Le tour de la France par deux enfants. Bruno G.
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Le tour de la France par deux enfants - Bruno G. страница 9

Название: Le tour de la France par deux enfants

Автор: Bruno G.

Издательство: Public Domain

Жанр: Книги о Путешествиях

Серия:

isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/27782

isbn:

СКАЧАТЬ cours, que les flots t'emportent vers la terre natale comme un dernier adieu, comme une dernière couronne aux morts qui dorment dans son sein.»

      XVII. – Arrivée d'André et de Julien à Épinal. – Le moyen de gagner la confiance

Voulez-vous mériter la confiance de ceux qui ne vous connaissent pas? travaillez. On estime toujours ceux qui travaillent

      Le soir, grâce à la voiture du fermier, les enfants arrivèrent à Épinal, où André se proposait de travailler un mois pour obtenir un bon certificat de son patron et du maire de la ville.

      Épinal est une petite ville animée, chef-lieu du département des Vosges. Les enfants traversèrent sur un pont la Moselle qui arrose la ville et s'y divise en plusieurs bras. Ils furent d'abord embarrassés au milieu de toutes les rues qui s'entre-croisaient; mais, après s'être informés poliment de leur chemin, ils arrivèrent chez une parente de la fermière qui leur avait donné la veille l'hospitalité à Celles.

      Ils lui dirent qu'ils venaient de la part de la fermière et lui demandèrent de les prendre en pension, c'est-à-dire de les loger et de les nourrir, pendant le mois qu'ils allaient passer à Épinal. André eut soin d'ajouter qu'ils avaient quelques économies et paieraient le prix que la bonne dame fixerait.

      Mme Gertrude (c'est ainsi qu'on l'appelait) fit les plus grandes difficultés. C'était une petite vieille voûtée, ridée, mais l'œil vif et observateur. Elle était assise auprès de la fenêtre devant une machine à coudre, le pied posé sur la pédale de la machine et la main sur l'étoffe pour la diriger. Elle interrompit son travail afin de questionner les enfants, parut hésitante:

      – Je suis trop âgée, dit-elle, pour prendre un pareil embarras.

      Puis, rajustant ses lunettes, pour observer encore mieux les enfants inconnus qui lui arrivaient et qu'elle avait laissés tout le temps debout sur le seuil de sa porte, elle finit par dire:

      – Entrez toujours, je vous coucherai ce soir; après cela nous verrons, vous et moi, ce que nous avons de mieux à faire.

      Les deux enfants fort interdits entrèrent dans la maison de la vieille dame. Elle ouvrit un cabinet où il y avait un grand lit, deux chaises et une petite table.

      – C'est l'ancienne chambre de mon fils, dit-elle; mon fils est mort dans la dernière guerre.

      Elle s'arrêta, poussant un long soupir. – Prenez sa chambre pour ce soir, ajouta-t-elle; plus tard nous verrons.

      Elle referma la porte brusquement et s'éloigna, les laissant fort attristés de l'accueil qui leur était fait. Julien surtout était confondu, car il voyait que la vieille dame se méfiait d'eux; il se jeta au cou de son frère.

      – Oh! André, s'écria-t-il, il vaudrait mieux aller ailleurs. Nous serons trop malheureux de passer un mois chez quelqu'un qui nous prend, bien sûr, pour des vagabonds… Pourtant, ajouta l'enfant, nous sommes bien propres, et nous nous étions présentés si poliment!

      – Julien, dit André courageusement, ailleurs ce serait sans doute tout pareil, puisque personne à Épinal ne nous connaît. Ici, au moins, nous sommes sûrs d'être chez une brave et digne femme, car la fermière nous l'a dit. Tu sais bien, Julien, qu'il ne faut pas juger les gens sur la mine. Au lieu de nous désoler, faisons tout ce que nous pourrons afin de gagner sa confiance… Pour commencer, puisqu'il n'est pas encore sept heures, je vais lui demander où demeure le maître serrurier pour lequel j'ai une recommandation. J'irai le voir tout de suite, et si j'obtiens de l'ouvrage, la dame Gertrude verra bien que nous sommes d'honnêtes enfants qui voulons travailler et gagner son estime. Tu sais bien, Julien, qu'on estime toujours ceux qui travaillent.

      – Et moi? dit Julien.

      – Toi, mon frère, reste à m'attendre: je crois que cela vaut mieux.

      Et André partit dans la direction que lui indiqua la mère Gertrude, tandis que Julien, poussant un gros soupir, regardait son frère s'éloigner.

      – Oh! combien nous serons heureux, pensait-il, quand nous aurons retrouvé notre oncle, que nous aurons une maison et que nous ne serons plus ainsi seuls comme deux enfants à l'abandon. Rien ne vaut la maison de la famille.

      XVIII. – La cruche de la mère Gertrude. – L'obligeance

Combien il est facile de se faire aimer de tous ceux qui nous entourent! Il suffit pour cela d'un peu d'obligeance et de bonne volonté

      Julien, tout craintif, n'osait s'approcher de dame Gertrude, qui, sans s'occuper de l'enfant, s'était remise à sa machine à coudre et travaillait avec activité, car elle ne perdait jamais une minute. Enfin la petite vieille se leva, rangea son ouvrage avec soin, et prit sa cruche pour aller à la fontaine. Elle passa près de Julien sans rien dire, marchant toute voûtée, à pas lents, et respirant d'un air fatigué.

      L'enfant, en la regardant passer ainsi, faible et cassée, se sentit ému. Il était habitué à respecter les vieillards, et obligeant de son naturel. Il sut donc vaincre la crainte qu'elle lui inspirait, il fit deux pas en courant pour la rattraper et, tout rougissant, il lui demanda:

      – Voulez-vous, Madame, que j'aille vous chercher de l'eau?

      La petite vieille surprise releva la tête: – C'est que, dit-elle, j'ai peur que vous ne cassiez ma cruche.

      – Oh! que non, dit l'enfant; je vais bien faire attention, soyez tranquille.

      Et lestement il partit à la fontaine. Il revint bientôt, portant avec précaution la précieuse cruche, qui, bien sûr, était plus vieille que lui; car la mère Gertrude était si soigneuse qu'elle ne cassait jamais rien: aussi son antique mobilier avait-il l'air presque aussi respectable qu'elle-même. La machine à coudre était le seul objet moderne qui tranchât au milieu du reste.

      Julien n'avait pas empli la cruche jusqu'aux bords, crainte de mouiller ses vêtements; en arrivant, il la posa bien doucement pour ne pas répandre d'eau sur le plancher reluisant. La mère Gertrude l'observait du coin de l'œil avec plaisir.

      – Bon! dit-elle, vous êtes soigneux et de plus serviable: vous aimez à épargner de la peine aux vieilles gens; c'est bien, mon enfant.

      Et la petite vieille sourit si amicalement à Julien qu'il se sentit tout réconforté.

      XIX. – Les deux pièces de cinq francs. – Un bienfait délicat

«Que votre main gauche ignore ce qu'a donné votre main droite.»

      Lorsque André rentra une heure plus tard, il trouva Julien bien affairé. Assis en face de la mère Gertrude, il lui aidait à écosser sa récolte de haricots; car la bonne dame avait un bout de jardin, derrière sa maison, et, l'été ayant été favorable, elle avait fait une belle récolte de haricots, pois, fèves, lentilles et autres plantes légumineuses.

      André fut émerveillé de voir l'enfant et la vieille dame causer tous deux comme d'anciennes connaissances. La défiance de Mme Gertrude n'avait pu tenir devant le gentil caractère de Julien; André acheva de rompre la glace en annonçant qu'il avait de l'ouvrage pour le lendemain même, et que son nouveau patron lui avait promis de faire entrer Julien à l'école.

      Mme Gertrude parut alors aussi satisfaite que les enfants eux-mêmes. Elle trempa la soupe, qui était cuite à point, et les trois nouveaux amis soupèrent ensemble avec plus d'entrain qu'on n'eût pu le croire une heure auparavant.

      Après le dîner, André rangea ses vêtements de travail tout prêts pour le lendemain. СКАЧАТЬ