Le roi du Klondike. Auzias-Turenne Raymond
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Название: Le roi du Klondike

Автор: Auzias-Turenne Raymond

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ la chose. Lui seul, peut-être, avec son camarade Juneau, pouvait obtenir la vérité du chasseur d'or. Cependant, lorsqu'il le vit à terre, il hocha la tête:

      – Il en a pour vingt-quatre heures!.. Quel malheur qu'on ne puisse rien apprendre avant les autres!.. L'Indien, là-bas, ne sait rien ou ne veut rien dire.

      – J'ai un restant d'ammoniaque dans ma cabane, fit Juneau.

      – Vrai? Par Jupiter, vous êtes un génie! aidez-moi à mettre Georges sur ses fourrures, et courez ensuite chercher le flacon… Moi qui n'y pensais pas!.. Ça va lui faire éternuer la vérité!

      Dans un coin obscur, sans bouger, la squaw de Cormack guettait les amis de son mari: elle a raconté plus tard aux siens que la petite fiole du chasseur blanc contenait un esprit très puissant, puisqu'une fois entré dans le nez de Georgie, Hi-ya! il le fit sauter comme un saumon au bout d'un harpon! «Ik-ta mika tum-tum?4»

      – Au secours! cria Cormack entre deux éternuements. On m'empoi… Tiens, c'est vous, Boucher? Atchi! Holà!

      – Oui, mon vieux… Juneau et moi, nous venons de vous sauver la vie. Ce n'est pas moi, c'est Oppenheim qui vous avait empoisonné. Mais vous voilà mieux.

      La conversation fut coupée court par une nouvelle crise: décidément la médication était par trop énergique. Enfin, Georges reprit la parole, en pleurant de grosses larmes:

      – Vous avez raison. Jamais je n'irai plus chez lui. J'achèterai un bar pour moi tout seul, et, dedans, j'y mettrai tout ce qu'il y a de meilleur, tout ce qui coûte le plus cher… Je suis riche.

      – Sûr?

      – Regardez!

      Il montra sa fameuse cartouche. Boucher en examina une à une les pépites, les soupesa, les lécha même, pour mieux se rendre compte.

      – L'or du ruisseau Napoléon ressemble à des graines de concombre, dit-il enfin; celui du Miller est rouillé, il a mauvaise mine; l'or du Glacier a la forme de cœurs. Celui-ci semble cassé d'hier. Comme il est gros! Cormack, mon vieux…

      Il regarda autour de lui: la porte était fermée, et, dans la cabane, avec eux il n'y avait que Juneau et madame Cormack. Il reprit donc:

      – Mon vieux camarade, où as-tu trouvé cet or? Donne-nous une chance avant les autres…

      – Oui, je te le dirai, Boucher, parce que toi, et Juneau, vous êtes les seuls qui ne vous soyez pas ri de moi quand j'ai épousé ma Siwash… Et je l'aime mieux qu'une blanche, allez!.. Écoute… Écoutez tous les deux…

      Trois têtes se touchèrent dans l'ombre, échangèrent quelques mots à voix basse. Enfin, Boucher se releva:

      – Bien sûr?.. Tu ne voudrais pas te moquer de moi, dis, Cormack? Je commence à être vieux pour courir, et je suis si pauvre!..

      – Pauvre! – cria l'ivrogne avec une exaltation extraordinaire, – tu dis: pauvre!.. Tu peux être comme Mackay après-demain, sûr comme l'or que tu vois là… Seulement, dépêchez-vous, partez, filez, ramez dur! D'autres pourraient trouver la place… Moi, je vais dormir.

      Juneau et Boucher se levèrent sans ajouter un mot. Comme ils ouvraient la porte, Cormack les rappela.

      – Sûr comme cet or-là… Y a-t-il une corde sous mon lit? Oui? Eh bien, si je vous trompe, revenez me pendre avec… je me laisserai faire!

      Un petit groupe attendait au dehors; on interrogea les deux amis: ils répondirent que pour le moment il n'y avait moyen de rien apprendre, que Cormack avait fait «la fête» et que, par conséquent, il fallait prendre patience bon gré mal gré. Puis, ils rentrèrent dans leur cabane, la verrouillèrent, sortirent à la dérobée par derrière, et s'en furent droit à leur canot sur les bords du fleuve.

      – Boucher, fit Juneau, va chercher des provisions pour dix jours; moi, j'irai quérir le jeune Mac Donald. Il nous faut de l'aide pour remonter le courant; autant lui qu'un autre; quand il veut, il a des bras solides… et je parie que, d'ici à deux heures, Cormack aura parlé de nouveau. Allons, vite!

      Ils se pressèrent tellement, les deux vieux, que vingt minutes plus tard leur petite embarcation disparaissait en amont; pas assez vite, pourtant, pour qu'Oppenheim ne les aperçût tandis qu'il fermait sa porte en bâillant une dernière fois. Debout, à l'arrière, Juneau guidait l'embarcation au moyen de sa gaffe, tandis que Mac Donald, à l'avant, courbé sur la sienne, avançait à force de «rétablissements». Au milieu, Boucher reprenait haleine en attendant son tour. Et, quarante-huit heures durant, avec à peine deux heures de sommeil et quelques haltes pour manger, les trois voyageurs se remorquèrent ainsi, tantôt à la gaffe, tantôt à la corde, jusqu'à ce qu'ils fussent arrivés en face des huttes indiennes du Thron-diuck5, – «la rivière aux poissons». – Alors, Boucher se leva et, montrant du doigt les eaux transparentes de ce quasi torrent:

      – C'est là, dit-il.

      Pour mieux voir, les autres se mirent à genoux. Un souffle froid sortit des montagnes, passa sur le marécage où devait surgir Dawson City trois mois plus tard, et s'en vint les faire grelotter sous leur sueur. Juneau dit:

      – Brrr! abordons, voulez-vous? Ça sent la mort par ici: une tasse de café nous ravigotera.

      – Certes, oui, et aussi un peu de sommeil, puisque nous voilà arrivés. Quel métier de cheval depuis deux jours! Cette corde m'a scié l'épaule en deux… Et tout ça, peut-être, pour faire rire Cormack. Bah!

      Mac Donald, qui parlait ainsi, avait une volonté d'enfant dans un corps d'homme. Du moins, c'est ce que pensa Boucher, qui se redressa de toute la hauteur de ses soixante et onze ans sonnés.

      – Jeune homme, fit-il, vous pouvez vous arrêter, si le cœur vous manque. Moi, j'irai jusqu'au bout avec Juneau… Hein, vieux?.. Oui, j'irai, quand même je devrais user mes jambes jusqu'aux genoux!.. Pour une fois, Cormack n'a pas menti, je le sens, je le devine, et, ce soir même, je planterai mes piquets à côté des siens.

      Vraiment, sans le savoir, il était magnifique ainsi parlant, le trappeur canadien, sa longue barbe de prophète ruisselant d'eau et de sueur, ses bras tendus vers le Thron-diuck, tout son vieux corps de fer raidi pour un suprême effort. Près, très près, derrière ces montagnes noires, l'or était là, l'or des jaunes pépites crachées en masse par les volcans des temps inconnus; il les voyait, il les sentait, il les respirait, ah Dieu! et, par sa bouche édentée, elles criaient maintenant aux indécis de la première heure: «Venez! venez donc! nous sommes les maîtresses du monde, et vous n'aurez qu'à vous baisser pour nous avoir!» Et voilà que, pour les saisir, cinquante ans d'énergie jetée à la vie sauvage des bois revenaient au vieillard, le secouaient d'une fougue pareille à celle de sa jeunesse, le relevaient une dernière fois pour vaincre ou pour mourir.

      Le petit Écossais baissa la tête; ses yeux gris, un peu doux, évitèrent ceux de Boucher. Il saisit un aviron et se prépara à traverser le Yukon, dont le courant, à cet endroit, est si violent. Juneau, qui avait approuvé son camarade, regarda en aval et poussa un cri de surprise:

      – Holà! qu'est-ce qui vient par là-bas?

      C'était un canot de trente pieds de long sur quatre de large, qui, à force de pagaies, coupait le fleuve mieux qu'un poisson au printemps. Huit hommes s'y trouvaient, et parmi eux, au premier rang, Henry Oppenheim.

      – Dépêchons! СКАЧАТЬ



<p>4</p>

«Qu'est-ce que vous pensez de ça?»

<p>5</p>

Le nom indien du Klondike.