Voyages loin de ma chambre t.2. Dondel Du Faouëdic Noémie
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СКАЧАТЬ d’en être le maître, c’est le plus bel éloge qu’on puisse lui adresser.

      En fait d’enclos, on visite encore dans un faubourg de Tours le château Beau Jardin, une jolie demeure plantée au milieu d’un parc, sorte de jardin zoologique haut muré. Tous les animaux non féroces de la création auraient le droit si on pouvait les y amener, d’y vivre en liberté.

      Les emplumés très nombreux et de races variées picorent où bon leur semble; les quadrupèdes jouissent des mêmes privilèges; de belles vaches blanches vous voient passer sans perdre un coup de dent; les chevreuils bondissent près de vous, les gazelles viennent vous regarder de leurs grands yeux doux; une jolie chèvre de Mongolie suit vos pas; de graves lamas sont assis tranquillement sur les marches du perron et ne se dérangent pour personne.

      On comprend qu’ils sont chez eux; tout ce monde vit à sa guise dans cet heureux paradis terrestre, pendant quelque temps du moins, car l’existence de ces nombreux hôtes n’est pas longue, paraît-il, malgré leur liberté relative et les soins dont ils sont l’objet. Une consolation, c’est de penser que ces pauvres victimes de la civilisation sont encore utilisés après décès; leur propriétaire les envoie généreusement enrichir le muséum d’histoire naturelle de Tours5.

      Le temps qui ne replie jamais son aile, m’a entraînée dans son vol incertain et je n’ai pu visiter la magnifique poudrerie du Ripault (d’ailleurs cela eût été fort difficile), qui produit en moyenne cinq cent mille kilos de poudre par an, ni la colonie de Mettray fort intéressante.

      Mettray est le type des colonies pénitentiaires agricoles en France et à l’étranger.

      Ce passage d’une notice de Monsieur Augustin Cochin sur Mettray, suffit pour faire connaître et apprécier cette belle fondation.

      «Pratique de la religion, amour du travail, esprit de famille, émulation de l’exemple, culte de l’honneur, habitude de la discipline, bon usage de la liberté; tout le système pénitentiaire, toute l’influence moralisatrice de Mettray sont dans ces grandes et simples idées.

      «Une autre institution non moins importante que la première a été fondée dans la commune de Mettray sous le titre de Maison paternelle. Cet établissement n’est par le fait qu’un collège de répression où l’on reçoit les élèves indisciplinés des maisons d’éducation, et à la faveur duquel on évite le renvoi, parti extrême, qui compromettrait l’avenir de l’enfant, sans remédier au mal.

      «Grâce à ces deux institutions, l’enfance pauvre délinquante, et l’enfance riche insubordonnée, se trouvent désormais soumises à une influence vraiment moralisatrice.»

      Honneur aux fondateurs de ces excellentes institutions.

      Tours, dont la fondation remonte fort loin, dont l’histoire est longue et compliquée, est actuellement une belle ville qui produit un très grand effet avec ses magnifiques ponts, ses nombreuses promenades, ses boulevards, ses avenues, celle de Grand-Mont particulièrement, ses rues larges aux maisons élégantes, aux magasins superbes.

      Sa situation est charmante au milieu d’une plaine fertile qui s’étend entre la Loire et le Cher. La plupart des monuments qui l’embellissent sont modernes. Il ne reste de l’admirable basilique de Saint Martin, que deux clochers dont l’un porte le nom de Tour de l’horloge, et l’autre celui de Tour Charlemagne.

      Le palais archiépiscopal est très remarquable aussi, la cathédrale l’est également. Saint Martin fut son fondateur. Détruite par un incendie en 561, Grégoire de Tours la reconstruisit en lui donnant de plus vastes proportions. Un second incendie la consuma à la fin du XIIe siècle. Cette fois sa réédification se poursuivit avec lenteur, elle ne fut achevée qu’en 1550. Le portail accompagné de deux tours fort élevées est orné au milieu d’une rosace de toute beauté. En fait d’objets d’art, elle ne contient guère que le tombeau des enfants de Charles VIII, en marbre blanc.

      Elle présente cette particularité, que l’on rencontre dans beaucoup d’églises, principalement dans celles qui affectent la forme de la croix latine et qui consiste en une inclinaison très apparente du chevet vers la gauche, représentation symbolique de l’inclinaison de la tête de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur la croix.

      Ce soir même, je reprends le chemin de Bretagne, mes pérégrinations sont finies et… mes descriptions aussi; mais peut-être encourageront-elles mon cher fils à venir à son tour visiter le Jardin de la France, cette terre riche et souriante, cette belle Touraine, constellée de souvenirs… capitonnée de châteaux.

      ÉTÉ 1889

      JOURNAL D’UNE CAMPAGNARDE

      à PARIS

      PENDANT L’EXPOSITION

A mon fils Bertrand.

      Je m’intéresse vivement à ton beau voyage à travers l’Algérie, la perle de nos colonies françaises. Tu as visité Alger, la superbe, la reine de ces lieux; Oran, la ville maritime; Constantine, la ville forte par excellence; Bône, l’élégante, la coquette, et qui remplace aujourd’hui l’antique Hippone de saint Augustin; Bougie, la marraine de toutes les chandelles de cire ou de stéarine; Blidah, la patrie poétique des roses parfumées et des oranges exquises. Tu veux maintenant connaître cette campagne algérienne si nouvelle pour toi; t’enfoncer dans la brousse et traverser les plaines d’Alfa; gravir les pentes escarpées de l’Atlas, côtoyer les sinuosités sablonneuses du désert, courir le long des grèves rocheuses qui festonnent la mer bleue. Les beautés grandioses de la nature sauvage t’attirent et te retiennent, et pendant que tu les admires, moi je réponds à l’appel de la civilisation qui convie le monde entier à ses fêtes, à ce spectacle unique: l’Exposition!

      Puissent ces pages, faible écho de mes impressions t’intéresser à leur tour, te donner une idée de ces grandes joûtes pacifiques du progrès; un aperçu de toutes les merveilles que renferme aujourd’hui Paris qu’on pourrait appeler en ce moment le salon de l’univers.

      ARRIVÉE A PARIS

Lundi soir, 16 Septembre 1889.

      Depuis quelques heures je suis à Paris… Dans ce grand Paris entrevu si souvent dans mes rêves, et que je vais trouver ou plus beau ou peut-être moins beau qu’eux. Le rêve est une féerie sans limites, la réalité a toujours des bornes. Ah! que je suis impatiente de connaître toutes ces belles choses qui caressent ma pensée depuis tantôt cinq mois! Demain, dès que l’horloge aura sonné neuf coups, l’heure réglementaire de l’ouverture de l’Exposition, j’en aurai franchi le seuil.

      Nos plans sont dressés. Quatre jours par semaine nous irons à l’Exposition, les autres jours nous visiterons Paris; nous nous reposerons aussi de temps en temps, on ne peut pas tout voir à la fois, et pour bien classer ses souvenirs, il faut que la mémoire puisse s’assimiler les choses et les mettre en place, autrement ce serait le chaos.

      Je suis arrivée par la belle gare Saint-Lazare: un monde déjà à elle toute seule. J’ai pris une voiture et fouette cocher! Plus heureuse que cette grande dame du siècle de Louis XIV, qui aurait tant voulu se voir passer en carrosse, moi j’ai eu cet agrément, rien qu’en jetant un coup d’œil rapide sur toutes les grandes glaces qui ornent la devanture des magasins.

      Quelle animation, quel mouvement, quel tapage! Ah! que je suis loin du calme des champs! Ce soir je vais m’endormir au bruit de mille rumeurs confuses qui me rappelleront la voix du vent dans les bois. Cette nuit je me croirai bercée par la rafale bourdonnante de nos plages bretonnes… Ce sera le doux songe des paupières СКАЧАТЬ



<p>5</p>

Depuis ma visite à Beaujardin, le propriétaire est mort; tous les animaux ont été vendus, et ce domaine a changé de maître et de destination.