La Pire Espèce. Chiara Zaccardi
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Название: La Pire Espèce

Автор: Chiara Zaccardi

Издательство: Tektime S.r.l.s.

Жанр: Ужасы и Мистика

Серия:

isbn: 9788873044697

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СКАЧАТЬ les problèmes ont commencé.

      Sachant que ses parents vivaient à l’étranger et avaient une situation stable, elle était sûre d’aller avec eux, comme toujours. Au fond, elle était d’accord : le nouveau et coûteux lycée qui l’attendait était classe et sélect contrairement au préfabriqué gris et fade du quartier.

      Donc, elle en a parlé avec enthousiasme à ses grands-parents, qui se sont limités à un échange de regard préoccupé, et qui lui ont conseillé d’appeler ses parents.

      Au téléphone, elle a appris toute la vérité : sa mère a été licenciée il y a plus d’un an, elle n’a plus de beaux vêtements, plus de bonnes relations et vit grâce au salaire de cuisinier de l’insupportable nouveau mari. Les affaires de son père n’ont pas marché aussi bien qu’il l’avait prévu, et il a été contraint de lui expliquer qu’il ne pouvait pas rester plus longtemps à écouter les caprices d’une adolescente gâtée alors qu’il a une deuxième famille à nourrir.

      À cet instant-là, Juliette a été prise de panique. Okay, ce n’était pas vraiment l’école en elle-même qui l’importait, mais le fait qu’elle ne pouvait pas laisser tomber les seules personnes avec lesquelles elle se sentait bien. Elle n’a jamais essayé d’élargir son cercle social, parce qu’elle n’en voyait pas l’utilité et qu’elle n’en ressentait pas le besoin, alors elle n’arriverait jamais à commencer une nouvelle année toute seule, dans un lieu aussi grand, rempli d’inconnus.

      Comme elle ne sait pas tenir sa langue, avant d’appeler ses parents, Matt et Will se sont inscrits à la Kennedy High School sachant, comme elle avait dit, qu’elle les aurait suivis. Par conséquent, contrairement à ce que son père lui a ordonné, elle n’a eu d’autre option que de s’agripper à la jupe de sa grand-mère et de commencer vraiment à faire des caprices. Elle l’a implorée pendant des jours, elle a crié, disant que si elle n’y allait pas elle passerait ses plus horribles années. En définitive, elle savait que l’argent, ils ne l’avaient pas, mais il devait bien exister une autre solution. Et elle, elle voulait, elle devait la trouver.

      La grand-mère, qui n’était pas indifférente à ses supplications et à ses plaintes, contrairement à son père, a trouvé une solution par la suite. Elle connaissait le gardien de l’école privée, alors elle l’a supplié de parler avec le directeur pour expliquer le cas de sa petite-fille. Elle a évité de mentionner la carrière scolaire de Juliette, car dans bon nombre de matières, soit elle n’a jamais été très forte, soit elle n’a jamais été vraiment intéressée. En revanche, elle a longuement parlé de sa situation familiale.

      L’affaire a été réglée à la façon d’une chaîne de Saint Antoine : le gardien devait une faveur à la grand-mère, et le directeur, en plus d’avoir un sérieux penchant envers ceux que l’on appelle les cas sociaux, devait une faveur au gardien. Juliette a été satisfaite grâce une bourse d’études particulière, créée spécialement pour elle.

      Durant tout l’été, elle a été sur un petit nuage, heureuse de pouvoir commencer le lycée avec ses amis au sein d’un établissement prestigieux, sans que rien ne change.

      Erreur.

      Les choses changent. Un peu, parce que la vie est comme ça et que tout change en permanence, un peu à cause de cette stupide loi de la nature selon laquelle les meilleures choses ont une fin.

      C’est pourquoi, la première année à la Kennedy s’est révélée être sans aucun doute la pire de sa carrière scolaire.

      Will et Matt ont rencontré d’autres filles et ont commencé à se désintéresser complètement d’elle. Juliette espérait qu’entre elle et Matthew pourrait naître quelque chose depuis qu’il l’avait embrassée sur la joue, en CM2. Ses attentes sont parties en fumée dès qu’il a commencé à sortir avec d’autres filles, dont certaines étaient même plus vieilles que lui.

      Elle s’est sentie trahie et dupée par ses propres sentiments. Mais le pire a été sans aucun doute William : il a toujours eu le défaut de se moquer d’elle, mais ses blagues sont devenues de véritables coups de poignard après avoir appris la recommandation qu’elle avait obtenue pour réussir à entrer dans l’école. Elle n’a jamais su d’où venait la fuite, mais une chose est sûre, c’est que c’est grâce à Will qu’un bon nombre de garçons ont commencé à se moquer d’elle, à l’exclure de leurs groupes ou à l’appeler pouilleuse.

      Juliette s’est énervée, jusqu’à proférer contre eux des choses ignobles, et c’est comme ça que leur amitié s’est détériorée. Les rapports sont restés assez bons uniquement avec Matthew. Juliette se souvient qu’une ou deux fois il s’est même battu pour que certains mecs obstinés arrêtent de la torturer. Matthew est fort, mais Will est son complice et elle, elle est remplacée par Rich, le nouvel ami avec qui ils peuvent parler de choses d’“ hommes ”.

      Tout ça pour dire que, ce qu’elle craignait le plus, malgré ses efforts et le soutien de sa grandmère, est tout de même arrivé : elle s’est retrouvée seule.

      C’est arrivé progressivement et non par sa faute. Elle, elle est restée la même. Les autres, non.

      Elle a essayé de regarder autour d’elle et de rencontrer d’autres personnes avec qui sortir et s’amuser, mais à ce stade du semestre les groupes s’étaient déjà formés et elle en a été exclue car elle a perdu trop de temps à courir après ces deux ingrats. En plus, elle a découvert qu’elle a très peur des gens. Sa pathologie consiste en une timidité paranoïaque mélangée à une très faible estime de soi, qui l’empêche de s’approcher de quelqu’un sans rougir ou s’embarrasser.

      À quinze ans, elle s’est retrouvée mal dans sa peau, sans amis, cataloguée comme loseuse et peu attrayante. Bien sûr, en théorie, elle savait quelles sont les règles pour l’être : les bons vêtements, le maquillage, le comportement. Elle lisait sans cesse les magazines de mode pour ados, mais elle n’arrivait jamais à appliquer les conseils qui étaient écrits. Les coiffures proposées ? Ça ne lui allait pas à elle. Les cosmétiques et les dernières tendances mode ? Trop chers. Les scénarios attrape-copain ? Absurdes et irréalisables.

      Finalement, elle a arrêté de lire, convaincue que ce monde-là n’était pas fait pour elle. Elle aurait eu besoin des conseils d’une personne en chair et en os, mais la seule disposée à lui en donner était sa grand-mère, pas fiable du tout : pour elle, sa petite-fille est toujours parfaite.

      Pendant quelques temps, sa compagnie lui a convenu, au moins pour se tenir à l’écart de l’école. Jusqu’à ce qu’elle devienne, elle aussi, un problème, alors Juliette a regretté ne pas être confortablement restée à l’école publique.

      Oui, parce que même si les élèves paient, l’enseignement et la progression scolaire à la Kennedy ne sont pas simples. Le père de Matthew a raison lorsqu’il dit qu’elle offre de meilleurs bases et des enseignants plus qualifiés que dans les écoles publiques, mais pour elle, ça signifie seulement avoir de mauvaises notes, passer ses journées à pleurer sur des livres qu’elle ne comprenait pas et assister continuellement à des cours de rattrapages. Certains matins, elle voulait ingurgiter un somnifère puissant et dormir, sans préoccupations ni devoirs en classe, jusqu’au diplôme.

      Maintenant qu’elle est en dernière année, elle croyait s’être désormais habituée aux ennuis quotidiens, et pouvoir vivre avec encore quelques temps, pour pouvoir ensuite débarquer à l’université ou trouver un travail, et tout recommencer.

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