La Pire Espèce. Chiara Zaccardi
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Название: La Pire Espèce

Автор: Chiara Zaccardi

Издательство: Tektime S.r.l.s.

Жанр: Ужасы и Мистика

Серия:

isbn: 9788873044697

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      La scène est nettoyée. Même sans explications, il était possible de la visualiser mentalement par un simple retour en arrière. La camionnette a identifié la propriété, elle l’a menacée par sa présence. Le bruit du moteur a attiré l’attention. La femme, la vieille, s’est traînée dehors, s’appuyant sur une canne, et a ouvert la porte. Même si elle ne l’avait pas ouverte, cela n’aurait rien changé.

      Elle a ouvert la porte mais elle n’a pu prononcer aucun son.

      Elle a ouvert la bouche pour essayer. Lentement.

      Très lentement.

      Son cerveau n’a même pas eu le temps d’enregistrer l’approche rapide des pas, ni le mouvement du bras, ni le bâton arraché à ses doigts.

      La femme a ouvert la bouche et le bâton lui est sorti de l’autre côté de la tête.

      Le cerveau s’est déconnecté du corps et les yeux se sont arrêtés sur l’écran vide d’une vie interrompue.

      Les jambes ont fléchi. Le cadavre est tombé. Le bâton est le premier à être tombé à terre, il s’est encastré dans un angle, puis le cou de la femme s’est brisé en un seul bruit.

      Le cadavre a été déplacé à coups de pied puis ignoré. La porte a été refermée.

      Le vieux, le mari du cadavre, se trouvait dans le salon. Il regardait dans le vide devant lui, léthargique. L’endroit empestait déjà le moisi et la décomposition.

      Il n’y avait évidemment pas besoin d’un deuxième effet surprise.

      Ils sont restés là un moment, les yeux dans les yeux.

      Aucune réaction, aucun son.

      Juste une faible respiration.

      Cela a été difficile, presque compliqué, d’y trouver un minimum d’amusement.

      L’amusement a consisté en une espèce de vivisection facile et ennuyeuse, ponctuée d’exclamations rauques et bestiales que l’on ne pouvait identifier comme étant humaines. La chair protestait par de simples convulsions. Le reste n’était déjà plus là.

      Une faveur, plus qu’un homicide.

      Un hors-d’oeuvre sans saveur.

      La corvée, c’est de devoir nettoyer le lieu du sacrifice.

      Il n’y a aucun signe de contestation.

      À chacun sa tâche.

      Ils se mettent au travail.

      Il y a différentes choses à terminer, des parties à revoir. Le plan doit se dérouler de façon précise.

      Le soleil se couche, mais rien ne presse. Ils continueront dans le noir.

      Ils répètent par coeur les actions à suivre.

      Et, repenser à tout ça est jouissif : décider du destin d’êtres humains innocents appartient aux élus. Aux dieux.

      Un bruit de pneus s’introduit dans leur conversation.

      Ils observent par la fenêtre.

      Les yeux se plissent.

      En signe de rejet.

      Non, ils n’attendaient pas d’autres visites.

      JULIETTE

      LUNDI 11 MARS

      Elle se suicidera cette nuit.

      Elle n’a pas de raisons particulièrement graves de le faire, ni de particulièrement valables. Elle sait simplement que pour elle, ce sont de bonnes raisons.

      Le rose est la couleur préférée de sa grand-mère. Et, donc, aussi la sienne. Ça ne pourrait pas être autrement. Juliette est très proche de ses grands-parents. Ils ont pris soin d’elle lorsqu’elle avait dix ans, au moment où ses parents ont divorcé. Juliette n’aime pas en parler. Mais, elle se souvient parfaitement.

      Ses parents ont toujours plus prêté attention à leurs carrières plutôt qu’à leur relation, et finalement, c’est cette dernière qui a fini par céder. Sa mère a déménagé à Paris pour travailler dans la haute couture, alors que son père, un homme d’affaires, a fini à Moscou. Ils se sont construit deux nouvelles vies et deux nouvelles familles, dans deux nouveaux pays. Juliette s’est sentie être l’unique chose restante de cette ancienne vie.

      Elle a essayé d’aller vivre avec les deux. Et, avec les deux, les résultats ont été mauvais. À Moscou, elle a trouvé que la nouvelle copine de papa était très jolie, tellement belle, jeune et blonde si bien qu’elle avait l’impression d’avoir une soeur, plus qu’une adulte, mais, malgré la grandeur majestueuse de la ville, elle n’a pas du tout réussi à apprécier autant le climat glacial et la langue, difficile à apprendre. Alors, elle est allée chez sa mère. Elle a découvert que le français est plus facile, qu’elle peut rencontrer des stylistes et avoir de magnifiques vêtements, que Paris est une ville romantique, remplie de restaurants et d’artistes. Cela aurait été un cadre de vie parfait, s’il n’y avait pas eu le nouveau et insupportable mari français, constamment méchant et agacé par sa présence.

      Finalement, Juliette a fui les deux et, prétextant l’envie de voir ses grands-parents, elle est rentrée aux États-Unis. Chez ses grands-parents, elle a ressenti quelque chose qu’elle n’avait pas trouvé, ni à Moscou, ni à Paris : elle se sentait chez elle. Donc, quand ils lui ont demandé de rester, elle a accepté. Elle a été contente de pouvoir continuer à aller à la même école, celle où elle a toujours été, sans avoir à connaître une autre manière de parler ou d’autres enfants, et puis elle a été contente de pouvoir vivre à Cles, la petite ville rassurante où elle est naît.

      Surtout, elle était reconnaissante de tout l’amour qu’elle recevait. Les petites attentions, les cadeaux, les discussions devant une tasse de chocolat hypercalorique, les jeux n’avaient jamais fait partie du mode éducatif de ses parents. Alors que, pour ses grands-parents, ces attentions étaient normales et elles lui ont permis d’avoir une enfance parfaite.

      C’est bon d’avoir deux personnes si proches et dévouées à prendre soin d’elle.

      Maintenant, elle voit sa mère deux fois par an, au moment des fêtes, toujours accompagnée de son copain ; papa, lui, téléphone, quelques fois, mais il est toujours très occupé. Voyager loin coûte cher, et elle s’est habituée à être sans eux.

      Tout s’est toujours bien passé. Jusqu’à hier.

      Elle soupçonne William et Matthew d’en être responsables. Ces deux-là ont toujours été ses meilleurs amis, les seuls qu’elle connaît depuis l’école primaire. Ils ont toujours joué ensemble, suivi les cours ensemble, fait les devoirs ensemble. Ils ont toujours été tous les trois. Les autres garçons étaient seulement de passage. Elle ne s’est jamais liée d’amitié avec les filles. Elle s’en moquait, elle croyait, de toute façon, qu’être avec eux lui suffisait. Puis, la dernière année СКАЧАТЬ