Название: L'Agent Zéro
Автор: Джек Марс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Современные детективы
Серия: Un Thriller d’Espionnage de L'Agent Zéro
isbn: 9781640299511
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“Maya ! Je, euh, j’ai eu une urgence, à la toute dernière minute. Je ne voulais pas vous réveiller…”
“Tu te moques de moi ?” Sa voix était aiguë, agitée et inquiète en même temps. “Je ne suis pas stupide, Papa. Dis-moi la vérité.”
Il soupira. “Tu as raison. Je suis désolé. Je ne peux pas te dire où je suis, Maya. Et je ne dois pas rester au téléphone trop longtemps. Fais seulement ce que ta tante te demande, OK ? Tu vas quitter la maison pour un petit moment. Ne va pas à l’école. Ne va nulle part. Ne parle pas de moi que ce soit au téléphone ou sur l’ordinateur. Tu comprends ?”
“Non, je ne comprends pas ! Est-ce que tu as des ennuis ? Doit-on appeler la police ?”
“Non, ne fais pas ça”, dit-il. “Pas encore. Laisse-moi… juste du temps pour résoudre un truc.”
Elle garda le silence un long moment. Puis, elle finit par dire, “Jure-moi que tu vas bien.”
Il grimaça.
“Papa ?”
“Ouais,” dit-il un peu trop fort. “Je vais bien. S’il te plait, fait juste ce que je te demande et va avec ta Tante Linda. Je vous aime toutes les deux. Dis-le à Sara et fais-lui un câlin de ma part. Je vous contacte aussi vite que possible…”
“Attends, attends !” dit Maya. “Comment vas-tu nous contacter si tu ne sais pas où nous sommes ?”
Il prit le temps d’y réfléchir. Il ne pouvait pas demander à Ronnie de s’impliquer encore plus là-dedans. Il ne pouvait pas non plus appeler les filles directement. Et, enfin, il ne pouvait pas risquer de savoir où elles étaient, car cela pourrait se retourner contre lui…
“Je créerai un faux compte,” dit Maya, “sous un autre nom. Tu le sauras. Je le consulterai uniquement depuis les ordinateurs de l’hôtel. Si tu as besoin de nous contacter, envoie un message.”
Reid comprit immédiatement. Il se sentit soudain très fier : elle était si intelligente et bien plus cool face à la pression qu’il ne l’aurait cru.
“Papa ?”
“Ouais,” dit-il. “C’est parfait. Prend soin de ta sœur. Je dois y aller…”
“Je t’aime,” dit Maya.
Il mit un terme à l’appel. Puis, il renifla. Elle revenait de nouveau, cette folle envie de se précipiter chez lui pour les retrouver, les garder en sécurité, emporter tout ce qu’ils pourraient et tout quitter, partir quelque part…
Il ne pouvait pas faire ça. Peu importe ce dont il s’agissait, ceux qui en avaient après lui l’avaient déjà trouvé une fois. Il avait été extrêmement chanceux qu’ils ne s’en soient pas pris à ses filles. Peut-être ne connaissaient-ils pas leur existence. La prochaine fois, s’il y en avait une, il n’aurait probablement pas autant de chance.
Reid ouvrit le téléphone, en retira la carte SIM et la cassa en deux. Il laissa tomber les morceaux dans une grille d’égout. Reprenant sa marche dans la rue, il déposa la batterie dans une poubelle, et les deux parties du téléphone dans d’autres.
Il savait qu’il avançait en direction de la Rue de Stalingrad, même s’il n’avait aucune idée de ce qu’il ferait une fois qu’il y serait. Son cerveau lui hurlait de changer de direction, d’ailler n’importe où ailleurs. Pourtant, le sang-froid dans son subconscient l’exhortait à continuer.
Ses ravisseurs lui avaient demandé ce qu’il savait de leurs “plans.” Les lieux à propos desquels ils l’avaient questionné (Zagreb, Madrid et Téhéran), il devait y avoir un lien entre eux et ils étaient clairement liés aussi aux hommes qui l’avaient enlevé. Quelles que soient ses visions (il refusait toujours de les reconnaître comme étant autre chose), elles étaient au courant de quelque chose qui s’était soit déjà passé, soit qui allait se produire. Mais cette connaissance, il ne la possédait pas. Plus il y réfléchissait et plus il sentait dans son esprit qu’il y avait urgence.
Non, c’était même plus fort que ça. Il lui semblait que c’était une obligation.
Ses ravisseurs lui avaient paru résolus à le tuer à petit feu pour obtenir des réponses. Et il avait la sensation que, s’il ne découvrait pas ce dont il s’agissait et ce qu’il était censé savoir, beaucoup de gens allaient mourir.
“Monsieur.” Les réflexions de Reid furent stoppées par une femme emmitouflée dans un manteau et une écharpe, lui touchant gentiment le bras. “Vous saignez,” dit-elle en anglais, montrant son propre sourcil.
“Oh. Merci.” Il toucha son sourcil droit du bout des doigts. Une petite coupure avait imbibé le pansement et une goutte de sang était en train de couler sur son visage. “Il faut que je trouve une pharmacie,” murmura-t-il.
Puis, il eut le souffle coupé en réalisant quelque chose : il y avait une pharmacie pas loin et il fallait juste descendre deux rues et en remonter une autre. Il n’était jamais rentré dedans, du moins pas à sa connaissance, à laquelle on ne pouvait pas se fier d’ailleurs. Pourtant, il le savait, tout simplement, aussi bien qu’il connaissait la route pour se rendre au Pap’s Deli.
Un frisson parcourut son dos de bas en haut. Les autres visions avaient été viscérales et s’étaient toutes manifestées par des stimuli externes : des visions, des bruits et même des odeurs. Cette fois, aucune vision n’était venue accompagner ça. Il s’agissait véritablement d’un souvenir, de la même manière qu’il avait su où tourner à chaque panneau de rue, de la même manière qu’il savait comment charger le Beretta.
Il prit une décision avant que le feu piéton ne passe au vert. Il irait au rendez-vous dans l’idée d’obtenir toutes les informations possibles. Ensuite, il déciderait quoi en faire : peut-être les donner aux autorités et laver son nom en échange pour le meurtre des quatre hommes dans le sous-sol. Les laisser procéder aux arrestations pendant qu’il rentrerait chez lui retrouver ses filles.
Une fois à la pharmacie, il acheta un petit tube de super glue, une boîte de pansements papillon, des cotons-tiges et un fond de teint correspondant le plus possible à sa carnation de peau. Il emporta ses achats dans les toilettes et en verrouilla la porte.
Il décolla les pansements qu’il s’était mis n’importe comment sur le visage, dans l’appartement, et lava les croûtes de sang de ses blessures. Sur les coupures les plus petites, il appliqua les pansements papillon. Pour les blessures plus profondes qui auraient normalement nécessité des points de suture, il rapprocha les bords de la peau et y colla une bande de super glue, sifflant entre ses dents en même temps. Puis, il retint son souffle environ trente secondes. La glue le brûlait vivement, mais la douleur diminuait au séchage. Pour finir, il étala le fond de teint sur les contours de son visage, en particulier aux endroits que ses anciens ravisseurs sadiques avaient arrangés à leur sauce. Il n’était pas possible de camoufler totalement son œil enflé et sa mâchoire tuméfiée. Mais ainsi, au moins, il y aurait moins de gens pour le regarder bizarrement dans la rue.
La totalité des opérations prit environ une demi-heure et, deux fois dans cet intervalle de temps, des clients frappèrent à la porte des toilettes СКАЧАТЬ