L'Agent Zéro . Джек Марс
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Читать онлайн книгу L'Agent Zéro - Джек Марс страница 18

СКАЧАТЬ hésita. Il savait qu’il ne devrait pas. Il savait qu’il n’en avait pas envie. Mais il avait un sentiment bizarre d’obligation, et il y avait cette réserve aux nerfs d’acier au fond de son esprit qui s’adressait de nouveau à lui, Du calme. Il avait une arme. Il possédait une sorte de panel de compétences. Il était déjà allé si loin et, à en juger par ce qu’il savait à présent, cela allait bien au-delà de quelques iraniens dans un sous-sol de Paris. Il y avait un plan, la CIA était impliquée et il savait que, d’une façon ou d’une autre, il en résulterait de nombreux blessés ou même pire.

      Il fit un signe affirmatif de la tête, mâchoires serrées.

      “Parfait.” Yuri vida son verre et se leva, gardant encore et toujours son coude gauche contre lui. “Au revoir.” Il fit un signe de la main à la barmaid. Puis, le serbe se dirigea vers l’arrière du Féline, passant par une petite cuisine sale, puis par une porte en acier donnant sur une allée pavée.

      Reid le suivit dans la nuit, surpris de voir que l’obscurité était tombée si rapidement pendant qu’il était dans le bar. Au bout de l’allée, se trouvait un SUV noir, attendant gentiment, avec des vitres teintées presque aussi noires que la peinture de la carrosserie. Une porte arrière s’ouvrit avant que Yuri ne l’ait atteinte, et deux gorilles en sortirent. Reid ne leur trouva pas d’autre qualificatif : ils étaient tous deux larges d’épaules, imposants et ne faisaient rien pour cacher les pistolets automatiques TEC-9 qui se balançaient à des harnais sous leurs aisselles.

      “Du calme, les amis,” dit Yuri. “Voici Ben. Nous allons l’emmener voir Otets.”

      Otets. Mot russe signifiant “père.” Ou, à un niveau plus technique, “créateur.”

      “Venez,” dit Yuri d’un ton plaisant. Il mit une tape amicale sur l’épaule de Reid. “Le trajet sera très agréable. Nous allons boire du champagne en chemin. Venez.”

      Les jambes de Reid ne voulaient plus avancer. C’était risqué… trop risqué. S’il entrait dans cette voiture avec ces hommes et qu’ils découvraient qui il était, ou même qu’il n’était pas celui qu’il prétendait, il pourrait très bien être un homme mort. Ses filles seraient orphelines et elles pourraient tout aussi bien ne jamais savoir ce qui lui était arrivé.

      Mais quel autre choix avait-il ? Il ne pouvait pas vraiment agir comme s’il avait soudainement changé d’avis. Ce serait bien trop suspect. C’était comme s’il avait déjà dépassé le point de non-retour en suivant tout simplement Yuri dehors. Et s’il parvenait à garder sa couverture assez longtemps, il pourrait remonter à la source et découvrir aussi ce qui était en train de se passer dans sa propre tête.

      Il avança vers le SUV.

      “Ah ! Un momento, por favor.” Yuri fit un signe du doigt à l’attention de son escorte musclée. L’un d’entre eux souleva les bras de Reid sur les côtés, pendant que l’autre le tâtait de haut en bas. En premier lieu, il trouva le Beretta, toujours enfoncé à l’arrière de son jean. Puis, il fouilla dans les poches de Reid en en sortit la liasse d’euros et le téléphone prépayé, remettant le tout à Yuri.

      “Vous pouvez garder ça.” Le serbe lui rendit son argent. “Cependant, nous allons conserver le reste par sécurité, vous comprenez.” Yuri fourra le téléphone et le pistolet dans la poche intérieure de sa veste en daim et, l’espace d’un court instant, Reid entrevit la crosse brune d’un pistolet.

      “Je comprends,” dit Reid. À présent, il se retrouvait désarmé et sans aucun moyen d’appeler à l’aide en cas de besoin. Je devrais m’enfuir, pensa-t-il. Me mettre à courir sans regarder en arrière…

      L’un des gorilles lui baissa la tête et le poussa à l’arrière du SUV. Ils grimpèrent tous deux à bord ensuite, suivis de Yuri qui referma la portière derrière lui. Il s’assit à côté de Reid, alors que les deux gorilles se collèrent presque épaule contre épaule, assis sur une banquette face à eux, juste derrière le siège conducteur. Une sombre cloison teintée les séparait de l’avant du véhicule.

      L’un des deux acolytes frappa de ses doigts contre la cloison du conducteur. “Otets,” dit-il d’un air bourru.

      Un fort bruit de clic verrouilla les portes à l’arrière et, à ce moment-là, Reid réalisa amèrement ce qu’il venait de faire. Il était entré dans une voiture avec trois hommes armés sans aucune idée d’où il se rendait et une très vague idée que qui il était censé être. Duper Yuri n’avait pas été très difficile mais, maintenant, il l’emmenait rencontrer son boss… Allaient-ils découvrir qu’il n’était pas celui qu’il avait prétendu être ? Il refoula son envie de bondir en avant, d’ouvrir la portière et de sauter hors de la voiture. Il n’y avait aucune issue possible, du moins pas pour le moment. Il devrait attendre qu’ils arrivent à destination, et il espérait être encore en un seul morceau à ce moment-là.

      Le SUV se mit à rouler dans les rues de Paris.

      CHAPITRE SIX

      Yuri, qui avait été si causant et si enjoué dans le bar, resta anormalement silencieux durant tout le trajet. Il ouvrit un compartiment à côté de son siège et en sortit un vieux livre usé à la couverture déchirée : Le Prince de Machiavel. Le professeur qui sommeillait en Reid faillit se moquer à haute voix.

      Les deux gorilles restaient assis en silence, face à lui, leurs yeux dirigés droit devant eux, comme s’ils voulaient percer des trous à travers Reid. Il mémorisa rapidement leurs caractéristiques : l’homme de gauche était blanc, chauve, avec une moustache brune et des yeux ronds. Il portait un TEC-9 sous l’épaule et un Glock 27 niché dans un étui à sa cheville. Une pâle cicatrice irrégulière sur son sourcil gauche suggérait un vilain rafistolage (assez similaire certainement à celle que Reid aurait après son intervention de fortune à la super glue). Il n’aurait pas su dire quelle était sa nationalité.

      Le second avait le teint un peu plus sombre, avec une grosse barbe négligée et un embonpoint de taille. Son épaule gauche semblait légèrement affaissée, comme s’il favorisait sa hanche opposée. Lui aussi avait un pistolet automatique caché sous un bras, mais pas d’autre arme que Reid puisse distinguer.

      Il pouvait néanmoins voir une marque sur son cou. La peau était rose et plissée, légèrement boursouflée d’avoir été brûlée. C’était la même marque qu’il avait vue sur la brute arabe dans le sous-sol de Paris. C’était une sorte de lettre, il en était certain, mais pas une qu’il puisse reconnaître. Le moustachu ne semblait pas avoir de marque, bien que la plupart de son cou soit caché sous sa chemise.

      Yuri ne l’avait pas non plus, du moins pas à la connaissance de Reid. Le col de la veste en daim du serbe remontait haut. C’est peut-être le symbole d’un statut, pensa-t-il. Quelque chose qui doit être gagné.

      Le conducteur engagea le véhicule sur l’A4, quittant Paris et se dirigeant au nord-est en direction de Reims. Les vitres teintées rendaient la nuit encore plus noire. Une fois quittée la Ville des Lumières, il fut difficile pour Reid de trouver des repères. Il devait se fier aux panneaux routiers pour savoir vers où ils se rendaient. Le paysage s’était peu à peu transformé, passant des zones urbaines lumineuses à une topographie paresseuse et bucolique, l’autoroute s’étendant lentement avec les terres et les fermes de chaque côté.

      Au bout d’une heure de route dans le silence le plus complet, Reid se râcla la gorge. “C’est encore loin ?” demanda-t-il.

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