Название: Madame Thérèse
Автор: Erckmann-Chatrian
Издательство: Bookwire
Жанр: Языкознание
isbn: 4064066084783
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Deux minutes après, la rue était vide.
On ne voyait plus que des tas de chevaux et d'hommes morts; le sang coulait au-dessous et suivait notre rigole.
«Cessez le feu! cria le commandant pour la seconde fois; chargez!»
Les Républicains, diminués de moitié, leurs grands chapeaux penchés sur le dos, l'air dur et terrible, attendaient l'arme au bras. Derrière, à quelques pas de notre maison, le commandant délibérait avec ses officiers. Je l'entendais très bien:
«Nous avons une armée autrichienne devant nous, disait-il brusquement; il s'agit de tirer notre peau1 d'ici. Dans une heure, nous aurons vingt ou trente mille hommes sur les bras;2 ils tourneront le village avec leur infanterie, et nous serons tous perdus. Je vais faire battre la retraite.3 Quelqu'un a-t-il quelque chose à dire?
--Non, c'est bien vu,»4 répondirent les autres.
Alors ils s'éloignèrent, et deux minutes après je vis un grand nombre de soldats entrer dans les maisons, jeter les chaises, les tables, les armoires dehors sur un même tas; quelques-uns, du haut des greniers, jetaient de la paille et du foin; d'autres amenaient des charrettes et les voitures du fond des hangars. Il ne leur fallut pas dix minutes pour avoir à l'entrée de la rue5 une barrière haute comme les maisons; le foin et la paille étaient au-dessus et au-dessous. Le roulement du tambour rappela ceux qui faisaient cet ouvrage; aussitôt le feu se mit à grimper de brindille en brindille jusqu'au haut de la barricade, balayant les toits à côté, de sa flamme rouge, et répandant sa fumée noire comme une voûte immense sur le village. De grands cris s'entendirent alors au loin; des coups de fusil partirent de l'autre côté; mais on ne voyait rien,6 et le commandant donna l'ordre de la retraite.
Je vis ces Républicains défiler devant chez nous d'un pas lent et ferme, les yeux étincelants, les baïonnettes rouges, les mains noires, les joues creuses. Deux tambours marchaient derrière sans battre; le petit que j'avais vu dormir sous notre hangar s'y trouvait; il avait sa caisse sur l'épaule et le dos plié pour marcher; de grosses larmes coulaient sur ses joues rondes, noircies par la fumée de la poudre; son camarade lui disait: «Allons, petit Jean, du courage!» Mais il n'avait pas l'air d'entendre. Horatius Coclès avait disparu et la cantinière aussi. Je suivis cette troupe des yeux jusqu'au détour de la rue.
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