Fables de La Fontaine. Jean de la Fontaine
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Название: Fables de La Fontaine

Автор: Jean de la Fontaine

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066074258

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СКАЧАТЬ Achevons tout notre rôt.

      C’est assez, dit le rustique;

       Demain vous viendrez chez moi.

       Ce n’est pas que je me pique

       De tous vos festins de roi;

      Mais rien ne vient m’interrompre,

       Je mange tout à loisir.

       Adieu donc. Fi du plaisir

       Que la crainte peut corrompre!

      X

       Table des matières

      La raison du plus fort est toujours la meilleure;

       Nous l’allons montrer tout à l’heure.

      Un agneau se désaltéroit

       Dans le courant d’une onde pure.

       Un loup survient à jeun, qui cherchoit aventure,

       Et que la faim en ces lieux attiroit.

       Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage?

       Dit cet animal plein de rage:

       Tu seras châtié de ta témérité.—

       Sire, répond l’agneau, que Votre Majesté

       Ne se mette pas en colère;

       Mais plutôt qu’elle considère

       Que je me vas désaltérant

       Dans le courant,

       Plus de vingt pas au-dessous d’elle;

       Et que, par conséquent, en aucune façon

       Je ne puis troubler sa boisson.—

       Tu la troubles! reprit cette bête cruelle;

       Et je sais que de moi tu médis l’an passé.—

       Comment l’aurois-je fait si je n’étois pas né?

       Reprit l’agneau; je tette encor ma mère.—

       Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.—

       Je n’en ai point.—C’est donc quelqu’un des tiens;

       Car vous ne m’épargnez guère,

       Vous, vos bergers et vos chiens.

       On me l’a dit: il faut que je me venge.

       Là-dessus, au fond des forêts,

       Le loup l’emporte, et puis le mange,

       Sans autre forme de procès.

      XI

       Table des matières

      POUR M. LE DUC DE LA ROCHEFOUCAULD[5].

      Un homme qui s’aimoit sans avoir de rivaux

       Passoit dans son esprit pour le plus beau du monde:

       Il accusoit toujours les miroirs d’être faux,

       Vivant plus que content dans son erreur profonde.

       Afin de le guérir, le sort officieux

       Présentoit partout à ses yeux

       Les conseillers muets dont se servent nos dames:

       Miroirs dans les logis, miroirs chez les marchands,

       Miroirs aux poches des galants,

       Miroirs aux ceintures des femmes.

       Que fait notre Narcisse? Il se va confiner

       Aux lieux les plus cachés qu’il peut imaginer,

       N’osant plus des miroirs éprouver l’aventure.

       Mais un canal, formé par une source pure,

       Se trouve en ces lieux écartés:

       Il s’y voit, il se fâche; et ses yeux irrités

       Pensent apercevoir une chimère vaine.

       Il fait tout ce qu’il peut pour éviter cette eau;

       Mais quoi! le canal est si beau,

       Qu’il ne le quitte qu’avec peine.

      On voit bien où je veux venir.

       Je parle à tous; et cette erreur extrême

       Est un mal que chacun se plaît d’entretenir.

       Notre âme, c’est cet homme amoureux de lui-même;

       Tant de miroirs, ce sont les sottises d’autrui,

       Miroirs, de nos défauts les peintres légitimes;

       Et quant au canal, c’est celui

       Que chacun sait, le livre des Maximes.

      XII

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