Название: Aristophane; Traduction nouvelle, tome second
Автор: Аристофан
Издательство: Public Domain
Жанр: Драматургия
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Puisses-tu crever, imbécile, avec un pareil langage!
Ne vas-tu pas te sauver? Décampe vite! Gare les coups!
Si mon père ne met pas fin à tes insultes…
Ah, mais! Est-ce que tu ne t'envoles pas ailleurs en foudroyer de plus novices?
Nous défendons aux dieux, issus de Zeus, de traverser désormais notre ville, et aux mortels de leur envoyer par ici la fumée.
Il est étrange que le héraut envoyé par nous aux mortels ne soit pas encore de retour.
O Pisthétæros, ô le fortuné, ô le très sage, ô le très illustre, ô le très sage, ô le très charmant, ô le trois fois heureux, ô… souffle-moi donc.
Que dis-tu?
D'une couronne d'or, pour ta sagesse, te couronnent et t'honorent tous les peuples.
Je l'accepte. Et pourquoi les peuples me font-ils cet honneur?
O fondateur d'une très illustre ville aérienne, tu ne sais pas quelle vénération elle te procure parmi les hommes, et combien tu as de gens passionnés pour ce pays. En effet, avant que tu eusses fondé cette ville, tous les hommes avaient alors la lakonomanie, on laissait croître les cheveux, on jeûnait, on était sale, on sokratisait, on portait des bâtons; aujourd'hui on a changé de mode, on a l'ornithomanie, on se plaît à faire tout à l'instar des oiseaux: et d'abord, dès la pointe du jour, tout le monde déniche, comme nous, pour aller à la pâture; puis on vole droit aux affiches, on y dévore les décrets. L'ornithomanie est si forte, qu'un grand nombre d'entre eux ont pris des noms d'oiseaux. Perdrix est le nom d'un marchand de vin boiteux; Ménippos s'appelle hirondelle; Opontios le borgne, corbeau; Philoklès, alouette; Théagénès, oie-renard; Lykourgos, ibis; Kæréphôn, chauve-souris; Syrakosios, pie; Midias, caille; et c'est bien son nom, car il ressemble à une caille frappée d'un rude coup sur la tête. Tous, dans leur passion pour les oiseaux, se mettent à gazouiller des chansons, où il est question d'hirondelle, de sarcelle, d'oie, de colombe, et puis des ailes ou, pour le moins, un peu de plumes: voilà ce qui se passe là-bas. Je ne te dis plus qu'une chose, c'est que plus de dix milliers d'hommes viennent de là-bas ici te demander des plumes et des serres recourbées; il faut donc que tu t'en procures pour tous ces émigrants.
Nous n'avons donc, de par Zeus! qu'à nous mettre à l'oeuvre. Toi, va au plus vite remplir d'ailes tous les paniers d'osier et toutes les corbeilles; que Manès m'apporte ici les ailes, et moi je recevrai les arrivants.
Avant peu on pourra saluer cette ville du nom de populeuse.
Pourvu que la Fortune soit favorable.
Les coeurs sont épris de ma cité.
Apporte donc vite.
Que manque-t-il à cette ville pour en rendre le séjour agréable à l'homme? La Sagesse, l'Amour, les divines Kharites, le doux visage de l'aimable Paix.
Quelle lenteur à servir! Tu ne peux donc pas te presser davantage?
Qu'on apporte vite un panier d'ailes! Et toi, presse-le de nouveau, en le frappant, comme je fais: il est tout à fait lent comme un âne.
Oui, Manès est un paresseux.
Toi d'abord, mets ces ailes en ordre: les musicales ensemble, puis les prophétiques, et enfin les marines. Ensuite, d'une façon intelligente, tu verras à donner à chaque homme les plumes qui lui conviennent.
Par les crécerelles! je ne supporterai plus de te voir ainsi paresseux et lent!
Que ne suis-je l'aigle qui plane dans les airs, pour voler au-dessus des flots d'azur de la plaine stérile!
Le messager n'était point, à ce qu'il semble, un faux messager. Voici un homme qui s'avance en chantant des aigles.
Ah! il n'est rien de plus doux que de voler. Moi, j'aime les lois des oiseaux: j'ai l'ornithomanie, et je vole, et je veux habiter parmi vous, et je suis passionné pour vos lois.
Quelles lois? Car les oiseaux ont beaucoup de lois.
Toutes; mais surtout celle qui trouve beau chez les oiseaux d'étrangler et de mordre son père.
En effet, de par Zeus! nous regardons comme tout à fait brave de battre son père, quand on n'est encore que poussin.
Voilà pourquoi je viens habiter ici, parce que je désire étrangler mon père et avoir tout son bien.
Mais il y a aussi chez nous autres oiseaux une loi antique, inscrite sur les colonnes des cigognes: «Quand le père cigogne a nourri ses petits, et qu'il les a mis en état de voler, les petits, à leur tour, doivent nourrir leur père.»
De par Zeus! j'ai fait une jolie affaire en venant ici, s'il me faut encore nourrir mon père!
Pas du tout; puisque tu es venu ici, mon cher, avec tant d'empressement, je vais t'emplumer comme un oiseau orphelin. Et d'ailleurs, jeune homme, je ne te donnerai pas un mauvais conseil, mais un bon, que j'ai reçu jadis, étant enfant: «Ne frappe pas ton père.» Puis, d'une main prends cette aile, de l'autre ces ergots: figure-toi que tu as une crête de coq, monte la garde, fais la guerre, vis de ta solde, et laisse vivre ton père… Seulement, puisque tu as l'humeur belliqueuse, prends ton vol vers la Thrakè, et combats.
Par Dionysos! je trouve que tu parles bien, et je t'obéirai.
Tu agiras sensément, j'en prends Zeus à témoin.
Je prends l'essor vers l'Olympos sur mes ailes légères: dans mon vol je parcours, l'une après l'autre, les routes de la mélodie.
Voilà une occupation qui réclame une cargaison d'ailes.
D'un esprit et d'un corps intrépides, j'en cherche une nouvelle.
Nous saluons Kinésias, l'homme-tilleul. Pourquoi venir ici, clopin-clopant, sur ton pied bot?
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