Rencontres décisives. Roberto Bandenas
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Название: Rencontres décisives

Автор: Roberto Bandenas

Издательство: Bookwire

Жанр: Религия: прочее

Серия:

isbn: 9788472088535

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СКАЧАТЬ à la surface de l’eau et éclabousse les petits qui gambadent et qui le provoquent sans se préoccuper que le bord de son manteau se mouille.

      Revenu à sa tâche, Simon reporte son attention sur ses nœuds enchevêtrés.

      Le pêcheur continue à attendre l’évènement décisif qui dénouera ses liens et transformera sa morne existence en une aventure excitante. Quelque chose de semblable à ce que son frère croit avoir trouvé en suivant le nouveau maître, ce rabbi à l’enchantement envoûtant.

      En dehors de cela, rien ne semble avoir changé dans sa dure vie. Aucun bateau marchand ne viendra jamais de ces terres lointaines où il aimerait voyager pour mouiller dans la petite crique du port de Capharnaüm d’où il n’a jamais pu s’échapper.

      L’armée ? Peut-être. Les Romains continuent à recruter des soldats pour des expéditions de conquête dans des régions éloignées. Qui sait s’il ne pourrait obtenir un peu de gloire grâce à Rome, de sorte que son nom soit immortalisé à jamais dans l’histoire du monde ? Mais maintenant qu’il est marié, cette pensée lui paraît trop irréaliste et ces chimères disparaissent vite de son esprit, gommées comme les traces dans le sable sont lavées par les vagues qui se défont sans cesse à ses pieds.

      Sa poitrine burinée par le travail et le soleil se soulève lentement dans un soupir de nostalgie puis s’affaisse, vaincue et impuissante, comme un torrent d’énergie contenue qui ne trouve – et qui craint ne jamais trouver – de canal par où déborder.

      Mais ainsi vivent les rares habitants de ce quartier de pêcheurs : lui, son frère, leurs parents, le voisin Zébédée et ses enfants, leurs amis… Simon parle parfois avec eux de l’épine blessante que constitue pour lui son mécontentement et de ses espoirs fous de le surmonter. Ses amis partagent ses rêves. Mais le poids du travail les empêche de leur donner forme. Et ils se laissent porter par la routine sans plus penser à rien qu’au pain quotidien qu’il faut continuer à tout prix de se procurer sur les vagues de ce modeste lac.

      Cette nuit même, les barques étaient en train d’opérer quand la lune pointa le nez. Son croissant était si mince que leur silhouette dansant sur les vagues était à peine visible. Simon avait attendu le moment opportun pour lancer le filet. Au signal convenu, en silence, il se mit à procéder comme d’habitude : lâcher les amarres puis laisser lentement tomber sans bruit les plombs le long de la coque plongée dans l’ombre.

      Comme chaque nuit, des autres barques lui arrivait la rumeur étouffée de la même manœuvre. L’étape suivante plus délicate consistait à hisser rapidement les filets avant que les poissons ne s’en échappent. La prise dépendait en grande mesure de la rapidité et de l’habileté de cette manœuvre. Simon était un pêcheur adroit qui connaissait son métier mieux que personne.

      Dès qu’il perçut le signe d’apparentes tractions, d’un coup brusque il leva le filet. Mais celui-ci était vide. Il fallait recommencer, le jeter à nouveau par-dessus bord. Le pêcheur frustré répéta l’opération tout au long de la nuit. Sans succès.

      Simon était épuisé. Sur ses lèvres desséchées brûlait la saveur amère de la défaite. Les articulations des bras lui faisaient mal. Et cette vilaine douleur dorsale qui recommençait à se faire sentir…

      Le vent frais de l’aube faisait frémir son corps en nage, accusant la fatigue et la rage de l’échec. Dans une ultime tentative, Simon lança encore son filet. Cette fois il sentit une résistance. Ses yeux exorbités s’écarquillèrent davantage pour voir émerger à la surface les reflets argentés de la prise tant attendue. Mais une sourde déchirure rompit le filet qu’il ramena vide, troué, peut-être déchiré par le mât d’un vieux navire coulé.

      Jusqu’ici infructueuse, la pêche était maintenant impossible.

      Le mince croissant de lune avait disparu. Protégé par l’obscurité, Simon se laissa tomber sur les filets mouillés sans pouvoir retenir quelques larmes de rage. Il se jura qu’il abandonnerait la pêche à la première occasion.

      Le jour commençait à poindre. Les pêcheurs étaient taciturnes. Ils revinrent en silence à l’embarcadère dans les lueurs de l’aurore.

      Simon y était resté avec son frère et quelques amis pour réparer les filets en essayant de retarder le terrible moment de rentrer à la maison les paniers vides de poissons et le cœur dépourvu de toute envie.

      Ce fut alors qu’arriva le maître.

      Les étrangers n’avaient pas l’habitude de venir si tôt sur cette plage. Mais André et Jean le reconnurent immédiatement et coururent à sa rencontre. Simon, interloqué, continua à regarder ce curieux rabbi qui, quelques jours auparavant, s’était risqué à jouer avec son nom…

      Intrigué par le charme du mystérieux rabbi, lui non plus ne put résister quand il lui demanda de lui prêter sa barque ce matin-là.

      Qu’est-ce qui rend cet homme si irrésistible, si convaincant ? Son port, son assurance, cet air de savoir ce qu’il veut, un je ne sais quoi dans le regard… Ah ! Qu’il aimerait être ainsi ! Avoir comme lui cette personnalité saisissante !

      En y pensant, il remarque que son cœur bat plus fort. Ce maître qui a déjà transformé la vie de son frère commence à le troubler lui aussi.

      Le maître a enfin fini de parler aux gens et il s’avance d’un pas ferme le long du rivage. André et ses amis l’accompagnent. Sa tunique blanche ondoie au vent dans la splendeur joyeuse du matin comme la voile d’un navire sans amarres.

      Promenant son regard autour de lui comme s’il scrutait l’horizon, le maître s’arrête soudain et se dirige vers Simon. Honteux d’avoir abandonné son travail pour épier le visiteur, celui-ci baisse la tête. Étourdi, il ramasse le filet et simule le réparer.

      Le maître s’approche résolument du pêcheur.

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