Arnoldiana, ou Sophie Arnould et ses contemporaines;. Arnould Sophie
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Arnoldiana, ou Sophie Arnould et ses contemporaines; - Arnould Sophie страница 6

Название: Arnoldiana, ou Sophie Arnould et ses contemporaines;

Автор: Arnould Sophie

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

Серия:

isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/38974

isbn:

СКАЧАТЬ par son obsession continuelle autour de Mlle Arnould, ferait infailliblement périr cette actrice, sujet précieux au public, et dont en son particulier il désirait la conservation. Il requérait en conséquence qu'il fût enjoint audit prince de s'abstenir de toutes visites chez elle jusqu'à ce qu'elle fût parfaitement rétablie de la maladie d'ennui dont elle était atteinte, et qui la tuerait, suivant la décision de la Faculté… Cette plaisanterie un peu forte brouilla plus que jamais ces deux rivaux; ils se battirent, et le prince n'en continua pas moins ses visites chez Sophie, qui, pour le dédommager, finit par lui accorder ses bonnes grâces4.

      Dans ces temps de débordement les filles de spectacles se livraient aux goûts les plus condamnables. Sophie, se trouvant compromise dans quelques scènes scandaleuses qui entachaient sa réputation, voulut par un piége adroit détromper le public; un émule de Vitruve la seconda, et Paris fut bientôt instruit d'un prétendu mariage de l'architecte B. avec Mlle Arnould; mais elle négligea de conserver la renommée de cet hymen supposé, et répondit à ceux qui lui reprochaient de bonne foi de s'en tenir à un simple architecte après avoir vécu avec les plus grands seigneurs: «Je n'avais rien de mieux à faire pour employer les pierres qu'on jette de tous côtés dans mon jardin.»

      Sophie eut ensuite la fantaisie d'être dévote; sa mauvaise santé affaiblissait sa philosophie, et l'avenir parfois l'effrayait. Deux directeurs à rabat voulurent s'emparer de sa conscience: «O ciel! s'écria-t-elle, c'est encore pis que des directeurs d'opéra.»

      Il parut alors une caricature représentant Mlle Arnould aux pieds de son confesseur, et derrière cet homme était Mlle R., qui se désolait; au bas on lisait ces vers:

      Ne pleurez point, jeune R***;

      Arnould, courtisane prudente,

      En quittant l'arène galante

      Garde une réserve à l'amour.

      La fortune, qui jusque-là avait souri à Mlle R., lui fit éprouver ses disgrâces; l'essor brillant qu'elle avait pris, ses goûts et ses folies occasionnèrent un déficit énorme dans ses finances, et cette actrice, poursuivie par ses créanciers, fut obligée de s'expatrier; enfin l'affaire s'arrangea, les dettes furent payées, et Fanny revint à Paris, où ses talens lui valurent la réception la plus flatteuse.

      Sophie, après avoir été quelque temps brouillée avec Mlle R., se rapprocha d'elle, et le comédien F. entra pour beaucoup dans le raccommodement. Cette société, tout en s'aimant beaucoup, ne renonçait point aux gaietés piquantes et saugrenues qui se présentaient. Une Dlle V., amie de Sophie, étant accouchée, fit prier cette dernière d'être la marraine de son enfant, et la proposition fut acceptée: il fallait un parrain; l'accouchée crut faire sa cour en proposant F.; Sophie répondit qu'elle ne le connaissait pas le jour. En remplacement on parla d'A. M., gendre de Sophie: «C'est, reprit-elle, un ennuyeux qui ressemble à ces vieux laquais qu'on appelle la Jeunesse.» Cette épigramme écarta encore le second parrain projeté. Enfin Sophie, après avoir réfléchi, dit: «Nous allons chercher bien loin ce que nous avons sous la main; le parrain sera Fanny;» mais comme un tel parrain ne pouvait passer, elle employa à la cérémonie son fils Camille.

      Mlle Arnould se nommait Madeleine; mais elle préférait celui de Sophie, qu'elle avait choisi comme plus agréable et plus noble: c'est sous ce nom que tous ses amis la fêtaient. Voici des couplets qui lui furent adressés par A. M. avant qu'il n'entrât dans sa famille:

AIR: Qui par fortune trouvera Nymphe dans la prairie

      Amis, célébrons à l'envi

      La fête de Sophie;

      Que chacun de nous réuni

      La chante comme amie.

      Nous ne pouvons lui présenter

      De fleur plus naturelle

      Qu'en nous accordant pour chanter:

      C'est toujours, toujours elle!

      Si quelqu'un parle d'un bon cœur,

      On cite alors Sophie;

      Si l'on décerne un prix flatteur,

      Elle est encore choisie;

      Si quelqu'un trouve à l'Opéra

      Grâce et voix naturelle,

      Cet éloge désignera

      C'est toujours, toujours elle.

      En vain l'Envie aux triples dents

      Voulut blesser Sophie;

      Elle répand que ses talens

      Semblent rose flétrie:

      Mais elle parut dans Castor

      Si touchante et si belle,

      Que chacun,s'écria d'accord:

      C'est toujours, toujours elle!

      Le Temps cruel, qui détruit tout,

      Respectera Sophie;

      Par son pouvoir le dieu du goût

      Prolongera sa vie.

      Le charme de ses doux accens

      Nous la rendra nouvelle;

      On répétera dans vingt ans:

      C'est toujours, toujours elle.

      On avait donné à l'abbé Terray le sobriquet de grand Houssoir, nom qui convenait assez à sa figure et à sa besogne; il houssa terriblement les fermes au renouvellement du bail de 1774. Les nouvelles croupes et les intérêts qui furent donnés à la famille Dubarry et aux créatures du contrôleur général des finances firent beaucoup crier les traitans. On dit à Sophie Arnould qu'elle avait une croupe dans le nouveau bail des fermiers généraux, et l'on fit circuler sous son nom la lettre suivante, adressée à l'abbé Terray.

      Monseigneur,

      «J'avais toujours ouï dire que vous faisiez peu de cas des arts et des talens agréables; on attribuait cette indifférence à la dureté de votre caractère. Je vous ai souvent défendu du premier reproche; quant au second, il m'eût été difficile de m'élever contre le cri général de la France entière; cependant je ne pouvais me persuader qu'un homme aussi sensible aux charmes de notre sexe pût avoir un cœur de bronze. Vous venez bien de prouver le contraire; vous vous êtes occupé de nous au milieu des fonctions les plus importantes de votre ministère. Forcé de grever la nation d'un impôt de 162 millions, vous avez cru devoir en réserver une partie pour le théâtre lyrique et les autres spectacles; vous savez qu'une dose d'Allard, de Caillaud, de Raucourt est un narcotique sûr pour calmer les opérations que vous lui faites à regret. Véritable homme d'état, vous en prisez les membres suivant l'utilité dont ils sont avec vous. Le gouvernement fait sans doute en temps de guerre grand cas d'un guerrier qui verse son sang pour la patrie; mais en temps de paix le coup d'œil d'un militaire mutilé ne sert qu'à affliger; il faut au contraire des gens qui amusent; un danseur, une chanteuse sont alors des personnages essentiels, et la distinction qu'on établit dans les récompenses des deux espèces de citoyens est proportionnée à l'idée qu'on en a. L'officier estropié arrache avec peine et après beaucoup de sollicitations et de courbettes une pension modique; elle est assignée sur le trésor royal, espèce de crible sous lequel il faut tendre la main avant de recueillir quelques gouttes d'eau. L'acteur est traité plus magnifiquement; il est accolé à une sangsue publique, animal nécessaire qu'on fait ainsi dégorger en notre faveur de la substance la plus pure dont il se repaît. C'est à pareil titre sans doute, monseigneur, c'est à la profondeur de votre politique que je dois attribuer le prix flatteur dont vous honorez mon faible talent. Vous m'accordez, dit-on, une croupe; mais c'est une croupe d'or; vous me faites chevaucher derrière Plutus. Je ne doute pas que, dressé par vous, il n'ait les allures douces et engageantes; je m'y commets sous vos auspices, et cours avec СКАЧАТЬ



<p>4</p>

Par reconnaissance le prince payait chaque année à sa maîtresse les frais d'un équipage.