L’Assassin Zéro. Джек Марс
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СКАЧАТЬ rencontrés une fois ou deux au moins.

      “L’école, ça va bien,” finit-elle par dire en se forçant à sourire. Sara avait assez de problèmes comme ça. “Mais c’est un peu ennuyeux. Et toi alors, raconte-moi.”

      Sara soupira, puis écarta les bras sur les côtés dans un grand geste pour montrer tout l’appart. “Comme tu vois. Je suis ici toute la journée, tous les jours. Je mate la télé. Je ne vais nulle part. Je n’ai pas d’argent. Papa m’a donné un téléphone sur son forfait, donc il peut garder un œil sur mes appels et messages.” Elle haussa les épaules. “C’est comme l’une de ces prisons pour cols blancs où ils envoient les politiciens et les célébrités.”

      Maya sourit tristement à cette comparaison, puis demanda avec hésitation : “Mais, tu es… clean ?”

      Sara acquiesça. “Autant que je puisse l’être.”

      Maya fronça les sourcils. Elle savait beaucoup de choses sur beaucoup de sujets, mais pas sur la consommation de drogues à des fins récréatives. “Qu’est-ce que ça veut dire ?”

      Sara regardait le comptoir en granit et faisait des petits ronds avec son index sur la surface lisse. “Ça veut dire que c’est dur,” avoua-t-elle à voix basse. “Je pensais que ce serait plus facile après les premiers jours, une fois que tout le poison aurait quitté mon corps. Mais ce n’est pas le cas. C’est comme si… comme si mon cerveau se souvenait de la sensation et qu’il la réclamait toujours. L’ennui n’aide pas. Papa ne veut pas que je trouve un boulot tout de suite, parce qu’il ne veut pas que je gagne de l’argent jusqu’à ce que j’aille mieux.” Elle haussa les épaules et ajouta, “Il me pousse à étudier pour passer mon équivalence.”

      Et tu devrais, faillit lâcher Maya, mais elle tint sa langue. Sara avait arrêté le lycée après avoir obtenu son émancipation. Mais la dernière chose dont elle avait besoin en cet instant était qu’on lui fasse la leçon, surtout dans un moment comme celui-ci où elle s’ouvrait et se confiait.

      Mais une chose était claire : le problème de Sara était plus grave que ce que Maya avait imaginé. Elle avait cru que sa sœur cadette avait juste expérimenté les drogues pour s’amuser et que sa presque overdose avait été un accident. Pourtant, c’était tout le contraire. Sara était une accro en convalescence. Et Maya ne pouvait rien faire pour l’aider. Elle ne connaissait rien à l’addiction.

      Mais est-ce que c’est vraiment le cas ?

      Elle se souvint tout à coup d’une nuit, environ deux semaines plus tôt, où elle avait réveillé sa camarade de dortoir en rentrant de la salle de gym à une heure du matin. Irritée, celle-ci lui avait grommelé quelque chose, à moitié endormie, la traitant de “toxico de l’entraînement.” Ensuite, Maya était restée éveillée encore une heure de plus pour étudier, avant de se lever le lendemain matin à six heures pour faire un jogging.

      Plus elle y songeait, plus elle réalisait qu’elle connaissait parfaitement l’addiction. N’était-elle pas accro à faire ses preuves ? Ne poursuivait-elle pas le dragon de son propre succès ?

      Quant à son père, après tout le tumulte des deux dernières années, il avait tout de même repris le boulot. Sara avait toujours soif de défonce aux produits illicites, tout comme Maya avait soif d’accomplissement et leur père avait soif du frisson de la traque… parce qu’ils composaient peut-être tous une famille d’accros.

      Mais Sara est la seule à l’avoir reconnu. Peut-être que c’est la plus intelligente de nous tous.

      “Hé.” Maya tendit le bras et prit la main de Sara. “Tu peux combattre ça. Tu es plus forte que tu ne le crois. J’ai foi en toi.”

      Sara esquissa un demi-sourire. “Je suis contente que quelqu’un croie en moi.”

      “Je vais parler à Papa,” proposa Maya. “Voir s’il ne peut pas relâcher la pression et te donner un peu de liberté…”

      “Non,” la coupa Sara. “Papa n’est pas un problème. Il a été génial avec moi et il a fait probablement plus que ce que je mérite.” Elle baissa les yeux au sol. “Le problème, c’est moi. Parce que je sais très bien que si j’ai cent dollars en poche et que je peux aller où je veux, il devra à nouveau venir me chercher. Et la prochaine fois, il pourrait ne pas arriver à temps.”

      Le cœur de Maya se serra en voyant le tourment évident dans les yeux de sa sœur, puis en constatant qu’il n’y avait rien qu’elle puisse faire pour elle. Tout ce qu’elle pouvait offrir étaient de vagues paroles d’encouragement, mais elles n’avaient aucunement le pouvoir de résoudre ses problèmes.

      Soudain, elle se ne se sentit pas du tout à sa place dans cette cuisine étrangère. Elles avaient traversé tant de choses ensemble. Grandir. Pleurer leur mère. Découvrir leur père. Passer des vacances en famille et fuir des meurtriers. Le genre de choses donc quiconque penserait que ça rapprocherait deux êtres, que ça créerait un lien incassable, alors que ça avait en fait créé un silence vide qui envahissait l’espace entre elles comme un ballon que l’on gonfle.

      Est-ce que ça allait être comme ça maintenant ? Est-ce que la fille juste devant elle allait continuer à devenir de plus en plus méconnaissable jusqu’à ce qu’elles deviennent de simples étrangères qui feraient juste partie de la même famille ?

      Maya aurait voulu dire quelque chose, quoi que ce soit qui puisse prouver qu’elle avait tort. Se rappeler un souvenir heureux ou l’appeler Pouêt-pouêt, le surnom d’enfance qu’elle lui avait donné et qu’elle n’avait pas utilisé depuis dieu sait combien de temps.

      Avant qu’elle ait pu dire quoi que ce soit, la poignée de porte se fit entendre derrière elles. Maya se retourna alors que la porte s’ouvrait, serrant instinctivement les poings contre ses flancs. Ses nerfs étaient toujours en éveil dès qu’il y avait une intrusion inattendue.

      Mais ce n’était pas un intrus. C’était son père, portant deux sacs de courses et semblant avancer avec hésitation dans la cuisine de son propre logement en la voyant.

      “Salut.”

      “Salut, Papa.”

      Il posa à terre les sacs de courses et fit un pas vers elle, bras ouverts, avant de s’arrêter. “Je peux… ?”

      Elle fit oui de la tête, et il la prit dans ses bras. Ce fut une étreinte étrange au départ, hésitante… Mais ensuite, Maya remarqua assez bizarrement qu’il sentait toujours pareil. C’était une odeur d’une nostalgie extrême, une odeur de son enfance, celle de milliers d’autres câlins. Et elle avait beau être plus âgée, Sara avait beau avoir l’air différente, elle avait beau ne toujours pas être sûre de savoir qui était réellement son père, et ils avaient beau se trouver dans un nouvel endroit qui était censé être son foyer, à ce moment-là, rien ne tout ça n’eut d’importance. Ce moment sembla être ses racines, et elle plongea dedans, le serrant fort contre elle.

*

      Maya fit coulisser la porte vitrée à l’arrière de l’appart, et enfila un sweat à capuche pour affronter l’air frais de la nuit. L’appartement n’avait pas de terrasse, mais un petit balcon équipé d’une table et de deux chaises.

      Son père était assis sur l’une d’elles, sirotant quelque chose d’ambré dans un verre. Maya s’assit dans l’autre chaise, constatant à quel point la nuit était claire.

      “Sara СКАЧАТЬ