Le tour de la France par deux enfants. Bruno G.
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Название: Le tour de la France par deux enfants

Автор: Bruno G.

Издательство: Public Domain

Жанр: Книги о Путешествиях

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isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/27782

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СКАЧАТЬ son émotion: c'est pour cela qu'un enfant peut être aussi courageux qu'un homme

      Après un petit temps de repos ils se remirent en route. Mais tout à coup l'obscurité augmenta. Julien effrayé se serra plus près de son grand frère.

      Bientôt les étoiles qui les avaient guidés jusqu'alors disparurent. Un nuage s'était formé au sommet de la montagne, et, grossissant peu à peu, il l'avait enveloppée tout entière. Les enfants eux-mêmes se trouvèrent bientôt au milieu de ce nuage. Entourés de toutes parts d'un brouillard épais, ils ne voyaient plus devant eux.

      Ils s'arrêtèrent, bien inquiets; mais tous deux, pour ne pas s'affliger l'un l'autre, n'osèrent se le dire.

      – Donne-moi ton paquet, dit André à Julien; je le joindrai au mien; ton bâton sera libre, il me servira à tâter la route comme font les aveugles, afin que nous ne nous heurtions pas aux racines ou aux pierres. J'irai devant; tu tiendras ma blouse, car mes deux mains vont être embarrassées; mais je t'avertirai, je te guiderai de mon mieux. N'aie pas peur, mon Julien. Tu ne vas plus avoir rien à porter, tu pourras marcher facilement.

      – Oui, dit l'enfant d'une voix tremblante qu'il s'efforçait de rendre calme.

      Ils se remirent en marche, lentement, avec précaution. Malgré cela, André à un moment se heurta contre une de ces grosses pierres qui couvrent les chemins de montagne; il tomba, et faillit rouler du haut des rochers, entraînant avec lui le petit Julien.

      Les deux enfants comprirent alors le danger qu'ils couraient.

      – Asseyons-nous, dit André tout ému, en attirant Julien près de lui.

      – André, s'écria Julien, nous avons des allumettes et un bout de bougie. Le garde a dit de ne les allumer que dans un grand besoin; crois-tu qu'il serait dangereux de les allumer maintenant?

      – Non, mon Julien; la brume est si épaisse que notre lumière ne risque pas d'être aperçue et d'attirer l'attention des soldats allemands qui gardent la frontière.

      André, en achevant ces mots, alluma sa petite bougie, et Julien fut bien étonné de voir quelle faible et tremblante lueur elle répandait au milieu de l'épais brouillard. Pourtant on se remit en marche aussitôt, car il fallait être en France avant le lever du soleil. Julien, qui n'était plus embarrassé de son paquet, prit la bougie d'une main, et la protégeant de l'autre contre le vent, il avança, non sans trébucher souvent sur le chemin pierreux.

      Ce qu'André craignait surtout, c'était de s'être égaré au milieu de la brume. Au bout de quelques instants il prit le papier sur lequel il avait marqué le plan de sa route, et, suivant du regard la ligne qui devait lui indiquer son chemin, il se demanda: «Est-ce bien cette ligne que je suis?»

      Puis il dit à Julien: – Si nous avons marché sans nous tromper, nous devons être assez près d'une vieille tour en ruines; mais je ne la vois point. Toi qui as d'excellents yeux, regarde toi-même, Julien.

      Julien regarda, mais il ne vit rien non plus.

      Ils reprirent leur marche, cherchant avec anxiété à percer du regard les ténèbres. Mais ils n'apercevaient toujours point la vieille tour. De plus la bougie touchait à sa fin; elle s'éteignit. Les deux enfants n'avaient plus qu'un parti à prendre: s'arrêter, attendre.

      X. – La halte sous le sapin. – La prière avant le sommeil. – André reprend courage

Enfants, la vie entière pourrait être comparée à un voyage où l'on rencontre sans cesse des difficultés nouvelles

      André s'approcha d'un grand sapin dont les branches s'étendaient en parasol et pouvaient leur servir d'abri contre la rosée nocturne.

      – Viens, dit-il à son jeune frère, viens près de moi: nous serons bien là pour attendre.

      Julien s'approcha, silencieux; André s'aperçut que, sous l'humidité glaciale du brouillard, l'enfant frissonnait; ses petites mains étaient tout engourdies par le froid.

      – Pauvre petit, murmura André, assieds-toi sur mes genoux: je vais te couvrir avec les vêtements renfermés dans notre paquet de voyage; cela te réchauffera, et si tu peux dormir en attendant que le brouillard se lève, tu reprendras des forces pour la longue route qu'il nous reste à faire.

      L'enfant était si las qu'il ne fit aucune objection. Il passa un de ses bras autour du cou de son frère, et déjà ses yeux fatigués se fermaient lorsqu'il lui revint une pensée.

      – André, dit-il, puisque je vais dormir, je vais faire ma prière du soir.

      – Oui, mon Julien, nous la dirons ensemble.

      Et les deux orphelins, perdus au milieu de cette grande et triste solitude de la montagne, élevèrent dans une même prière leurs jeunes cœurs vers le ciel.

      Peu de temps après, Julien s'était endormi. Sa petite tête reposait confiante sur l'épaule d'André; le frère aîné, de son mieux, protégeait l'enfant contre la fraîcheur de la nuit, et il écoutait sa respiration tranquille: ce bruit léger troublait seul le silence qui les enveloppait.

      André, malgré lui, sentit une grande tristesse lui monter au cœur. – Réussirons-nous jamais à arriver en France? se disait-il. Quelquefois les brouillards dans la montagne durent plusieurs jours. Qu'allons-nous devenir si celui-ci tarde à se dissiper?

      Une fatigue extrême s'était emparée de lui. La bise glaciale, qui faisait frissonner les pins, le faisait lui aussi trembler sur le sol où il était assis. Parfois le vent soulevait autour de lui les feuilles tombées à terre: inquiet, André dressait la tête, craignant que ce ne fût le bruit de pas ennemis et que quelqu'un tout à coup ne se dressât en face de lui pour lui dire en langue allemande: – Que faites-vous ici? Qui êtes-vous? Où allez-vous?

      Ainsi le découragement l'envahissait. Mais alors un cher souvenir s'éleva en son cœur et vint à son aide. Il se rappela le regard profond de son père mourant, lorsqu'il avait placé la main de Julien dans la sienne pour le lui confier; il crut entendre encore ce mot plus faible qu'un souffle passer sur les lèvres paternelles: France. Et lui aussi le redit tout bas ce mot: France! patrie!.. Et il se sentit honteux de son découragement.

      – Enfant que je suis, s'écria-t-il, est-ce que la vie n'est pas faite tout entière d'obstacles à vaincre? Comment donc enseignerai-je à mon petit Julien à devenir courageux, si moi-même je ne sais pas me conduire en homme?

      Réconforté par ce souvenir plus puissant que tous les obstacles, priant l'âme de son père de leur venir en aide dans ce voyage vers la patrie perdue, il sut mettre à attendre le même courage qu'il avait mis à agir.

      XI. – Le brouillard se dissipe. – Arrivée d'André et de Julien sur la terre française

Quand on a été séparé de sa patrie, on comprend mieux encore combien elle vous est chère

      Peu à peu la douce tranquillité du sommeil de Julien sembla gagner André, lui aussi. Dans l'immobilité qu'il gardait pour ne pas éveiller l'enfant, il sentit ses yeux s'appesantir par la fatigue. Il eut beau lutter avec fermeté contre le sommeil, malgré lui ses paupières se fermèrent à demi.

      Après un temps assez long, comme il était à moitié plongé dans une sorte de rêve, il lui sembla, à travers ses paupières demi-closes, apercevoir une faible clarté. Il tressaillit, secouant par un dernier effort le sommeil qui l'envahissait, il ouvrit les yeux tout grands. Le brouillard était encore autour de lui, mais il était СКАЧАТЬ