Arnoldiana, ou Sophie Arnould et ses contemporaines;. Arnould Sophie
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Название: Arnoldiana, ou Sophie Arnould et ses contemporaines;

Автор: Arnould Sophie

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

Серия:

isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/38974

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СКАЧАТЬ etc.»

      Paris, 4 janvier 1774.

      Quelle que soit l'authenticité de cette pièce, il est certain que Sophie obtint du contrôleur général, peu de jours avant la mort de Louis XV, un intérêt sur les fermes valant sept mille livres de rente.

      Se trouvant à la vente de M. Randon de Boisset, elle porta au double pour première enchère le prix mis par le crieur au buste de Mlle Clairon. L'admiration ferma la bouche à tous les amateurs; on eût rougi de disputer à Mlle Arnould le prix du sentiment; le buste lui resta. Ce fut une espèce de couronne qui lui fut décernée au milieu des applaudissemens de toute l'assemblée, et ce moment a été consacré par le quatrain suivant, qu'un anonime lui envoya sur-le-champ:

      Lorsqu'en t'applaudissant, déesse de la scène,

      Tout Paris t'a cédé le buste de Clairon,

      Il a connu les droits d'une sœur d'Apollon

      Sur un portrait de Melpomène.

      Sophie Arnould, malgré ses talens, étant devenue en 1776 presque inutile aux directeurs de l'Opéra, ces messieurs, pour exciter son zèle, lui proposèrent de ne plus l'appointer et de lui payer une somme convenue chaque jour qu'elle paraîtrait; elle se fâcha, et menaça de donner sa démission: ce terme était alors devenu à la mode parmi les grands personnages de théâtre.

      On donnait un soir un concert dans un appartement du Palais-Royal ayant vue sur le jardin; beaucoup de promeneurs écoutaient: Sophie, malgré son timbre affaibli, s'avisa de chanter un air d'Iphigénie; tout à coup une voix s'élève, interrompt ses chants par des sons lugubres, et fait entendre ces paroles, qu'une divinité infernale adresse à Alceste dans le dernier acte de cet opéra:

      Caron t'appelle; entends sa voix.

      La cantatrice fut abasourdie, et depuis ce moment, dès qu'elle paraissait en public, des gens charitables ne manquaient pas de fredonner l'air d'Alceste.

      Quelque temps après elle reçut une leçon aussi forte et plus désagréable encore; jouant Iphigénie, elle disait à Achilles:

      Vous brûlez que je sois partie.

      Le parterre lui appliqua ce vers, et se mit à battre des mains. Elle fut d'ailleurs souvent maltraitée dans ce rôle, malgré la présence de la reine, qui la protégeait et qui l'applaudissait.

      Sophie Arnould ayant perdu sa belle voix, son grasseyement, autrefois l'un des charmes de sa jeunesse, devint si désagréable qu'elle cessa tout à fait de plaire au public. L'abbé Galiani se trouvant au spectacle de la cour, on lui demanda son avis sur la voix de Mlle Arnould: – C'est, dit-il, le plus bel asthme que j'aie entendu. – Enfin Sophie céda aux sages conseils de ses amis, et elle se retira en 1778 avec une pension de 2,000 liv.

      Cette actrice a obtenu autant de succès que de gloire, parce qu'elle unissait le sentiment à la perfection; mais ce qu'on aura de la peine à croire c'est que cette Sophie, si touchante au théâtre, si folle à souper, si redoutable dans les coulisses par ses épigrammes, employait ordinairement les momens les plus pathétiques, les momens où elle faisait pleurer ou frémir toute la salle, à dire tout bas des bouffonneries aux acteurs qui se trouvaient en scène avec elle, et lorsqu'il lui arrivait de tomber gémissante, évanouie entre les bras d'un amant au désespoir, tandis que le parterre criait et s'extasiait, elle ne manquait pas de dire au héros éperdu qui la soutenait: – Ah, mon cher Pillot, que tu es laid! – On peut remarquer que tous les acteurs ont l'habitude de se dire de pareilles folies pendant leur jeu muet; mais ce qui surprendra c'est que celui de cette actrice n'en souffrait point, et il était impossible que le spectateur qui la voyait dans ces momens décisifs supposât qu'elle fût assez peu affectée pour dire des billevesées.

      Sophie Arnould a eu de M. le comte de L. trois garçons et une fille; l'aîné s'appelait Louis Dorval, le second Camille Benerville, et le troisième Constant Dioville; Alexandrine était le nom de leur sœur. L'aîné mourut à l'âge de quatre ans, et le troisième, devenu colonel de cuirassiers, fut tué à la bataille de Wagram; Camille est existant, et porte l'un des noms de famille de son père, ayant été légitimé avec son frère Constant.

      Alexandrine Arnould, née en 1767, épousa en 1780 A. M.; c'était un jeune littérateur dont on a ébauché le portrait dans les couplets suivans5:

AIR: Vive Henri quatre

      Hormis à table,

      Il est toujours au lit;

      Qu'il est aimable

      Quand il sait ce qu'il dit!

      Mais c'est pis qu'un diable

      Pour cacher son esprit.

      A l'art de plaire,

      Qu'il esquive souvent,

      Par caractère

      Il joint heureusement

      L'esprit de se taire,

      Et chacun est content.

      A. M., tout en parcourant la lice académique, ne cessait d'enfanter des madrigaux en l'honneur de mesdemoiselles Arnould, mère et fille; voici des vers qu'il destinait à être mis au bas du buste de Sophie:

      Ce buste nous enchante; ah, fuyez, mes amis,

      Fuyez! Que de périls on court près du modèle!

      Je n'ai jamais vu d'homme en sa présence admis

      Qui n'entrât inconstant et ne sortit fidèle.

      Ce poëte était si épris de sa future, d'une figure commune et passablement laide, qu'il la considérait comme une Vénus; il lui adressa le quatrain suivant, qui dans le temps parut d'un ridicule rare aux yeux de ceux qui connaissaient l'héroïne:

      Celle dont le portrait ici n'est point flatté,

      Digne des chants d'Ovide et du pinceau d'Apelle,

      N'a rien vu sous les cieux d'égal à sa beauté,

      Rien, si ce n'est l'amour que je ressens pour elle.

      L'esprit de Mme M. tenait beaucoup de celui de sa mère; ces deux personnes se faisaient parfois des niches assez gaies. Sophie avait aimé le comédien F., et après quelques mois l'avait congédié avec éclat: Mme M. fut enchantée de cette rupture, qu'elle croyait sincère. Un matin elle alla voir sa mère, et la trouva tête à tête avec F.; quand celui-ci se fut retiré elle témoigna son étonnement à Sophie: «C'est pour affaire que cet homme est venu ici, dit-elle, car je ne l'aime plus. – Ah! j'entends, répliqua Mme M.; vous l'estimez à présent;» allusion au conte qui finit par ce vers:

      Combien de fois vous a-t-il estimé?

      On demandait à cette dame quel âge avait sa mère: – Je n'en sais plus rien, répondit-elle; chaque année ma mère se croit rajeunie d'un an; si cela continue je serai bientôt son aînée. —

      L'épigramme, comme on voit, était héréditaire dans cette famille; mais le cœur d'Alexandrine ne ressemblait pas à celui de Sophie. Quoiqu'elle eût deux enfans d'A. M., elle divorça pour épouser un habitant de Luzarches, qu'elle a rendu veuf peu de temps après, en lui laissant aussi deux enfans.

      Quelques années avant la révolution Sophie Arnould habitait à Clichy-la-Garenne une maison de campagne où, partagée entre les souvenirs et les jouissances que lui assurait son amour pour les arts, elle se livrait presque entièrement à l'agriculture et aux douceurs d'une vie paisible et retirée.

      Elle СКАЧАТЬ



<p>5</p>

Ces vers ont été faits il y a longtemps par un des amis d'A. M.; mais cette plaisanterie et beaucoup d'autres n'ôtent rien à son mérite littéraire. Quel est l'homme de lettres à l'abri des épigrammes? Publier un ouvrage marquant, disait Diderot, c'est mettre la tête dans un guêpier.