Le roi du Klondike. Auzias-Turenne Raymond
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Название: Le roi du Klondike

Автор: Auzias-Turenne Raymond

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ Y a pas d'offense, me répond-il en riant, continua Pat-Chrysostôme; pauvre je suis, riche je redeviendrai: pour ça, je m'en vas en Alaska.» Mes gars, je vous le dis, un feu d'artifice partit dans ma tête à ce nom-là, et mon bon ange me souffla en même temps une pensée…

      – Ton bon ange? Ton mauvais diable, mon homme! c'est moi, ta femme légitime, qui te le déclare. Oh! Pat, Pat! comment as-tu pu!..

      – Paix, femme! tu parleras après moi. C'est pour ton bien. Toujours qu'une voix, ange ou diable, me coule à l'oreille: «Patrick O'Hara! va avec lui! tu feras fortune!» Justement, lui qui n'avait rien ouï, comme de raison, me disait:

      » —Policeman, quand je reviendrai, je vous promets de me rappeler votre gracieuseté du parc. Je n'oublie jamais un service.

      » – Que saint Patrick, mon patron, bénisse Votre Excellence! Moi itou, je veux ramasser de l'or. Prenez-moi avec vous!

      »Il me regarda de côté, et je crus être devant notre docteur, quand on se fait porter malade, histoire de ne pas se surmener; puis il dit:

      » – Patrick, vous êtes solide, il n'y a pas à dire le contraire; mais pour aller là-haut, il faut être maigre et pas marié.

      » – Merluche je deviendrai assez vite, Votre Honneur, au régime des conserves, et, pour ce qui touche à ma moitié, elle restera domiciliée à New-York, comme par devant, jusqu'à ce que…

      – Je ne veux pas, Pat: c'est toi, toi que je veux! larmoya Brigitte.

      – Allons, allons, la vieille, passe-moi le cruchon au lieu de m'interrompre. Pas celui-là: le sergent l'a vidé… Sans reproche, hein?.. Merci. Et je te rapporterai des richesses et des falbalas pour t'en aller sur la Cinquième Avenue, et nous aurons à dîner, ce jour-là, toute la police de New-York.

      – Bravo! Vive O'Hara d'Alaska! crièrent ses amis enthousiasmés.

      Le wisky commençait à râcler les gorges, que cicatrisait la fumée des havanes; la conversation devint bruyante autour de la carte des glaciers aurifères, devant le petit sac de peau de daim où l'ex-policeman mettrait les pépites glanées chaque jour. On admira le mercure qui, paraît-il, soutire l'or là où il y en a, comme un pick-pocket dans la veste d'autrui; et le sergent offrit de recommander le futur mineur à un sien cousin qui balayait une banque de quatre à six: ça lui servirait à se faire ouvrir un compte pour ses dépôts d'Alaska. Seulement la jeune recrue proposa une autre banque, et, comme Dieu a créé de toute éternité les Irlandais pour se casser mutuellement la tête, la surprise-party du sergent et de ses sept hommes se termina par une bagarre telle que jamais Caton n'en revit une pareille au cours de ses fantastiques aventures vers le pôle Nord.

      Quant à son maître, il avait depuis longtemps roulé dans un coin, et souriait à la voix mystérieuse, diable ou ange, qui lui scandait cette phrase avec le balancier de l'horloge:

      «Va avec lui! Tu feras fortune!»

      Pour le réveiller, il fallut, le lendemain, à la première heure, le seau d'eau et le balai de Brigitte, plus cette désagréable apostrophe:

      – Brute! oh! brute d'homme! est-ce que tu pourras mieux te soûler quand tu l'auras enfin, ta fortune maudite?

** *

      Une scène bien différente s'était passée la veille au couvent des Ursulines de la 132e rue, où, du temps de son grand-père, Aélis avait obtenu la couronne d'honneur de sa division. Elle sonna au tour, par derrière lequel on voyait sans être vu, et dit:

      –Ma sœur, voulez-vous me passer la clef du troisième parloir des religieuses? Je suis Aélis d'Auray et je voudrais causer avec la mère Saint-Joseph.

      Sans répondre un mot, la tourière lui envoya ce qu'elle demandait, et la jeune fille s'en alla, par les appartements déserts, jusqu'à la double grille du dernier parloir. Elle s'assit tout contre, s'y accrocha même, pour retrouver le passé, la jeunesse insouciante et pure, les prières et les jeux; tout ce qui se levait dans l'ombre du cloître l'y accueillait, malgré cette barrière, et lui criait de mille voix aimantes: «Aélis! Ô Aélis, revenez-nous!» Elle n'entendit pas la porte intérieure s'ouvrir, des pas glisser dans le parloir comme ceux d'une morte; elle ne se réveilla qu'au doux appel de mère Saint-Joseph: «Bonjour, ma petite fille!» et lorsqu'à travers le réseau opposé elle put saisir le doigt de la bonne religieuse.

      – Ma mère!.. mère Saint-Joseph!.. que je suis heureuse de vous revoir!

      – Pas plus que moi, Aélis. Vous nous aviez un peu négligées, ces temps derniers.

      – C'est vrai… mais, en retour, j'ai une grande nouvelle à vous annoncer.

      – Ah! je sais, je devine!.. Eh bien, vous êtes faite pour le monde…

      – Est-ce qu'on peut rien vous cacher, mère? ou bien, êtes-vous sorcière?.. Oui, vous ne vous trompez pas, je vais me marier, ou plutôt je me suis fiancée!

      La religieuse contempla ce pur ovale qu'elle trouvait – était-ce un péché? – plus beau que celui de la Vierge, dans la chapelle:

      – Est-il bon, au moins, votre jeune homme, Aélis? Est-ce un fervent catholique?

      – Il est né de parents catholiques, et c'est une des raisons qui m'a décidée. Mais il est aussi indifférent que tolérant, je crois, en matière spirituelle.

      – Il faudra le ramener à la foi vive, mon enfant. Ce sera votre mission, puisque Dieu vous a indiqué la voie du mariage pour y faire votre salut… et le sien.

      La jeune fille ne répondit rien; elle soupira. Mère Saint-Joseph, qui n'avait pas besoin de paroles pour lire les âmes de ses élèves, reprit doucement:

      – Est-ce que cela vous effraie?

      – Oh! mère, non! Je pensais à autre chose.

      – À quoi? Vous ne me cachiez rien, jadis!

      Une rosée d'aurore monta au radieux visage; Aélis baissa les yeux et dit:

      – C'est demain qui me fait peur.

      – Mais enfin, vous le connaissez, ce jeune homme, mon enfant… Vous savez ce qu'il vaut… Toute jeune fille a des terreurs au moment de faire le grand pas… Est-ce que vous avez pensé à la vie religieuse?

      – Mère, oui, quelquefois… Je ne puis… je ne peux pas me faire à l'idée du mariage.

      Cette fois, ce fut au tour de mère Saint-Joseph à garder le silence; très rouge, elle resta longtemps la tête appuyée contre la grille. Puis elle murmura, de cette voix qui faisait qu'on pouvait l'aimer sans la voir:

      – Pauvre, pauvre petite Aélis! C'est la même pensée qui amène derrière ces grilles beaucoup d'entre nous… Il vous faudra surmonter cela, si vous l'aimez véritablement.

      – Je l'aime, ma mère, puisque je me suis fiancée. Mais je suis tourmentée…

      – Il ne faut pas l'être: il faut prier. J'ai toujours cru que vous étiez née pour le monde. Vous y pourrez faire beaucoup de bien. Nous prierons toutes Dieu pour vous. D'ailleurs, vous ne vous mariez pas demain, n'est-ce pas?

      – Ah! non, par exemple!.. Nous attendrons peut-être longtemps, car le vendredi noir a ruiné M. Tildenn, et il faut СКАЧАТЬ