L'année terrible. Victor Hugo
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Название: L'année terrible

Автор: Victor Hugo

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066304270

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СКАЧАТЬ sa droite un archange, à sa gauche un prophète,

      Entre ses bras son fils pâle et percé de clous,

      Un et triple, écoutant des harpes, Dieu jaloux,

      Dieu vengeur, que Garasse enregistre, qu’annote

      L’abbé Pluche en Sorbonne et qu’approuve Nonotte;

      S’il s’agit de ce Dieu que constate Trublet,

      Dieu foulant aux pieds ceux que Moïse accablait,

      Sacrant tous les bandits royaux dans leurs repaires,

      Punissant les enfants pour la faute des pères,

      Arrêtant le soleil à l’heure où le soir naît,.

      Au risque de casser le grand ressort tout net,

      Dieu mauvais géographe et mauvais astronome,

      Contrefaçon immense et petite de l’homme,

      En colère, et faisant la moue au genre humain,

      Comme un Père Duchêne un grand sabre à la main;

      Dieu qui volontiers damne et rarement pardonne,

      Qui sur un passe-droit consulte une madone,

      Dieu qui dans son ciel bleu se donne le devoir

      D’imiter nos défauts et le luxe d’avoir

      Des fléaux, comme on a des chiens, qui trouble l’ordre,

      Lâche sur nous Nemrod et Cyrus, nous fait mordre

      Par Cambyse, et nous jette aux jambes Attila,

      Prêtre, oui, je suis athée à ce vieux bon Dieu-là.

      Mais s’il s’agit de l’être absolu qui condense

      Là-haut tout l’idéal dans toute l’évidence,

      Par qui, manifestant l’unité de la loi,

      L’univers peut, ainsi que l’homme, dire: Moi;

      De l’être dont je sens l’âme au fond de mon âme,

      De l’être qui me parle à voix basse, et réclame

      Sans cesse pour le vrai contre le faux, parmi

      Les instincts dont le flot nous submerge à demi:

      S’il s’agit du témoin dont ma pensée obscure

      A parfois la caresse et parfois la piqûre

      Selon qu’en moi, montant au bien, tombant au mal,

      Je sens l’esprit grandir ou croître l’animal;

      S’il s’agit du prodige immanent qu’on sent vivre

      Plus que nous ne vivons, et dont notre âme est ivre

      Toutes les fois qu’elle est sublime, et qu’elle va,

      Où s’envola Socrate, où Jésus arriva,

      Pour le juste, le vrai, le beau, droit au martyre,

      Toutes les fois qu’au gouffre un grand devoir l’attire,

      Toutes les fois qu’elle est dans l’orage alcyon,

      Toutes les fois qu’elle a l’auguste ambition

      D’aller, à travers l’ombre infâme qu’elle abhorre

      Et de l’autre côté des nuits, trouver l’aurore;

      O prêtre, s’il s’agit de ce quelqu’un profond

      Que les religions ne font ni ne défont,

      Que nous devinons bon et que nous sentons sage,

      Qui n’a pas de contour, qui n’a pas de visage,

      Et pas de fils, ayant plus de paternité

      Et plus d’amour que n’a de lumière l’été ;

      S’il s’agit de ce vaste inconnu que ne nomme,

      N’explique et ne commente aucun Deutéronome,

      Qu’aucun Calmet ne peut lire en aucun Esdras,

      Que l’enfant dans sa crèche et les morts dans leurs draps

      Distinguent vaguement d’en bas comme une cime,

      Très-Haut qui n’est mangeable en aucun pain azime.

      Qui parce que deux cœurs s’aiment, n’est point fâché,

      Et qui voit la nature où tu vois le péché ;

      S’il s’agit de ce Tout vertigineux des êtres

      Qui parle par la voix des éléments, sans prêtres,

      Sans bibles, point charnel et point officiel,

      Qui pour livre a l’abîme et pour temple le ciel,

      Loi, Vie, Ame, invisible à force d’être énorme,

      Impalpable à ce point qu’en dehors de la forme

      Des choses que dissipe un souffle aérien,

      On l’aperçoit dans tout sans le saisir dans rien;

      S’il s’agit du suprême Immuable, solstice

      De la raison, du droit, du bien, de la justice,

      En équilibre avec l’infini, maintenant,

      Autrefois, aujourd’hui, demain, toujours, donnant

      Aux soleils la durée, aux cœurs la patience,

      Qui, clarté hors de nous, est en nous conscience;

      Si c’est de ce Dieu-là qu’il s’agit, de celui

      Qui toujours dans l’aurore et dans la tombe a lui,

      Étant ce qui commence et ce qui recommence;

      S’il s’agit du principe éternel, simple, immense,

      Qui pense puisqu’il est, qui de tout est le lieu,

      Et que, faute d’un nom plus grand, j’appelle Dieu,

      Alors tout change, alors nos esprits se retournent,

      Le tien vers la nuit, gouffre et cloaque où séjournent

      Les rires, les néants, sinistre vision,

      Et le mien vers le jour, sainte affirmation,

      Hymne, СКАЧАТЬ