Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires. Galopin Arnould
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Читать онлайн книгу Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires - Galopin Arnould страница 24

СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      – Il le faut bien, puisque nous sommes associés.

      – Oh! ne me le faites pas à l'association, n'est-ce pas? Vous voulez votre diamant… moi aussi, et si nous le retrouvons, j'espère que, cette fois, vous ne chercherez plus à me l'enlever.

      – Mon cher Pipe, je vous le jure…

      – Et vous me le laisserez? C'est moi qui en aurai la garde.

      – Voilà déjà que vous voulez tirer toute la couverture à vous…

      – J'ai bien le droit de me méfier après ce qui est arrivé… Si j'avais eu le diamant dans ma poche, nous n'en serions point où nous sommes…

      – C'est peut-être vrai… mais avouez que le diamant et le revolver, c'était vraiment trop pour vous et pas assez pour moi… Tenez, je vais vous proposer une combinaison… Si nous avons la chance de rentrer en possession de notre Régent, nous le porterons sur nous, à tour de rôle, une semaine chacun, mais celui qui en aura la garde cédera le revolver à l'autre, est-ce entendu?

      – Moi, je vais vous proposer autre chose. Dès que nous aurons trouvé quelque argent, et nous y arriverons sûrement là-bas, en Angleterre, nous louerons un coffre-fort dans une banque et y déposerons notre diamant, dans une boîte cachetée; mais il sera bien convenu avec le directeur de la banque, que nous ne pourrons retirer notre dépôt que tous les deux ensemble et en présence d'un employé… Comme cela, nous vivrons au moins tranquilles et ne serons pas continuellement à nous épier comme deux Peaux-Rouges sur le sentier de la guerre.

      – Ma foi, répondit Manzana, si vous voulez mon avis, je préfère encore la première solution.

      – Soit, accordai-je. C'est convenu…

      – Vous voyez qu'entre gens raisonnables, on finit toujours par s'entendre.

      – Mais oui… mais oui, j'en étais persuadé.

      J'ignorais quelles étaient réellement les intentions de Manzana, mais je savais bien que, moi, j'étais fermement décidé à lui enlever de force ce que je considérais comme mon bien. Lui, de son côté, devait avoir la même idée.

      En somme, nous avions discuté en pure perte; nous avions cherché à bluffer l'un et l'autre, mais nous restions sur nos positions.

      J'ajouterai qu'à la minute où avaient lieu ces pourparlers, j'étais prêt à céder sur tous les points, car pour le coup de force que nous allions tenter, j'avais absolument besoin de Manzana.

      Nous nous serrâmes la main.

      – Allons, dis-je, de l'audace!

      – Comptez sur moi, répondit mon associé.

      – Si personne ne nous accompagne à la chambre 34, nous entrons, je menace le voleur avec mon revolver, pendant que vous vous jetez sur la femme et la bâillonnez… Ensuite vous faites subir la même opération à l'homme, nous le ligotons et le fouillons aussitôt.

      – Je vous ferai remarquer que dans cette entreprise, c'est moi qui aurai la partie la plus difficile.

      – Si j'avais votre musculature, mon cher, j'assumerais volontiers cette tâche. Maintenant, réfléchissez bien… Si vous avez peur, dites-le…

      – Peur?.. moi… allons donc… Une fois que j'y serai, vous verrez… le tout est de se mettre en train, mais attention, pas de blagues, hein? Si vous voyez, du premier coup, que l'affaire ne colle pas, ne commettez point d'imprudence.

      – Soyez tranquille, je n'opérerai qu'à bon escient.

      – Oui, je vois que vous avez bien tout combiné, tout prévu. Cependant permettez-moi de vous faire observer que vous avez oublié une chose.

      – Ah! et laquelle?

      – Vous avez supposé que l'on vous ouvrirait, dès que vous auriez frappé… et si notre homme, qui doit être un malin, se méfiait de quelque chose et refusait d'ouvrir, que feriez-vous?

      – Alors, nous trouverions une autre combinaison… nous attendrions qu'il sorte et, dès qu'il paraîtrait, nous le repousserions aussitôt dans la chambre en lui mettant le revolver sous le nez.

      – Et s'il a aussi un revolver?

      – On n'a pas pour habitude de sortir d'un appartement avec une arme à la main… Croyez-m'en, mon cher Manzana, ne nous livrons pas d'avance à des suppositions qui finiraient par émousser notre courage… Allons-y carrément, comme si nous étions de vrais agents de la Sûreté… La chose la plus fâcheuse qui puisse nous arriver, je vous l'ai déjà dit, c'est que nous soyons obligés d'aller au poste et de voir notre diamant passer de la poche de notre voleur dans celle du commissaire… et encore, peut-être bien que je trouverais un truc pour le ravir au commissaire.

      – Vous avez réponse à tout… eh bien essayons… Je suis votre homme.

      Nous pénétrâmes dans le hall de l'hôtel et, à notre grande surprise, personne ne s'avança à notre rencontre pour nous demander ce que nous désirions.

      Froidement, je traversai le vestibule et m'engageai dans l'escalier en compagnie de Manzana.

      Au premier étage, je consultai la liste des numéros. Le 34 se trouvait justement sur le palier où nous étions.

      – Cela va trop bien, pensai-je.

      Et je me sentis envahi par une indéfinissable inquiétude. J'écoutai, pendant quelques instants. Un homme toussa dans la chambre où je m'apprêtais à pénétrer. Je tirai mon revolver, fis un signe à Manzana et frappai légèrement à la porte.

      – Entrez, dit une voix enrouée.

      J'entrai en coup de vent, le revolver à la main. Mais, à ma grande surprise, au lieu de me trouver en présence du vieux monsieur que je croyais bien rencontrer, j'étais en face d'un homme de quarante ans environ, très blond et le visage entièrement rasé.

      J'allais me retirer, en m'excusant comme je pourrais, quand Manzana s'écria tout à coup:

      – Allez-y!.. allez-y!.. c'est lui, je le reconnais!

      En effet, moi aussi, je venais de reconnaître mon voleur… Au lieu d'avoir les cheveux blancs, il était blond et la barbe vénérable qu'il arborait la veille avait disparu, mais ce qu'il n'avait pu changer, c'étaient ses yeux, deux yeux noirs étranges et brillants dont l'un était un peu plus petit que l'autre.

      D'ailleurs, si j'avais pu conserver encore quelques doutes, la jeune femme de la veille se fût chargée de les dissiper, car elle venait soudain de sortir du cabinet de toilette attenant à la chambre.

      J'avais refermé la porte et je tenais mon arme braquée sur notre voleur. Je remarquai aussitôt que cet individu ne brillait point par le courage. Il me regardait avec un effarement ridicule et tremblait comme un chien mouillé.

      Déjà mon associé s'était jeté sur la femme, l'avait bâillonnée avec une serviette et roulée dans une couverture dont il avait solidement noué les deux extrémités.

      – A celui-là, maintenant! commandai-je.

      Manzana, avec une habileté qui dénotait une longue pratique, bâillonna СКАЧАТЬ