Le tour de la France par deux enfants. Bruno G.
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Название: Le tour de la France par deux enfants

Автор: Bruno G.

Издательство: Public Domain

Жанр: Книги о Путешествиях

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isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/27782

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СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      En vraie mère de famille, elle visita les deux paquets de linge et d'habits que les deux voyageurs portaient sur l'épaule, et elle mit de bonnes pièces aux pantalons ou aux blouses qui en avaient besoin. En même temps elle avait allumé le poêle, ce meuble indispensable dans les pays froids du nord, qui sert tout à la fois à chauffer la maison et à préparer les aliments. Elle étendit tout autour les vêtements mouillés des enfants; lorsqu'ils furent secs, elle les brossa et les répara de son mieux. Tandis qu'elle pliait avec soin le gilet d'André, un petit papier bien enveloppé tomba d'une des poches.

      – Oh! se dit l'excellente femme, ce doit être là qu'est renfermée toute la fortune de ces deux enfants; si, comme je le crains, la bourse est trop légère, on fera son possible pour y ajouter quelque chose.

      Et elle développa le petit paquet. – Dix, vingt, trente, quarante francs, se dit-elle; que c'est peu pour aller si loin!.. la route est bien longue d'ici à Marseille. Et les jours de pluie, et les jours de neige! car l'hiver bientôt va venir… Les yeux de la mère Étienne étaient humides.

      – Et dire qu'avec si peu de ressources ils n'ont point hésité à partir!.. O pauvre France! tu es bien malheureuse en ce moment, mais tu dois pourtant être fière de voir que, si jeunes, et pour rester tes fils, nos enfants montrent le courage des hommes… Seigneur Dieu, ajouta-t-elle, protège-les!.. fais qu'ils rencontrent durant leur longue route des cœurs compatissants, et que pendant les froides soirées de l'hiver ils trouvent une petite place au foyer de nos maisons.

      Pendant qu'elle songeait ainsi en son cœur, elle s'était approchée de son armoire et elle atteignait sa petite réserve d'argent, bien petite, hélas! car le père et la mère Étienne avaient cruellement souffert des malheurs de la guerre. Néanmoins, elle y prit deux pièces de cinq francs et les joignit à celles d'André:

      – Étienne sera content, dit-elle: il m'a recommandé de faire tout ce que je pourrais pour les enfants de son vieux camarade.

      Quand elle eut glissé dans la bourse les pièces d'argent:

      – Ce n'est pas le tout, dit-elle; examinons ce petit rouleau qui enveloppait la bourse, et voyons si nos orphelins ont songé à se procurer de bons papiers, attestant qu'ils sont d'honnêtes enfants et non des vagabonds sans feu ni lieu… Ah! voici d'abord le certificat du patron d'André:

      «J'atteste que le jeune André Volden a travaillé chez moi dix-huit mois entiers sans que j'aie eu un seul reproche à lui faire. C'est un honnête garçon, laborieux et intelligent: je suis prêt à donner de lui tous les renseignements que l'on voudra. Voici mon adresse; on peut m'écrire sans crainte.

Pierre Hetman.maître serrurier, établi depuis trente ans à Phalsbourg.»

      – Bien, cela! dit Mme Étienne en repliant le certificat. Et ceci, qu'est-ce? Ah! c'est leur extrait d'âge, très bien. Enfin, voici une lettre de maître Hetman à son cousin, serrurier à Épinal, pour le prier d'occuper André un mois: André portera ensuite son livret d'ouvrier à la mairie d'Épinal et M. le maire y mettra sa signature. De mieux en mieux. Les chers enfants n'ont rien négligé: ils savent que tout ouvrier doit avoir un livret bien tenu et des certificats en règle. Allons, espérons en la Providence! tout ira bien.

      Lorsque Julien et André s'éveillèrent, ils trouvèrent leurs habits en ordre et tout prêts à être mis; et cela leur parut merveilleusement bon, car les pauvres enfants, ayant perdu leur mère de bonne heure, n'étaient plus accoutumés à ces soins et à ces douces attentions maternelles.

      Julien, dès qu'il fut habillé, peigné, le visage et les mains bien nets, courut avec reconnaissance embrasser Mme Étienne, et la remercia d'un si grand cœur qu'elle en fut tout émue.

      – Cela est bel et bon, répondit-elle gaîment, mais il faut déjeuner. Vite, les enfants, prenez ce pain et ce fromage, et mangez.

      V. – Les préparatifs d'Étienne le sabotier. – Les adieux. – Les enfants d'une même patrie

Les enfants d'une même patrie doivent s'aimer et se soutenir comme les enfants d'une même mère

      Pendant qu'André et Julien mangeaient, Étienne entra.

      – Enfants, dit le sabotier en se frottant les mains, je n'ai pas perdu mon temps: j'ai travaillé pour vous depuis ce matin. D'abord, je vous ai trouvé deux places dans la charrette d'un camarade qui va chercher des foins tout près de Saint-Quirin, village voisin de la frontière, où vous coucherez ce soir. On vous descendra à un quart d'heure du village. Cela économisera les petites jambes de Julien et les tiennes, André. Ensuite j'ai écrit un mot de billet que voici, pour vous recommander à une vieille connaissance que j'ai aux environs de Saint-Quirin, Fritz, ancien garde forestier de la commune. Vous serez reçus là à bras ouverts, les enfants, et vous y dormirez une bonne nuit. Enfin, ce qui vaut mieux encore, Fritz vous servira de guide le lendemain dans la montagne, et vous mènera hors de la frontière par des chemins où vous ne rencontrerez personne qui puisse vous voir. C'est un vieux chasseur que l'ami Fritz, un chasseur qui connaît tous les sentiers de la montagne et de la forêt. Soyez tranquilles, dans quarante-huit heures vous serez en France.

      – Oh! monsieur Étienne, s'écria André, vous êtes bon pour nous comme un second père!

      – Mes enfants, répondit Étienne, vous êtes les fils de mon meilleur ami, il est juste que je vous vienne en aide. Et puis, est-ce que tous les Français ne doivent pas être prêts à se soutenir entre eux? A votre tour, ajouta-t-il d'une voix grave, quand vous rencontrerez un enfant de la France en danger, vous l'aiderez comme je vous aide à cette heure, et ainsi vous aurez fait pour la patrie ce que nous faisons pour elle aujourd'hui.

      En achevant ces paroles Étienne entra dans la pièce voisine, où était son atelier de sabotier, et, voulant réparer le temps perdu, il se mit à travailler avec activité. Le petit Julien l'avait suivi, et il prenait un grand plaisir à le voir creuser et façonner si lestement les bûches de hêtre de la montagne.

      Vers le milieu de l'après-midi, la carriole dont avait parlé le père Étienne s'arrêta sur la grande route; le charretier, comme cela était convenu, siffla de tous ses poumons pour avertir les jeunes voyageurs.

      A ce signal, André et Julien saisirent rapidement leur paquet de voyage; ils embrassèrent de tout leur cœur la mère Étienne, et aussitôt le sabotier les conduisit vers la carriole.

      Après une nouvelle accolade, après les dernières et paternelles recommandations du brave homme, les enfants se casèrent dans le fond de la carriole, le charretier fit claquer son fouet et le cheval se mit au petit trot.

      Le père Étienne, resté seul sur la grande route, suivait des yeux la voiture qui s'éloignait. Il se sentait à la fois tout triste et pourtant fier de voir les enfants partir.

      – Brave et chère jeunesse, murmurait-il, va, cours porter à la patrie des cœurs de plus pour la chérir!

      Et lorsque la voiture eut disparu, il revint chez lui lentement, songeur, pensant au père des deux orphelins, à son vieil ami d'enfance qui dormait son dernier sommeil sous la terre de Lorraine, tandis que ses deux fils s'en allaient seuls désormais au grand hasard de la vie. Alors une larme glissa des yeux du vieillard: – Juste Dieu, murmura-t-il, bénis et protège cette jeunesse innocente et sans appui!

      VI. – Une déception. – La persévérance

Il n'est guère d'obstacle qu'on ne puisse surmonter avec de la persévérance

      Une déception attendait nos jeunes amis à leur arrivée dans la maison isolée du garde Fritz, située aux environs СКАЧАТЬ