La tombe de fer. Hendrik Conscience
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Название: La tombe de fer

Автор: Hendrik Conscience

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066087104

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СКАЧАТЬ dans le sein de la terre.

      Le soleil répand sa joyeuse lumière sur le cimetière; les fleurs se balancent sur les tombes au souffle du vent chaud du midi; les oiseaux chantent dans les tilleuls qui ombragent le gazon bénit; des papillons bigarrés voltigent au-dessus des petites croix de bois.... Mais rien ne trouble le silence solennel ni la religieuse solitude du jardin des morts.

      Janneken a achevé son oeuvre. Sur la tête de Mieken rayonne la couronne rouge et bleue qu'il a tressée pour elle.

      Tous deux entrent dans le sentier qui serpente à travers le cimetière.

      Janneken voit une marguerite blanche briller comme une étoile d'argent sur une tombe. Il fait un saut de côté, arrache la fleur de sa tige et la fixe sur le front de son amie.

      C'est le joyau le plus précieux dans le diadème d'une reine,—reine dont la royauté naissante est la vie, dont le sceptre est la beauté, dont les trésors sont la candeur et la foi....

      Mieken s'avance toute joyeuse, ses yeux bleus brillent d'un orgueil enfantin et mêlent leur doux éclat à celui des bluets qui s'agitent sur son front.

      Mais elle s'arrête et regarde en souriant une petite croix de bois dont la fraîche guirlande de fleurs indique une tombe nouvellement fermée.

      —La couronne que tu portes est bien plus belle, dit Janneken.

      —C'est là qu'est enterrée la petite Lotte, du charron, dit la petite fille, rêveuse.

      —Malheureuse petite Lotte! répond le petit garçon; elle ne pourra plus aller à l'école avec nous.

      —Mais elle est au ciel, n'est-ce pas?

      —Oui, elle est au ciel, la pauvre fille!

      —Pourquoi es-tu donc triste de ce que la petite Lotte est au ciel? demanda Mieken étonnée. Elle est si bien au ciel! On peut s'y promener du matin au soir avec les jolis petits anges, on y reçoit des friandises à plein tablier, tous les jours y sont des dimanches, on y joue et on y chante sans cesse; et quand on est fatigué de jouer, la bon Dieu vous prend sur ses genoux et vous endort en vous embrassant!

      —Oui, oui, il doit faire bon au ciel, soupire Janneken, absorbée dans ses pensées.

      —J'ai vu Lotte, lorsqu'elle était déjà devenue un petit ange, et qu'elle dormait un long sommeil avant d'aller au ciel, reprend Mieken. Ah! qu'elle était belle! Elle avait une belle robe blanche, et sa figure et ses mains étaient encore plus blanches que sa robe; elle portait sur ses cheveux une couronne de fleurs d'or et d'argent, avec des petites étoiles et des perles, comme l'Enfant Jésus dans l'église.[2] Et Lotte souriait si doucement dans son sommeil, qu'on eût dit qu'elle rêvait déjà du ciel. Je ne vis pas ses ailes, mais sa mère me dit qu'elles étaient repliées sous son dos afin de se reposer pour le long voyage.... Car le ciel est bien loin, bien loin d'ici, Janneken!

      [Note 2: Dans certaines parties de la Belgique, c'est la coutume de parer d'une couronne de fleurs artificielles le front des enfants mort.]

      —Viens, Mieken, murmura le petit garçon en l'éloignant avec la main de la petite tombe. Je ne voudrais pas mourir tout de même, car je ne pourrais plus jouer avec toi.

      —Mais, si nous pouvions aller au ciel ensemble, ce serait bien ainsi, n'est-ce pas?

      —Non, non, ne parle plus de cela, répliqua Janneken avec tristesse. Cela me fait peine. Ah! Mieken, n'es-tu donc pas contente sur la terre?

      Ils s'approchèrent de l'autre côté de l'église.

      Il y a là, contre le mur, un petit enclos fermé d'une grille de fer établie pour protéger une tombe contre les pieds des passants. Une porte à serrure est ménagée dans la grille, et, à deux pas de là, est un banc en bois de chêne dont la surface est polie par un long usage.

      Dans l'enclos, pas de pierre portant le nom du mort chéri; mais le sol est couvert de fleurs délicieuses. Il est visible qu'une main pieuse les soigne et les arrose; car, tandis que dans le reste du cimetière, le gazon est à demi grillé par la chaleur de l'été, les fleurs de la tombe montrent une fraîcheur et une vitalité surprenantes.

      —Tiens! s'écrie la petite fille, encore de nouvelles fleurs sur la tombe de fer.... Des fleurs sorties de terre et écloses en une seule nuit; c'est étrange, n'est-ce pas? Des fleurs qu'on ne trouve nulle part, ni dans les prés, ni dans les champs, ni dans les bois!

      —O innocente Mieken! c'est toujours l'ermite qui les plante là!

      —Oui. Alors, que signifie ce banc usé? c'est la dame blanche qui vient s'asseoir toutes les nuits sur le banc, prés de la tombe de fer, jusqu'à ce que les coqs chantent?

      —Non, c'est le vieil ermite qui vient prier tous les jours sur le banc.

      —Mais qui peut être enterré là, Janneken? Ma mère na le sait pas.

      —Je l'ai demandé à mon père. C'est une vilaine histoire que je ne puis comprendre. Je crois que l'ermite a été marié avec une femme qui était déjà morte....

      —Vois, Janneken, la belle fleur! interrompit la petite fille en admiration; avec des feuilles jaunes comme de l'or et un cœur rouge comme du sang....

      Le petit garçon regarda de tous côtés avec défiance et dit:

      —Je cueillerais bien cette fleur pour l'ajouter à ta couronne, Mieken; mais j'ai peur que l'ermite ne me voie.

      —Non, non, ne la cueille pas, dit l'enfant effrayée. La dame blanche le saurait.

      Mais Janneken se pencha au-dessus du grillage de fer et s'allongea pour saisir la belle fleur.

      —Fuis, fuis, voilà l'ermite! s'écria Mieken.

      Et les deux enfants s'élancèrent effrayés hors du cimetière.

       Table des matières

      Par une belle journée d'été, je cheminais, le bâton de voyage à la main, le long d'une des chaussées, qui, d'Anvers, se dirigent vers la Campine. J'étais las de rêver et de jouir du spectacle de la nature; car la longue route avait fatigué mes membres, et la chaleur étouffante avait émoussé la sensibilité de mon cerveau.

      Ce n'était pas que j'eusse fait une longue journée de marche, ni précipité mon pas de manière à épuiser mes forces. J'étais parti de la ville le matin de bonne heure et j'avais marché, je m'étais assis au bord de la route, j'avais causé avec des gens de l'auberge; j'avais cueilli des herbes et effeuillé des fleurs, et, ainsi rêvant, flânant et jouant avec un plaisir enfantin, je n'avais fait que trois lieues de chemin quand le soleil commençait déjà à descendre vers l'horizon.

      Ce fut avec use véritable satisfaction que j'entendis derrière moi un bruit lointain de roues, et que je distinguai, dans un nuage dépoussière lumineux, la gigantesque masse noire qui m'annonçait l'arrivée de la diligence.

      Lorsque la lourde voiture s'approcha СКАЧАТЬ