Le tour de la France par deux enfants. Bruno G.
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Le tour de la France par deux enfants - Bruno G. страница 4

Название: Le tour de la France par deux enfants

Автор: Bruno G.

Издательство: Public Domain

Жанр: Книги о Путешествиях

Серия:

isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/27782

isbn:

СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      – Voyez, mes enfants, dit-il après avoir lu la lettre; je ne puis bouger de mon lit. Comment pourrais-je vous conduire? Et je n'ai auprès de moi que ma vieille servante, qui ne marche pas beaucoup mieux que moi.

      André fut consterné, mais il n'en voulut rien faire voir pour ne point inquiéter le petit Julien.

      Toute la nuit il dormit peu. Le matin de bonne heure, avant même que Julien s'éveillât, il s'était levé pour réfléchir. Il se dirigea sans bruit vers le jardin du garde, voulant examiner le pays, qu'il n'avait vu que le soir à la brune.

      Assis sur un banc au bord de la Sarre, qui coule le long du jardin entre deux haies de bouleaux et de saules, André se tourna vers le sud, et il regarda l'horizon borné par les prolongements de la chaîne des Vosges.

      – C'est là, se dit-il, que se trouve la France, là que je dois la nuit prochaine emmener mon petit Julien, là qu'il faut que je découvre, sans aucun secours, un sentier assez peu fréquenté pour n'y rencontrer personne et passer librement la frontière. Mon Dieu, comment ferai-je?

      Et il continuait de regarder avec tristesse les montagnes qui le séparaient de la France, et qui se dressaient devant lui comme une muraille infranchissable.

      Des pensées de découragement lui venaient; mais André était persévérant: au lieu de se laisser accabler par les difficultés qui se présentaient, il ne songea qu'à les combattre.

      Tout à coup il se souvint d'avoir vu dans la chambre du garde forestier une grande carte du département, pendue à la muraille: c'était une de ces belles cartes dessinées par l'état-major de l'armée française, et où se trouvent indiqués jusqu'aux plus petits chemins.

      – Je vais toujours l'étudier, se dit André. A quoi me servirait d'avoir été jusqu'à treize ans le meilleur élève de l'école de Phalsbourg, si je ne parvenais à me reconnaître à l'aide d'une carte? Allons! du courage! n'ai-je pas promis à mon père d'en avoir? Je dois passer la frontière et je la passerai.

      VII. – La carte tracée par André. – Comment il tire parti de ce qu'il a appris a l'école

Quand on apprend quelque chose, on ne sait jamais tout le profit qu'on en pourra retirer un jour

      Le garde Fritz approuva la résolution et la fermeté d'André. – A la bonne heure! dit-il. Quand on veut être un homme, il faut apprendre à se tirer d'affaire soi-même. Voyons, mon jeune ami, décrochez-moi la carte: si je ne puis marcher, du moins je puis parler. Vous avez si bonne volonté et je connais si bien le pays, que je pourrai vous expliquer votre chemin.

      Alors tous deux, penchés sur la carte, étudièrent le pays.

      Julien, de son côté, s'était assis sagement auprès d'eux, s'efforçant de retenir ce qu'il pourrait. Le garde parlait, montrant du doigt les routes, les sentiers, les raccourcis, faisant la description minutieuse de tous les détails du chemin. André écoutait; puis il essaya de répéter les explications; enfin il dessina lui-même tant bien que mal sa route sur un papier, avec les différents accidents de terrain qui lui serviraient comme de jalons pour s'y reconnaître.

      «Ici, écrivait-il, une fontaine; là, un groupe de hêtres à travers les sapins; plus loin, un torrent avec le gué pour le franchir, un roc à pic que contourne le sentier, une tour en ruines.»

      Enfin rien de ce qui pouvait aider le jeune voyageur ne fut négligé. – Tout ira bien, lui disait Fritz, si vous ne vous hâtez pas trop. Rappelez-vous que, quand on se trompe de chemin dans les bois ou les montagnes, il faut revenir tranquillement sur ses pas, sans perdre la tête et sans se précipiter: c'est le moyen de retrouver bientôt le vrai sentier.

      Quand la brune fut venue, André et Julien se remirent en route, après avoir remercié de tout leur cœur le garde Fritz, qui de son lit leur répétait en guise d'adieu:

      «Courage, courage! avec du courage et du sang-froid on vient à bout de tout.»

      VIII. – Le sentier à travers la foret. – Les enseignements du frère ainé. – La grande Ourse et l'étoile polaire

Le frère aîné doit instruire le plus jeune par son exemple et, s'il le peut, par ses leçons

      A l'ouest, derrière les Vosges, le soleil venait de se coucher; la campagne s'obscurcissait. Sur les hautes cimes de la montagne, au loin, brillaient les dernières lueurs du crépuscule, et les noirs sapins, agitant leurs bras au souffle du vent d'automne, s'assombrissaient de plus en plus.

      Les deux frères avançaient sur le sentier, se tenant par la main; bientôt ils entrèrent au milieu des bois qui couvrent toute cette contrée.

      Julien marchait la tête penchée, d'un air sérieux, sans mot dire. – A quoi songes-tu, mon Julien? demanda André.

      – Je tâche de bien me rappeler tout ce que disait le garde, fit l'enfant, car j'ai écouté le mieux que j'ai pu.

      – Ne t'inquiète pas, Julien; je sais bien la route, et nous ne nous égarerons pas.

      – D'ailleurs, reprit l'enfant de sa voix douce et résignée, si l'on s'égare, on reviendra tranquillement sur ses pas, sans avoir peur, comme le garde a dit de le faire, n'est-ce pas, André?

      – Oui, oui, Julien, mais nous allons tâcher de ne pas nous égarer.

      – Pour cela, tu sais, André, il faut regarder les étoiles à chaque carrefour; le garde l'a dit, je t'y ferai penser.

      – Bravo, Julien, répondit André, je vois que tu n'as rien perdu de la leçon du garde; si nous sommes deux à nous souvenir, la route se fera plus facilement.

      – Oui, dit l'enfant; mais je ne connais pas les étoiles par leur nom, et je n'ai pas compris ce que c'est que le grand Chariot.

      – Je te l'expliquerai quand nous nous arrêterons.

      Tout en devisant ainsi à voix basse, les deux frères avançaient et la nuit se faisait plus noire.

      André avait tant étudié le pays toute la journée, qu'il lui semblait le reconnaître comme s'il y avait déjà passé. Malgré cela, il ne pouvait se défendre d'une certaine émotion: c'était la première fois qu'il suivait ainsi les sentiers de la montagne, et cela dans l'obscurité du soir. Toutefois c'était un courageux enfant, et qui n'oubliait jamais sa tâche de frère aîné: songeant que le petit Julien devait être plus ému que lui encore en face des grands bois sombres, André s'efforçait de surmonter les impressions de son âge, afin d'enhardir son jeune frère par son exemple et d'accomplir courageusement avec lui son devoir.

      A un carrefour ils s'arrêtèrent. André regarda le ciel derrière lui.

      – Vois, dit-il à son frère, ces sept étoiles brillantes, dont quatre sont en carré comme les quatre roues d'un char, et trois autres par devant, comme le cocher et les chevaux: c'est ce qu'on appelle le grand Chariot ou encore la grande Ourse; non loin se trouve une étoile assez brillante aussi, et qu'on voit toujours immobile exactement au nord: on l'appelle pour cela l'étoile polaire. Grâce à cette étoile, on peut toujours reconnaître sa route dans la nuit. La vois-tu bien? Elle est juste derrière nous: cela prouve que nous sommes dans notre chemin; nous marchons vers le sud, c'est-à-dire vers la France.

      André, qui ne négligeait point les occasions d'instruire son frère en causant, lui enseigna aussi vers quel point la lune se lèverait bientôt, et à la pensée qu'elle allait éclairer leur route, les enfants se réjouirent de tout leur СКАЧАТЬ