloire?

      Je la puis acquérir sans beaucoup de tourment;

      Car, grâces à Bacchus, déjà je sais bien boire,

      Et je bois tous les jours avecque Saint-Amant.

      Ce serait-là en effet une façon assez commode d'acquérir de la gloire, mais on ne peut acquérir ainsi qu'une triste célébrité. C'est ce qui arriva pour cet auteur, père de deux pitoyables comédies, de deux pastorales encore plus médiocres, et d'une tragédie ne valant pas mieux.

      Beys, qui vivait à la même époque, donna, de 1635 à 1642, cinq comédies en cinq actes et en vers, et une tragi-comédie. Sa première pièce, l'Hôpital des fous (1635), imitée de la comédie italienne, ne resta pas au théâtre, non plus que le Jaloux sans sujet (1635), l'Amant libéral (1636), et les Fous illustres (1642); mais la Comédie des chansons de la même année 1642 offre cette particularité, qu'elle pourrait en quelque sorte être considérée comme l'origine du vaudeville et de l'opéra comique en France. En effet, c'est peut-être le premier exemple d'une comédie entremêlée de couplets, cousus à la suite les uns des autres. Beys eut une certaine célébrité, non à titre de poëte dramatique, mais à titre d'auteur (d'après les ordres de Louis XIII) d'un poëme épique sur les campagnes de ce prince. Néanmoins on le soupçonna un beau jour d'avoir écrit contre le gouvernement du roi, et comme à cette époque, d'un pareil soupçon à la Bastille, il n'y avait qu'un pas, on lui fit sauter ce pas sans plus de façon. Son innocence ne tarda pas cependant à être reconnue, et le panégyriste de S. M. Louis XIII fut rendu à la liberté.

      Douville, qui précéda de bien peu Molière, est un auteur plus sérieux que Beys. Il composa beaucoup de comédies; malheureusement elles se ressemblent tellement par le fond, qu'après en avoir lu une, on les connaît presque toutes. Ce sont toujours rencontres inopinées, trompeuses apparences, brouilleries et raccommodements d'amants qui s'adorent, etc. En général, dans ses pièces, les femmes font les avances. Il faut tout dire, cet auteur puisait assez habituellement dans les répertoires espagnols ou italiens. Il traduisait les poëtes de ces deux nations, les défigurait et finissait par se les approprier. Il plaisait au public d'alors qu'il parvenait à éblouir avec les richesses d'autrui, étant peu riche de son propre fonds. Ce Douville, frère de l'abbé Bois-Robert, composa un recueil de contes qui servirent à sa réputation plus que ses travaux dramatiques. Il était ingénieur et géographe du roi.

      Parmi ses comédies, nous citerons la Dame invisible (1641), dont le sujet est pris de la Dame Duende du poëte espagnol Calderon, copiée plus tard par le théâtre italien, sous le titre d'Arlequin persécuté par la dame invisible. Citons encore: les Fausses vérités, ou Croire ce qu'on ne voit pas et ne pas croire ce que l'on voit (1642), comédie en un acte et en vers, espèce de proverbe tiré également de Calderon; l'Absent de chez soi (1643), en cinq actes et en vers. Après la première représentation de cette pièce, Douville, très-fier du succès qu'elle avait obtenu, demanda à son frère ce qu'il en pensait. Bois-Robert lui avoua franchement qu'il la trouvait mauvaise (et c'était la vérité). « – Je m'en rapporte au parterre! s'écria l'auteur piqué au vif. – Vous faites bien, reprit l'abbé, mais je crains que vous ne vous en rapportiez pas toujours à lui.» Quelque temps après, Douville donna Aimer sans savoir qui; cette comédie fut sifflée. – «Eh bien! lui dit son frère, vous en rapportez-vous encore au parterre? – Non vraiment, reprit l'auteur, il n'a pas le sens commun. – Hé quoi, s'écria Bois-Robert, vous ne vous en apercevez que d'aujourd'hui? Pour moi, je m'en suis aperçu dès votre pièce précédente.» La Dame suivante (1645), Jodelet astrologue (1646), la Coiffeuse à la mode (1646), et les Soupçons sur les apparences (1650), comédies en cinq actes et en vers, longues, diffuses, à intrigues embrouillées, imbroglios sans queue ni tête, complètent le bagage dramatique de Douville avec la tragi-comédie des Morts vivants (1645). Jodelet a servi à Thomas Corneille pour sa comédie de l'Astrologue. La Coiffeuse à la mode, pièce moins mauvaise que les précédentes, offre une situation assez originale et qui réussit à la scène.

      Nous ne dirons qu'un mot de Levert, qui avait plus de présomption que de mérite et qui menaçait sérieusement ses lecteurs de sa haine, s'ils ne le louaient pas. Cependant, dans les quatre pièces (dont deux comédies) données par lui au théâtre, on trouve un certain mérite, des intrigues assez bien conduites, des scènes variées et une versification coulante. Ces comédies sont: l'Amour médecin et le Docteur amoureux (1638), qui n'a aucune analogie avec celui de Molière. La tragi-comédie de Aricidie (1646) eût été promptement oubliée sans ces quatre vers qui scandalisèrent fort le public par l'application qu'on en fit:

      La faveur qu'on accorde aux princes comme lui

      Est exempte de blâme et de honte aujourd'hui,

      Tout ce qu'on leur permet n'ôte rien à l'estime,

      Et la condition en efface le crime.

      Morale, en effet, des plus commodes pour les femmes qui se prostituent dans l'espoir d'être en faveur auprès des souverains.

      Nous voici arrivé à un auteur dont le nom est bien peu connu de nos jours, Gillet, et qui cependant mérite qu'on se souvienne de lui. En effet, on peut en quelque sorte faire remonter à ses comédies qui ne sont pas, comme celles de ses contemporains, pillées dans les ouvrages italiens ou espagnols, l'origine de la comédie française.

      Gillet de Tessonnerie, né en 1620, plus tard conseiller à la cour des monnaies, est un des premiers qui ait osé se lancer dans les pièces à caractères puisées dans son СКАЧАТЬ