Vie de Christophe Colomb. Baron de Pierre-Marie-Joseph Bonnefoux
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Название: Vie de Christophe Colomb

Автор: Baron de Pierre-Marie-Joseph Bonnefoux

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/30922

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СКАЧАТЬ mais il commence à hésiter, et je crains que ses idées n'aient plus la même solidité qu'auparavant: puisse l'accueil que j'ai fait à sa demande le ramener! mais certainement je ne gouvernerai pas plus de deux jours à l'Ouest-Sud-Ouest, car ce qui n'est presque d'aucune importance pendant un si petit laps de temps, pourrait devenir très-préjudiciable en se prolongeant.»

      Pendant ces deux jours, les marins éprouvèrent quelque chose de vague, comme un pressentiment qui les avertissait que la terre était proche, et qu'on était sur le point de faire une grande découverte. Cette impression les plongeait dans de grandes inquiétudes; aussi, quand, au bout de deux jours de la route nouvelle, ils trouvèrent que leur espoir avait encore était déçu, leur pressentiment ne les abandonna pas encore, mais ils virent avec plaisir gouverner de nouveau à l'Ouest, persuadés alors que c'était en effet dans cette direction que la terre existait. Les caravelles profitèrent de cette bonne disposition des esprits et se couvrirent de toutes les voiles qu'elles pouvaient porter. Le même soir, des oiseaux reparurent et s'approchèrent considérablement des navires; des herbes d'un vert très-frais furent vues surnageant sur la mer, et ces indices favorables augmentèrent la joie des matelots.

      Toutefois, la terre ne parut pas le lendemain, 10 octobre, et, quand les matelots de la Santa-Maria eurent vu le soleil s'abaisser au-dessous de l'horizon, sans que cet objet de leurs espérances, sur lequel ils comptaient tant, se fût montré à leurs yeux, ils poussèrent de violentes clameurs et, atteignant les limites du désespoir, ils s'attroupèrent et s'avancèrent résolument vers la dunette du grand-amiral, en s'écriant qu'ils exigeaient positivement qu'il les fît retourner en Espagne, et en le menaçant, s'il n'y consentait pas, de se porter aux dernières extrémités.

      Colomb sortit de sa dunette et s'avança vers les rebelles avec toute l'expression d'une physionomie indignée qui, pendant un instant, fit bondir leur cœur et réprima leur audace.

      «Je veux bien vous expliquer, leur dit-il avec sévérité, que nous sommes trop avancés pour songer au retour; que nous manquerions de vivres et d'eau pour l'effectuer, et que notre seul salut est dans la découverte de la terre qui est devant nous, et même tout me dit assez près de nous!»

      «En Espagne, à Palos!» répétèrent-ils tout d'une voix; et puis, comme ayant été frappés de l'argument du grand-amiral, ils ajoutèrent: «Eh bien! puisque la terre est si près de nous, si nous vous obéissons trois jours encore, et que nous ne l'ayons pas vue, nous conduirez-vous alors en Espagne?»

      «C'en est trop, leur répondit Colomb étonné de tant d'audace; n'oubliez pas que l'inspiration de mon voyage me vient de Dieu lui-même; souvenez-vous que ma mission m'a été donnée par nos souverains, que je leur ai promis de l'accomplir, que, quoi qu'il arrive, je ferai mon devoir, que je suis préparé à tout, que je saurai user des pouvoirs qui ont été mis à ma disposition, et qu'enfin jamais je ne céderai, non, jamais! ainsi, retirez-vous et craignez de m'irriter!»

      Cela dit avec fermeté, Colomb rentra dans sa dunette, et les mutins, cédant à l'air de grande autorité qui rehaussait l'effet des paroles de leur chef, se dispersèrent, mais non sans continuer à murmurer, quoique beaucoup plus sourdement.

      «Ami Guttierez, dit Colomb à ce jeune seigneur qui rentra avec lui, qu'il se présente une occasion, et l'on verra que je sais encore manier une épée ou un pistolet aussi bien qu'un compas et qu'un astrolabe! Mais retenez bien ceci: j'ai la conviction intime qu'avant trois jours la terre sera découverte; et si ce n'eût été l'humiliation de céder à la violence, j'aurais volontiers souscrit à la condition de ces trois jours que ces audacieux voulaient m'imposer.»

      «J'épiais ces insolents, lui répondit Guttierez, et si je me suis contenu, ce n'est que par respect pour vous, seigneur grand-amiral; mais j'ai à mon côté une fine lame de Tolède qui a fait défaillir plus d'un Maure; vienne le moment, alors on verra qu'elle est toujours en des mains dignes de la porter … Pour moi, je ne connais qu'une chose: c'est que j'ai promis à notre reine adorée de vous suivre partout pour voir les limites de l'Atlantique dans l'Occident; or, quelles qu'elles soient, fussent-elles, comme on l'a souvent dit, un gouffre immense qui doit tous nous engloutir, j'en jure par don Fernand d'Aragon, mon maître et mon souverain, j'y périrai, ou je pourrai dire à Leurs Majestés que je les ai vues!»

      Colomb sourit avec bienveillance, et, après avoir rassuré don Pedro, il le remercia des sentiments chevaleresques qu'il venait d'exprimer avec tant de noblesse et d'énergie.

      On a cependant écrit que Colomb fut forcé de capituler avec ses subordonnés et qu'il s'engagea, en cette occasion, à renoncer à l'entreprise, s'il ne voyait pas la terre dans trois jours; mais le fait est complètement faux. Les journaux de l'expédition, les mémoires de Garcia Fernandez, les documents de l'époque prouvent formellement que cette faiblesse a été faussement attribuée au grand navigateur, qui, aux heures d'incertitude les plus sombres, ne perdit jamais l'exercice tout entier de son autorité, maintenant ses résolutions inébranlables à la distance où il était de l'Europe, avec autant de fermeté, avec le même sang-froid que s'il avait commandé dans une rade ou dans un port de la métropole.

      Le 11 fut un beau jour, car les indices les plus certains et les plus nombreux se présentèrent aux caravelles.

      D'abord, ce fut le marin de la Santa-Maria, en vigie dans la mâture, qui jeta un cri de joie, et qui montra avec vivacité un objet flottant, que tous se précipitèrent le long du bord pour mieux apercevoir. C'était un jonc d'un vert frais et éclatant, qui fit pousser de bruyantes acclamations et au sujet duquel Colomb fit la remarque que les plantes marines pouvaient naître, croître dans les profondeurs de la mer, et s'en détacher par la suite; mais qu'il fallait aux joncs la lumière du jour, et que celui-ci ne pouvait avoir végété que sur une terre voisine.

      Quelques heures plus tard, on vit des débris de plantes terrestres toutes fraîches; vers midi, ce fut un de ces poissons à la robe sombre, de moyenne grosseur, d'une espèce étrangère à l'Europe, et de ceux qui vivent évidemment et d'habitude sur les hauts-fonds ou parmi les roches.

      La Pinta et la Niña semblaient avoir des ailes; elles se rapprochaient à chaque instant du grand-amiral pour lui communiquer leurs impressions, puis elles s'en écartaient pour chercher de nouveaux motifs de confiance, passant, repassant comme par un jeu frivole, et toujours avec quelques bonnes nouvelles à donner.

      «Qu'avez-vous donc, mon cher Vincent, dit une fois le grand-amiral au commandant de la Niña, que vous me ralliez si vite avec tant d'émotion?»

      «C'est une branche d'arbuste, répondit Vincent Pinzon, qui vient de passer le long de mon bord, et que nous avons tous vue avec ses feuilles merveilleusement découpées, et même portant encore de petits fruits.»

      «C'est bien, digne ami, vous dites vrai, c'est un augure qui ne peut tromper; allons, courage; à l'Ouest, toujours à l'Ouest, et nous arriverons bientôt!»

      Presque au même moment, Alonzo Pinzon se rapprocha aussi de Colomb, et le ravissement étouffait sa voix, car il avait vu, et il eut toutes les peines du monde à l'exprimer, il avait vu une tige de canne à sucre, comme celle que les Génois et les Vénitiens apportaient ou recevaient de l'Orient par la mer Noire et par les communications qui existaient entre eux et les Indes orientales.

      Enfin, un tronc d'arbre fut recueilli, ainsi qu'une petite planche d'un bois inconnu dans nos climats et un bâton assez artistement sculpté ou travaillé. Ces objets furent tous retirés de la mer par les embarcations des navires, et portés sur le pont de la Santa-Maria.

      «Que Dieu soit loué, s'écria Colomb, non-seulement nous allons voir la terre, mais encore une terre habitée par des êtres intelligents; allons! voilà assez de preuves, ne perdons plus de temps; à l'Ouest, à l'Ouest, et toujours à l'Ouest!»

      Le СКАЧАТЬ